Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/AMÉRIQUE — Histoire 2° Conquête et colonisation
2° Conquête et colonisation. Christophe Colomb avait donné un nouveau monde à l’ancien ; l’Amérique était trouvée. Il ne s’agissait plus que de la conquérir et de s’en approprier les richesses incomparables. Quelle pâture abandonnée à l’avidité européenne ! L’ambition voyait s’ouvrir devant elle un champ comme elle n’en avait jamais rêvé. Après la bataille, le pillage : les conquérants succédèrent aux navigateurs ; les matelots firent place aux soldats et aux aventuriers de Cortez, de Pizarre, de Balboa. On ne peut plus les chasser des lieux où ils ont posé leur pied avide, et chaque année voit s’agrandir la part de chaque nation européenne dans le démembrement du nouveau monde. Découvrir ne signifie plus que posséder. Voyons donc qui possédait, qui se partageait l’Amérique, avant la guerre de l’indépendance des États-Unis, et avant la cession de la Louisiane et de la Floride par la France ? Les Anglais avaient conquis et colonisé toute la côte orientale de l’Amérique du Nord, avec une partie des Antilles et de la Guyane. Toutefois il faut excepter la Nouvelle-Amsterdam, aujourd’hui New-York, et la vallée de l’Hudson, longtemps au pouvoir des Hollandais, dont les mœurs y sont encore reconnaissables. La France s’était créé un magnifique empire qui, partant du Saint-Laurent, de Québec et de Montréal, descendait le long de la vallée du Mississipi, s’épanouissait sur la côte septentrionale du golfe du Mexique, et rejoignait, par la Floride, nos îles magnifiques des Antilles et notre Sinnamari, autrefois si redoutable. Les Danois, venus les derniers à la curée du nouveau monde, eurent à peine le temps de saisir une petite île, admirablement placée sur le chemin du Mexique. À part le Brésil, les Portugais, d’ailleurs si occupés avec leur empire des Indes, se virent bientôt enlever leurs possessions américaines par l’Espagne, qui, la première arrivée sur le nouveau continent, sut s’y tailler la part du lion. Et cela pendant si longtemps, qu’aujourd’hui encore, si sa domination politique est évanouie, ses mœurs, sa langue, sa religion, règnent sur toute l’Amérique centrale et méridionale ; en sorte que si les descendants de Philippe II ne voient plus comme autrefois arriver dans leurs ports d’Europe les galions chargés de l’or américain, ils peuvent encore dire fièrement que le soleil ne se couche jamais sur les pays où s’étendent la domination morale et les souvenirs de l’Espagne.
Voici l’historique rapide des conquêtes faites par les diverses nations européennes sur le continent américain :
Espagnols et Portugais. Les terres américaines découvertes et conquises par ces deux peuples, passèrent si promptement de l’un à l’autre par le fait de la conquête ou des héritages, leurs navires se croisaient dans les eaux du nouvel hémisphère si souvent et à si peu d’intervalles, que nous sommes obligés, par les dates historiques, de mêler cette double histoire de navigation et de colonisation. Le pape lui-même n’avait pu parvenir à mettre de l’ordre dans les conquêtes du Portugal et de l’Espagne. « aézEn vain, il avait partagé gravement l’Amérique, comme le dit un historien, tracé du doigt une ligne sur le monde, donné à l’un des deux peuples l’Orient, à l’autre l’Occident. » La passion des conquêtes et l’esprit d’aventure empêchèrent Espagnols aussi bien que Portugais de respecter la ligne imaginaire d’Alexandre VI. L’inviolabilité des dieux Termes n’était plus qu’un vain mot pour les possessions des Européens en Amérique.
