Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/Abbas ii (supplément 2)

Administration du grand dictionnaire universel (17, part. 1p. 7).

ABBAS II, schah de Perse, ce la dynastie des Sophis (1642-1666), monta sur le trône k l'âge de dix ans.— Les ministres investis de la régence étaient, au dire des contemporains, pieux, austères, désireux d’acclimater de nouveau à la cour la moralité et la retenue dont les grands s’étaient départis sous le règne du triste Scliah-Sephi, père d’Abbas II, En dépit des prescriptions religieuses, les souverains et leurs favoris, qui auraient dû donner l’exemple des vertus, n’avaient jamais pris la peine, même sous le grand Schah-Abbas, de commander à leurs appétits, à leurs instincts ou à leurs vices :] ivrognerie avait acquis droit de cité dans le palais royal. Dès l’a-


vènement d’Abbas H, les chose»changèrent : on n’arriva plus aux emplois publics sans être foncièrement, ou en appaence, pieux, sobre, rigide, honnête. Les 'onctionnaires prévaricateurs furent révoquéi, les juges recrutés parmi les sujets répités pour leur droiture. Malheureusement, i mesure que le jeune roi grandit, il cherchai plus en plus à s’affranchir d’une tutelle gênante, et il abusa de la liberté morale iont il avait été si longtemps privé. On lui ivait interdit l’usage du vin : il s’adonna i l’ivrognerie, et cela à un tel point que, nrtureUement doux et humain, il en arriva siuvent, sous l’empire de la boisson, k comnettre les actes les plus barbares ; c’est ainsi ju’il convoquait les seigneurs à venir boire-n sa compagnie et qu’il les punissait cruellement, lorsque, après les avoir fait enivrer, il.es voyait prendre la moindre familiarité. Ce déplorables excès, qui le transformaient pr instant en un tyran dégradé et abêti par ivresse, n’étaient pas connus du peuple, qu’aimait son souverain parce qu’il ne le ju/eait que d’après sa vie publique ; et il est ortain que l’administration d’Abbas II futle nature k lui concilier toutes les sympathes. Lorsqu’il fit la conquête de Kandahir, prise autrefois par Abbas 1er, mais reorabée depuis sous la domination mogole, les paysans furent bien étonnés de voir -s ofâciers préposés à la fourniture des viTes payer convenablement ce qu’ils achetaient, ne laisser le soldat manquer de rien et Itur éviter ainsi le pillage, ce fléau jnsépanble de lu guerre. Ce fut la seule expéditioi militaire d Abbas II qui sut entretenir avef la Porte des relations pacifiques et gagmr l’alliance des Uzbeks. Les nations européennes, les princes de l’Inde et de la Tartarii accréditèrent auprès de lui des ambassadeurs. Son règne, en somme, fut heureux poufla Perse. Encouragés par son affabilité, de étrangers s’établirent en grand nombre dans un pays où leur liberté de conscience étai respectée. • C’est à Dieu, disait-il, et n-n à moi de juger la conscience des hommé et je ne me mêlerai jamais de ce qui appartint au tribunal du grand créateur — et seigneir de l’univers, » Enfin, il donna des exemplesle générosité : il renvoya avec des présents à prince de Géorgie, avec lequel il avait toujours été en termes hostiles et qui était p=r hasard devenu son prisonnier. Commeon l’a dit souvent, il ne fut injuste et méchait que dans ses heures d’ivresse ; mais cet ignoble vice ne parait pas de nature à pallierses fautes, puisque la sobriété les lui auraitépargnées. Il mourut tant des suites de ses e : cès que de celles d’une maladie honteuse en 1666, à l'âge de trente-quatre ans. Son mccesseur fut Safi-Mirza.