Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/A (sans accent)

Administration du grand dictionnaire universel (1, part. 1p. 3).

A (sans accent), 3e personne du présent de l’indicatif du verbe avoir. Cette forme verbale n’est jamais marquée de l’accent grave, qui sert à distinguer la prép. à. Elle vient du lat. habet ou de l’ital. ha, et ce qui le prouve, c’est qu’anciennement on écrivait il ha : Notre langue ha cette façon. (Marot.)

— L’idée que ce mot exprime est celle de possession : Il a des richesses. (La Bruy.) Chaque homme a son génie. (Volt.) Un sot n’a que de sots amis. (Helvét.) Qui a Paris règne, qui a Paris a la France. (Cormenin.) Tout ce qui a une loi a un but. (J. Simon.)

— Par invers., le complément, qui le suit presque toujours, peut se placer avant lui : Qui terre a guerre a. (Prov.)

— Il se joint souvent aux participes passés, et alors il est verbe auxiliaire : Il y a un Dieu : donc il a créé l’homme. (Boss.) La terre a été donnée à tous, le fruit du travail est donné à chacun. (A. Martin.)

— Souvent aussi il accompagne son propre participe : Il a eu beaucoup d’ennemis.

— Il est verbe impersonnel dans les locutions Il y a, il n’y a pas, il n’y a point, il y a eu, qui sont autant de gallicismes assez difficiles à expliquer : Il y a le peuple qui est opposé aux grands, c’est la populace et la multitude ; il y a le peuple qui est opposé aux sages, ce sont les grands comme les petits. (La Bruy.) Il y a des conjonctures où l’on sent bien que l’on ne saurait trop attenter contre le peuple ; il y en a d’autres où il est clair qu’on ne saurait trop le ménager. (La Bruy.) Partout où il y a des mœurs, il y a du bonheur. (J. Simon.)

Il y a, il est. Le verbe avoir se confond très-souvent dans notre langue avec l’auxiliaire être, et ce qui le prouve jusqu’à l’évidence, c’est qu’il n’est point ou qu’il n’y a point de différence dans le sens entre ces deux locutions. On dit très-bien il est ou il y a des circonstances ; il est ou il y a des hommes qui… Voy. avoir.