En 1499, Alonzo de Ojeda, accompagné d’Améric Vespuce, aborde à Maracapana, sur la Côte-Ferme, et reconnaît cette dernière jusqu’au cap de la Veda. En 1500, Vincent Yanez Pinçon atterrit au cap Saint-Augustin, reconnaît l’embouchure du fleuve des Amazones, et visite six cents lieues de côtes avant d’arriver à Haïti. Le Portugais Alvarez Cabral, jeté à l’ouest en se rendant dans l’Inde, est conduit sur les côtes du Brésil, qu’il reconnaît jusqu’à Porto-Seguro. En 1501, Améric Vespuce s’avance jusque dans l’océan Austral, où il découvre une terre que l’on croit être la Nouvelle-Géorgie de Cook. En même temps, Roderigo Bartidas et Juan de la Cosa parcourent, à partir du cap de la Vela, cent lieues de côtes inconnues où s’élevèrent bientôt Sainte-Marthe, Carthagène et Nombre de Dios. Le Portugal, de son côté, envoie au nord Gaspard Cortereal, qui découvre l’embouchure du Saint-Laurent, le Labrador, et entre dans le détroit d’Hudson. En 1505, Ovando soumet l’île d’Haïti. Porto-Rico est conquis en 1512 par Juan Ponce de Léon, qui, la même année, découvre la Floride, nom que les Espagnols donnèrent longtemps à toute la côte sud-est de l’Amérique du Nord. Mais ce ne fut qu’en 1539 que l’Espagne prit possession réelle, non-seulement de la Floride proprement dite, mais d’une grande partie de la Louisiane. À cette époque, un aventurier espagnol, De Soto, débarqua, à la baie de Tampa, sur la côte occidentale de la Floride ; et, après deux ans d’efforts, il finit par atteindre le Mississipi, en traversant les pays qui forment aujourd’hui les États d’Alabama, de Géorgie, du Mississipi et de la Louisiane. De Soto remonta le grand fleuve, et pénétra même à 200 milles au delà, dans les terres situées à l’ouest. Il revint mourir dans les marais du bas Mississipi, et ses compagnons retournèrent au Mexique. Dès 1565 ; cependant, l’Espagne renvoyait des troupes pour maintenir ses droits sur la Floride, en chasser les protestants français établis sur la rivière Saint-Jean, et fonder la ville de Saint-Augustin, la plus ancienne des cités américaines, le premier établissement permanent créé aux États-Unis. En 1516, Solis, dans un second voyage sur la côte du Brésil, pénètre le premier dans le Rio-de-la-Plata. Quatre ans après, en 1520, Magellan reconnaît le même fleuve, la Patagonie, et entre dans le grand Océan par le détroit qui porte son nom. En 1519, Cortez, parti de Cuba, se dirige vers le Mexique, découvert l’année précédente par Juan de Grijalva. En trois années, il soumet ce puissant empire, et parvient, en personne, d’un côté, sur les bords de la mer de Californie, à l’ouest, et de l’autre, en 1524, jusque dans le Honduras, à l’est. Par ses ordres, toute la côte du golfe du Mexique, depuis le Darien jusqu’à la Floride, est explorée par Christophe de Olide et d’autres capitaines ; la côte opposée, sur le grand Océan, est reconnue depuis le port de San-Miguel jusqu’à Colima. En même temps, Pedro de Alvarado conquiert le royaume de Guatemala ; Gonzalez Davila et Andrès Nino parcourent celui de Nicaragua, et reconnaissent le grand lac de ce nom, ainsi que sa jonction avec la mer des Antilles ; enfin, d’autres capitaines poussent au nord leur reconnaissance jusque dans le pays composant la Nouvelle-Galice. C’est à cette époque que se rattache le voyage de Gomez, qui, la même année, toucha à Terre-Neuve, et reconnut la côte du sud jusqu’au 40".
En 1525, François Pizarre envahit le Pérou, et en fait la conquête en 1531. En 1533, toute la région comprise entre Quito et Cusco avait été explorée, et en grande partie soumise. En 1535, Almagro découvre le Chili, et s’avance jusqu’à Coquimbo, tandis que Benalcazar, au nord, pénètre jusqu’aux bords de la mer des Antilles en traversant toute la Nouvelle-Grenade, que Quesada attaquait en même temps du côté opposé. En 1538, Pizarre, pour occuper les chefs placés sous ses ordres, les envoie dans diverses régions, et l’intérieur du continent qui s’étend à l’est des Andes ne tarde pas à être connu ; le haut Pérou est exploré à son tour jusqu’aux frontières du Grand-Chaco. Au nord, Gonzalès Pizarre, parti de Quito à la recherche de la province de Canela, arrive sur les bords du Napo, et est abandonné par Orellana, qui, continuant de suivre la même rivière, atteint l’Amazone, et descend ce fleuve jusqu’à son embouchure. Quelques années auparavant, en 1535, l’Orénoque avait été reconnu par Geronimo de Ortal, qui l’avait remonté jusqu’à l’embouchure du Meta. La rivière de la Plata n’était pas restée dans l’oubli : en 1535, Mendoza fonde sur sa rive droite la ville de Buenos-Ayres ; en même temps, Ayolas et Irala remontent le Parana, pénètrent dans le Rio-Paraguay jusqu’à la lagune Xarayes, et fondent sur ses bords la ville de l’Assomption. De leur côté, les Portugais posent les fondements de leur puissance au Brésil ; enfin, en 1542, Juan Rodriguez Cabrillo parvient au cap Mendocino par 37° 10′ lat. N., où il périt, laissant à son frère Barthélemy Ferrelo le soin de continuer l’expédition jusqu’au 45°, et de découvrir le cap Blanc.
