Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/Abbatucci 1771 (charles) général français (supplément 2)

Administration du grand dictionnaire universel (17, part. 1p. 7).

* ABBATUCCI (Charles), général français, le second et le plus célèbre des quatre fils de Jacques-Pierre Abbatueci, né à Zicavo, en Corse, le 15 novembre 1771, mort le 2 décembre 1796. — A l'âge de 15 ans, il entra à i’école militaire de Metz, et en sortit quelques mois après avec le grade de SOUs-lieutenant dans l’artillerie k pied. Nommé capitaine, il passa dans l’artillerie k cheval. Ses actions d’éclat, pendant la campagne de 1792, lui valurent le grade de lieutenant-colonel. Devenu aide de camp du général Pichegru, Abbatueci prit une part glorieuse aux combats du Cateau-Cambrésis, de Landrecies et de Menin (1794). Après la défaite du général Clairfayt à Hooglede, il fut nommé adjudant général, et c’est en cette qualité qu Abbatueci se distingua, par tant de bravoure, au premier passage du Rhin, qu’il y gagna le grade de général de brigade. Ce fut lui qui tira sur les bords du fleuve les premiers coups de canon qui ouvraient la campagne d’Allemagne.

Le Rhin franchi, Abbatueci, qui faisait partie del’avant-garde de l’armée de Rhin-et-Moselle commandée par le général Moreau, ne cessa de combattre heureusement ; sa marche de Rastadt k Augsbourg fut une suite de succès. À Kamlach (13 août 1796), ses troupes se heurtèrent contre une division de l’armée ennemie, composée d’émigrés que commandait le prince de Condé. Un combat terrible s’engagea, au milieu d’une obscurité profonde ; la victoire resta à l’intrépide Abbatueci.

Après cet engagement, le corps qu’il commandait se réunit k l’armée qui avait pénétré en Bavière sous les ordres de Moreau. Au corabatdeFriedberg (24 août) ce fut lui qui, au péril de sa vie, entraîna les bataillons au passage du Lech et mit les Autrichiens eu déroute en leur enlevant leur artillerie.

Le 80 août, Abbatueci chassait de Mosach les avant-postes ennemis établis sur la rive droite de 1 Isar et refoulait les troupes du général Deway jusqu’aux portes de Munich. La route devienne semblait ouverte, lorsque de mauvaises nouvelles arrivèrent de l’armée


de Jourdan. Moreau crut prudent de battre en retraite ; le poste périlleux d’arrièregarde, confié k Abbatueci, lui donna lieu de déployer ; encore sa brillante valeur.

Près de Neubourg, il protégea, par un combat opiniâtre, la retraite de 1 armée française et culbuta les régiments du prince de Condé ; il fut promu général de division pour sa belle conduite.

En rentrant en France par Huningue, Moreau choisit Abbatueci pour se maintenir dans la tête de pont de cette place. Le premier soin de celui-ci fut de réparer cet important ouvrage, construit primitivement d’après les dessins et sous la direction de Vau-Dan, mais qui avait été démantelé après le traité de Bade. Les travaux n’étaient pas encore terminés, lorsque le prince de Furstemberg vint investir la place. Le général autrichien proposa k Abbatueci de rendre la ville avec des conditions honorables : Gagnez-lai, répondit laconiquement le jeune officier français. La tête du pont fut emportée par le prince, après une attaque formidable. Abbatueci se réfugia dans l’ouvrage à cornes, qu’il quitta bientôt pour reprendre l’offensive, chasser les Autrichiens et sauver la place. Il paya ce glorieux succès de sa vie ; blessé mortellement, il expira peu après à Blotzheim, dans sa vingt-sixième année (£ décembre 1796).

Officier de la plus grande espérance, il était aussi recommandable par ses qualités morales que par ses talents militaires. Marceau et lui mouraient k peu près au même âge et à la même époque. Les alliés détruisirent, en 1815, l’humble monument que Moreau avait fait élever k la place où était tombé Abbatueci ; mais une statue, produit d’une souscription nationale, fut élevée au jeune héros, à Ajaccio, en 1854.Cette statue est due k l’habile ci3eau de Vital Dubray.