Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/ALEXANDRE-SÉVÈRE (Marcus Aurelius Alexander Severus), empereur romain

Administration du grand dictionnaire universel (1, part. 1p. 192).

ALEXANDRE-SÉVÈRE (Marcus Aurelius Alexander Severus), empereur romain, né vers l’an 209, en Phénicie, fut adopté par Héliogabale, son cousin, et proclamé empereur en 222, ayant à peine quatorze ans. Par lui, succéda à un règne infâme celui de la justice et de l’humanité ; il fit bénir son gouvernement par les peuples, fatigués des extravagantes atrocités de son prédécesseur. Avec lui disparurent une foule d’abus ; il créa des institutions civiles, diminua les impôts, améliora la position du soldat, fonda des banques de prêts à un intérêt très-modique, et prodigua les encouragements aux lettres, aux sciences et aux arts. À son avènement, le palais impérial était un gouffre où s’engloutissaient tous les revenus de l’empire ; Alexandre réforma le luxe de la cour, et montra constamment la plus grande simplicité. Aucun mets recherché ne paraissait sur sa table, même les jours de cérémonie. « La majesté de l’empire se soutient, disait-il, par la vertu, et non par une vaine ostentation. » Il voulut que les charges qui donnaient un certain pouvoir de faire le bien ou le mal fussent accordées au mérite et non acquises à prix d’argent, car, suivant lui, c’est une nécessité que celui qui achète en gros vende en détail. Il montra toujours la plus grande tolérance envers les chrétiens, et rendit même un édit en leur faveur. On a prétendu qu’il professait en secret la religion chrétienne, mais ce n’est qu’une supposition. Obligé de faire la guerre à Artaxerce, prince perse, qui luttait contre les Parthes, et qui voulait revendiquer également les possessions romaines en Asie, il remporta sur lui de grands avantages, et il allait soumettre les Germains, lorsqu’il fut assassiné en 235 par Maximin, soldat thrace, chef d’un corps d’auxiliaires, et qui prit un moment la pourpre. Sa mort causa une douleur universelle dans l’empire.

Son surnom lui vint de la sévérité qu’il déploya contre l’indiscipline des troupes et contre les concussionnaires, quoiqu’il fût d’un caractère doux et humain. C est ainsi qu’il fit étouffer par la fumée d’un feu de bois vert un certain Turinus, qui avait trafiqué de son crédit auprès de lui. Pendant le supplice, un crieur répétait au peuple:« Puni par la fumée pour avoir vendu de la fumée. »