Français. Vers la fin de 1523, François Ier chargea le Florentin Jean Verrazani d’explorer la côte nord américaine. Après une orageuse traversée de cinquante jours, Verrazani arriva près de Wilmington (Caroline du Nord). Il n’y trouva aucun havre favorable, malgré des recherches poussées à 150 milles au sud. En revenant vers le nord, il s’avança jusqu’à la Nouvelle-Écosse, et s’arrêta quelque temps dans les havres de New-York et de Newport, décrits l’un et l’autre dans la narration de son voyage. Jacques Cartier, envoyé encore par François Ier en 1533, découvrit le Saint—Laurent, et donna aux contrées arrosées par ce fleuve le nom de la Nouvelle-France, après y avoir fondé la première colonie que la France ait possédée en Amérique. En 1558, les Français s’établissent dans la baie de Rio-Janeiro, sous le commandement de Villegagnon ; mais les querelles intestines empêchent bientôt la colonie de se maintenir sur ce point important. Après la tentative de colonisation catholique de Villegagnon vient, en 1562, la tentative faite par les réformés français, d’après les avis de Coligny. L’un d’eux, Jean Ribault, muni d’une charte libérale octroyée par Charles IX, traverse l’Océan avec quelques coreligionnaires, et s’établit à Port-Royal, dans la Caroline du Sud. C’est en l’honneur de Charles IX que Jean Ribault appela ce pays la Caroline. Cette colonie ne vécut guère plus longtemps que celle de Villegagnon ; quelques-uns des réformés allèrent s’établir sur les bords du fleuve Saint-Jean en Floride. Ils y virent bientôt leur établissement naissant détruit par les Espagnols, qui massacrèrent les colons eux-mêmes. Quelque temps auparavant, nous posions solidement les bases de notre puissance au Canada, et, de 1635 à 1641, nous nous établissions à la Guadeloupe, à la Martinique, à la Tortue et à Saint-Domingue. En outre, c’est un Français, le navigateur Samuel Champlain, qui fut le premier homme blanc dont le pied foula le sol de New-York, aujourd’hui métropole du nouveau monde. Champlain découvrit dans l’État de New-York le lac qui porte son nom, et sur les rives duquel il livra bataille à une bande de Mohawks, qu’il défit, allumant ainsi contre les Français la haine vivace de la puissante confédération des six nations, haine à laquelle nous devrons plus tard la perte du Canada.
Anglais. Les Anglais, qui se trouvent en quelque sorte enserrés dans leur Île, et auxquels il est à peu près impossible de s’agrandir en Europe, devaient mettre merveilleusement à profit la découverte de Christophe Colomb. En 1497, le Vénitien Jean Cabot partit de Bristol, envoyé par Henri VII. Il découvrit au nord-ouest une terre qu’il longea pendant une distance de 400 lieues, abordant sur divers points pour en prendre possession au nom de l’Angleterre, Un an plus tard, son fils, Sébastien Cabot, parcourait la côte des États-Unis jusqu’à la baie de la Chesapeake, dans laquelle il pénétra. Ces deux expéditions sont les seuls titres que l’Angleterre devait invoquer un siècle plus tard, pour revendiquer la propriété de ce qui composa dans la suite les treize colonies. En 1585, Raleigh tentait de s’établir sur l’île Roanoke, dans la Caroline du Nord ; et dès 1606, Jacques Ier divisait en deux parties le territoire américain réclamé par l’Angleterre, et qui s’étendait du cap Fear à Terre-Neuve. La politique anglaise, et surtout le traité de Paris de 1763, ajoutèrent bientôt à ces possessions, déjà si considérables, les Bermudes, Nassau, la Guyane et les Antilles anglaises.
