Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/Abbas-pacha (supplément)

Administration du grand dictionnaire universel (16, part. 1p. 10).

ABBAS-PACHA, vice-roi d’Égypte, né à Djeddah en 1816, mort en 1854. Il était petit-fils de Méhémet-Ali et fils de Tossoun-Pacha. Élevé au Caire, il reçut une éducation toute musulmane, devint un ardent sectateur de l’islamisme et fit à diverses reprises le pèlerinage de La Mecque. À la mort d’Ibrahim-Pacha (1848), qui venait d’être chargé du pouvoir, Abbas devint vice-roi d’Égypte. S’étant rendu à Constantinople pour y recevoir l’investiture d’Abd-ul-Medjid, il manifesta son antipathie contre les réformes inspirées par les idées européennes, en refusant de mettre en vigueur en Égypte le hatti-chérif de Gulhané et le tanzimat. Il finit néanmoins par s’exécuter, après avoir obtenu de la Porte l’abandon du droit de grâce relativement aux sujets égyptiens. Un de ses premiers actes, en revenant en Égypte, fut de renvoyer les Français que Méhémet-Ali avait pris à son service et d’écarter l’élément européen, qui lui inspirait une vive répugnance. Il réduisit ensuite l’effectif des troupes de terre et de mer et le nombre des fonctionnaires, ce qui lui permit de diminuer les impôts, et employa des sommes importantes en fondations musulmanes et en établissements hospitaliers. Il rejeta le projet de barrage du Nil, accepté par son prédécesseur, mais consentit à laisser établir une ligne télégraphique entre Suez et Le Caire et concéda à une compagnie anglaise le droit de construire un chemin de fer entre Le Caire et Suez. Lors de la guerre d’Orient, il envoya à Abd-ul-Medjid un corps de 25,000 hommes, qui combattit contre les Russes. Peu de temps après, Abbas-Pacha fut étranglé par deux mameluks. C’était un prince cupide, violent, intempérant, qui préférait au séjour des villes la vie du désert. L’acte le plus méritoire de son règne est la suppression de la chasse aux nègres que Méhémet-Ali faisait faire chaque année sur les confins de la partie méridionale de ses États.