Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/Abd'-al-latif (supplément 2)

Administration du grand dictionnaire universel (17, part. 1p. 9).

* ABD'-AL-LATIF (Serviteur du Dieu bienveillant), savant arabe, né k Bagdad eu 1162 de notre ère (557 de l’hégire), mort dans la même ville en 1231.— Sa généalogie, ses titres et ses noms complets sont : le cheik, t’iman très distingué Mowoffik-ed-din-Abou-Mohammed Abd-al-Latif, fils de Yousouf, fils de Mohammed, fils d’Ali, fils d’Abou-Suïd, et il est particulièrement connu sous le nom d’Ein-Aiiab«d (le Fils du marchand de feutre). Sa jeunesse, extraordinairement laborieuse, s’écoula à Bagdad, où il étudia la grammaire, 1» jurisprudence, la chimie, la poésie, la science des traditions et des textes sacrés. Quand il crut n’avoir plus rien à y apprendre (1189), il partit pour Mossoul, où il fut professeur au collège Moalloka et à l’école Dar-Alhadith. Il ne demeura qu’un an dans cette ville, visita successivement Damas, Jérusalem, le Caire, et se rendit enfin au camp de Saladin, devant Aeea. Ce prince devint son protecteur et, à partir de cette époque, le savant toucha de lui ou de ses enfants une pension mensuelle de 100 pièces d’or, sans compter les fournitures de denrées en nature. Abd-al-Latif, qui avait l’humeur voyageuse, repartit bientôt pour le Caire ; il y fut témoin de la peste et de la famine qui désolèrent l’Égypte de 1200 à 1201, et sur lesquelles il donna d’émouvants détails dans sa Relation de l’Égypte. En 120", il revint k Damas. C’est durant son second séjour dans cette ville qu’il se consacra avec ardeur aux sciences médicales. Célèbre jusqu’alors comme grammairien, il ne tarda pas à acquérir comme médecin une égale réputation, et de nombreux disciples se groupèrent autour de lui. De Damas, Abd-al-Latif se rendit à Alep, où il continua l’enseignement de la médecine et de diverses autres sciences. Il entreprit en dernier lieu le pèlerinage de La Mecque et voulut passer par Bagdad qu’il avait quitté depuis quarante-cinq ans ; mais il tomba malade dans sa ville natale et s’y éteignit le premier jour de la semaine douze de inoharram 629 (8 novembre 1231).

Abd-al-Latif a composé un nombre considérable d’ouvrages, tels que le Recueil des termes obscurs employés dans les traditions, et un abrégé de ce même travail sous le titre de Modjarrad ; Traité sur l’article al et sur la particule robba ; Traité sur l’essence de Dieu et sur ses attributs essentiels, etc. Ibn-Akiou-Ossaybieh cite les titres de 136 écrits d’Abd-al-Latif, dont un quart environ consacré k la médecine. Voici deux pensées extraites des œuvres de cet auteur : » Ne vous élevez pas vous-même au point de vous rendre insupportable ; mais gardez-vous aussi de vous abaisser au point qu’on vous méprise et qu’on ne tienne pas compte de vous. •-Si le monde et ses biens s’éloignent de


vous, ne vous en affligez pas ; car si vous jouissiez de sa faveur, il vous détournerait dfi l’acquisition des vertus et des belles connaissances. » Mais ce qui a surtout porté jusqu’à nous le nom et la célébrité de ce savant, ce sont ses études sur l’Égypte. Il a composé deux ouvrages sur cette contrée. Djns lo premier, divisé en treize livres, l’auteur avait condensé non seulement ce qu’il avait vu ou appris de ce pays, mais encore tout ce que ; les anciens en avaient dit ; son titre soûl, Description de l’Égypte, nous est parvenu. Le second ouvrage, abrégé du précédent, avait été intitulé par Abd-al-Latif : Considérations utiles et instructives tirées des choses que j’ai vues et des événements dont j’ai été témoin en Égypte. Il est divisé en trois parties. Dans la première sont étudiés la situation et le climat de l’Égypte, sa flore et sa faune comme nous dirions aujourd’hui, ses monuments antiques, etc. ; la seconde traite du Nil et de ses crues ; la troisième donne des détails saisissants sur l’épidémie et la famine qui firent périr tant d’Égyptiens dès le début du sur* siècle. Pocoke en commença la traduction latine, mais mourut avant de l’avoir achevée ; Hyde et Hundt ne menèrent pas non plus cette entreprise à bonne fin ; néanmoins il existe aujourd’hui plusieurs éditions da cet ouvrage. Les principales sont : Relation de l’Égypte, édition da Paulus (Tubingue, 1789) ; édition arabe-latine de White (Oxford, 1800, in-4<>), édition arabe-latine de Mousley (Oxford, 1808, in-4<>) ; édition française de Silvestre de Sacy, la plus complète de toutes (Paris, 1810, in-4<>).