Hollandais, Suédois, Danois, Russes, Jésuites. Le 6 septembre 1609, un marin anglais, Henri Hudson, engagé au service de la compagnie hollandaise des Indes orientales, entra dans la baie de New-York, et remonta, jusqu’à Albany, le fleuve qui porte aujourd’hui son nom. Les Hollandais réclamèrent ce pays et y envoyèrent, en 1623, quelques familles pour en prendre possession. Ce ne fut qu’en 1664 que, les Anglais s’étant emparés de la Nouvelle-Amsterdam, aujourd’hui New-York, la domination hollandaise s’évanouit dans l’Amérique du Nord, et ne conserva qu’une partie de la Guyane dans l’Amérique méridionale. Les Suédois s’étaient établis depuis 1638 sur les deux rives de la Delaware, et principalement dans la Pensylvanie, qu’ils avaient nommée Nouvelle-Suède. Leurs voisins, les Hollandais des bords de l’Hudson, les chassèrent en 1655, Enfin, vers 1530, les jésuites jetaient au Paraguay les fondements du pouvoir colossal dont ils ont joui pendant deux siècles.
Un siècle après que Lemaire eut doublé le cap Horn et indiqué ainsi aux navigateurs une voie plus facile que le détroit de Magellan pour passer en Océanie, les terres boréales de l’Amérique du Nord furent étudiées à l’ouest et à l’est, et les Russes commencèrent, par leurs explorations du côté occidental, à fonder leurs établissements d’Amérique.
Vers les premières années du XVIIIe siècle, toutes les côtes de l’Amérique étaient à peu près connues. La partie boréale seule offrait encore une assez vaste carrière aux explorations ; il y avait là plus d’une inconnue à dégager, plus d’un doute à éclaircir ; par exemple, on ne pouvait dire d’une façon positive si l’Amérique était ou n’était pas séparée du continent asiatique. La Russie, dont le nom n’a pas encore figuré dans l’histoire de la découverte, se chargea de fixer les esprits sur ce dernier point. En 1728, Behring découvrit le détroit qui a reçu son nom, sans toutefois aborder le continent américain ; douze ans plus tard, en 1741, il explorait la côte nord-ouest, la péninsule d’Alaska et les îles Shumagen. En 1768, Cheleghoff prit possession de Kodiak, et fonda le premier comptoir de la compagnie russe d’Amérique.
En 1776 l’illustre Cook découvrit William’s Sund, la rivière de Cook, visita les îles Aléoutiennes, et s’avança au nord jusqu’au cap des Glaces. En 1790, Mackensie découvrit la rivière qui porte son nom, et se rendit sur les bords de la mer Glaciale. Enfin, en 1799, Humboldt et Bonpland commençaient ce voyage si connu, qui ne s’est terminé qu’en 1805, et qui a jeté une si grande lumière sur la géographie de l’Orénoque, de la Colombie, du Pérou et du Mexique. Dans les régions boréales, le seul point où il restât un théâtre à explorer, les voyages de Ross (1818-1829-1832), de Parry (1819-1821-1827), de Franklin et de Richardson (1820-1824-1826), de Beechey (1825-1828), avaient presque conduit à une solution satisfaisante le problème si longtemps indécis de la possibilité du passage nord-ouest. Mais aujourd’hui le doute n’existe plus. Les expéditions successives de Mac Clure, du docteur Kane, du lieutenant français Bellot, en 1851-52-53, ont permis de compléter la carte de l’Amérique du Nord. En terminant, faisons connaître les résultats de cette immixtion de l’Europe dans le nouveau monde.
