Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/Ami du Roi (L’), journal ultra-royaliste

Administration du grand dictionnaire universel (1, part. 1p. 273).

Ami du Roi (L’), journal ultra-royaliste, fondé vers le milieu de 1790 par les continuateurs de Fréron, et qui n’était en quelque sorte que la transformation de l’Année littéraire. Le prospectus portait cette épigraphe : Pro Deo, rege et patria, et annonçait la prochaine publication d’un journal quotidien qui aurait pour titre : L’Ami du Roi, des Français, de l’Ordre et surtout de la Vérité. Le premier numéro de l’Ami du Roi parut le 1er juin 1790. Le journal fut d’abord rédigé conjointement par l’abbé Royou et Montjoye, puis par l’abbé Royou et son frère, à partir du 1er septembre 1790 jusqu’au 4 mai 1792, tandis qu’en même temps Montjoye publiait une feuille portant le même titre, depuis le 1er septembre 1790 jusqu’au 10 août 1792. Mais pour nous l’Ami du Roi se personnifie dans l’abbé Royou, comme l’Ami du peuple dans Marat. Royou, en effet, ne surpassait pas Montjoye en talent, mais il le surpassait de beaucoup en violence. C’est là, c’est dans la situation des esprits, qu’il faut chercher surtout l’explication de son succès. Royou était et se montrait à la fois aristocrate exalté et prêtre fanatique. À ce double titre, sa feuille devait être recherchée par la noblesse aussi bien que par le clergé ; et comme elle parlait toujours aux passions, que nulle autre ne s’exprima avec autant de violence contre les hommes et les institutions de la Révolution, elle obtint sans peine les prédilections de toute l’aristocratie. Aussi le journal de Royou ne cessa-t-il d’être appuyé par la cour et les ministres jusqu’à la fuite du roi. Tous les jours, il redoublait ses attaques, laissant percer à chaque ligne l’espoir que les puissances étrangères et les émigrés viendraient bientôt mettre en pièces la charte de rébellion, accablant des invectives les plus grossières les hommes de la Révolution, et appelant sur la tête de ces forcenés une prompte et terrible vengeance. L Assemblée nationale s’émut enfin de ces provocations insolentes, et, dans sa séance du 3 mai 1792, Royou fut décrété d’accusation. Il mourut quelques semaines après.