Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/Actéon

Administration du grand dictionnaire universel (1, part. 1p. 81-82).

ACTÉON personnage mythologique, fils d’Aristée et petit-fils de Cadmus. Élevé par Chiron, il devint le plus grand chasseur de son temps. Il était toujours accompagné de cinquante couples de chiens. Ayant surpris Diane au bain, il fut métamorphosé en cerf par la déesse et aussitôt dévoré par ses propres chiens. Le sort de l’indiscret chasseur se représente souvent à la mémoire des écrivains, qui y font de fréquentes allusions :

« On n’a peut-être qu’un défaut à reprocher au cerf, la violence de ses passions. Le cerf n’a pas assez médité, j’en conviens, la leçon de discrétion infligée par la chaste Diane au chasseur Actéon ; mais je me demande qui est parfait en ce monde. Samson, Hercule et M. de Turenne étaient de nobles héros, et l’amour aussi les perdit. L’amour est la passion des grands cœurs. »           Toussenel.

« Au dernier coup de cloche, toutes ces femmes se déshabillent et entrent dans l’eau. Alors ce sont des cris, des rires, un tapage infernal. Du haut du quai, les hommes contemplent les baigneuses, écarquillent les yeux, et ne voient pas grand’chose. Cependant ces formes blanches et incertaines qui se dessinent sur le sombre azur du fleuve font travailler les esprits poétiques, et, avec un peu d’imagination, il n’est pas difficile de se représenter Diane et ses nymphes au bain, sans avoir à craindre le sort d’Actéon. »     Mérimée.

« Pauvre Byron ! de si pures jouissances te furent refusées ! Ton cœur était-il donc corrompu à ce point que tu n’as pu que voir la nature et seulement la peindre ? Ou bien Bishy Schelley a-t-il raison quand il dit que tu as surpris la nature dans sa chaste nudité, et que, pour ce crime, tu fus, comme Actéon, déchiré par tes chiens ? »      Henri Heine.

Actéon, opéra-comique en un acte, paroles de Scribe, musique d’Auber, représenté en 1836. Cette partition, quoique inférieure à d’autres plus populaires du même maître, renferme plusieurs morceaux fort élégants et remarquables à divers titres, entre autres l’air : Il est des époux complaisants ; la romance : Jeunes beautés, charmantes demoiselles, et le quatuor : Le destin comble mes vœux. Mme Damoreau excitait l’enthousiasme général lorsqu’elle chantait la Sicilienne, qui est un chef-d’œuvre de grâce et de finesse dans ce petit acte.