La conquête et la colonisation de l’Amérique par les Européens avaient été une œuvre de suprême injustice, caractérisée par deux actes de lèse-humanité : l’extermination presque totale de la race indigène des Indiens du Nord et du Sud, et l’introduction des esclaves nègres sur ce sol vierge nouvellement révélé à l’Europe. « À peine découverte, dit à ce propos M. Michelet, l’Amérique devient le champ de l’esclavage. » L’extermination des Indiens se fit, presque sans résistance de leur part, par l’épée et par le travail meurtrier des mines. Les horreurs que commirent les premiers aventuriers étaient arrivées à ce point qu’un célèbre philanthrope, un évêque, le vénérable Las Casas, en vint à croire qu’il n’y avait qu’un remède pour sauver les derniers représentants de la race aborigène, c’était de dévouer provisoirement au même travail meurtrier les représentants d’une autre race plus robuste, les nègres. Mais, comme tant d’autres, ce provisoire devait devenir permanent : il dure encore. Les compagnons de Pizarre et de Cortez étaient trop avides pour partager avec les Indiens les trésors que ceux-ci possédaient ; il leur parut plus facile de les exterminer. Puis, quand on ne trouva plus rien à prendre de force, les aventuriers, trop fiers hidalgos pour descendre au travail manuel qui devait faire rendre à la terre américaine ses trésors minéraux et agricoles, forcèrent les Indiens à travailler sans relâche, les uns, penchés sur le sol sous un soleil brûlant, les autres, enfouis dans les mines, sans espoir de jamais remonter à la surface. Les malheureux indigènes, peu endurcis aux fatigues, savaient d’avance la triste destinée qui les attendait. Quand le sort, espèce de conscription du travail forcé, désignait l’un d’eux pour descendre aux mines pendant un temps légal de dix-huit mois, la famille de la victime se réunissait et procédait aux cérémonies funèbres, absolument comme s’il eût été déjà mort. Puis, sa femme l’accompagnait jusqu’à l’orifice de la mine, et le regardait descendre dans ce sépulcre anticipé. Avant l’expiration du temps légal, l’Indien était généralement tué par le travail excessif imposé par les conquérants espagnols. Aussi s'explique-t-on qu'il reste à peine aujourd'hui quelques milliers d'indigènes dans les deux Amériques ; encore faut-il les chercher là où la conquête européenne ne fit que passer, et où la nature du terrain, les savanes du Nord, les pampas du Sud, laissaient peu d’espoir à l’avidité des conquérants.
Toutes les nations indiennes des deux Amériques appartiennent, sans exception, à la division des espèces léiotriques (à cheveux lisses) de Bory de Saint-Vincent, et peuvent se partager en deux grandes classes, dont la première comprend les Esquimaux, et la seconde toutes les autres variétés. Les Esquimaux sont de la même race que celle qui est répandue le long des côtes boréales de l’Asie. Dans la seconde classe, nous citerons : 1° le type colombique, au teint d’un rouge cuivré plus ou moins sombre, auquel on rapporte toutes les nations habitant le Canada, les États-Unis, jusqu’au nord du Mexique et au golfe du même nom, et entre les montagnes Rocheuses et la Cordillère maritime ; 2° le type mexicain, au teint d’un brun rougeâtre, qui occupe le plateau du Mexique et l’Amérique centrale, mais qui est probablement originaire de la côte nord-ouest ; 3° le type caraïbe, à la tête conique, race qui se distingue de la colombique par un teint plus clair. Autrefois puissante et maîtresse du delta compris entre l’Orénoque et l’Amazone, d’où elle s’était répandue jusqu’aux Antilles, cette race, plus d’à moitié éteinte, est aujourd’hui confinée à l’île de Saint-Vincent et au centre de la Guyane ; 4° le type péruvien, semblable au mexicain, mais avec la tête moins grosse, répandu de l’équateur au 40° lat. S., entre les Andes et le grand Océan ; 5° les innombrables nations disséminées dans la Colombie, la Guyane, le Brésil, la Bolivie, et les provinces nord de la république Argentine, parmi lesquelles on observe toutes les différences possibles, depuis l’Otomaque abruti des bords de l’Orénoque jusqu’au Guaycuru du Paraguay et du Grand-Chaco ; 6° le type pampa, nom sous lequel on comprend toutes les nations qui errent dans les pampas de Buenos-Ayres et de la Patagonie ; 7° enfin le type patagon, confiné sur les bords du détroit de Magellan, et qui paraît se réduire à quelques hordes menant une existence errante.
Ces peuples, dont quelques-uns étaient autrefois puissants, forment à peine aujourd’hui de petites tribus, sans cesse mêlées aux races européennes qui les avoisinent. Les Indiens ont perdu, par conséquent, leurs coutumes et leurs mœurs d’autrefois, et, au milieu des nombreuses révolutions américaines, ils ont oublié jusqu’au dialecte parlé par leurs pères.