Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/ALENÇON (POINT D’) s. m.

Administration du grand dictionnaire universel (1, part. 1p. 189).

ALENÇON (point d’) s. m. Sorte de dentelle très-fine qui se fabrique à Alençon : Le point d’Alençon n’est point encore déchu du rang que ses produits avaient conquis par les soins du ministre de Louis XIV. (Manuf. comp.) Quelques jeunes personnes travaillaient sans honte à des dessins pour du point d’Alençon. (Balz.) De doubles rideaux de point d’Alençon cachaient entièrement les vitres. (E. Sue.)

— Encycl. C’est sous l’administration de Colbert qu’on commença à fabriquer de la dentelle à Alençon. Cette dentelle imitait plus ou moins le point de Venise, ville qui, d’ailleurs, a fourni les premières ouvrières. Elle se travaille entièrement à la main, sur un parchemin, avec une aiguille et une petite pince ; il n’y entre que du fil de lin et jamais de coton. Ce fil, qui se tire des environs de Nouvion (Somme), vaut de 100 à 1,200 fr. le demi-kilogramme, suivant son degré de finesse. Chaque coupe est le produit du travail de 10 ou 12 ouvrières, dont chacune fait des morceaux longs seulement de 20 à 30 centimètres, qui sont rattachés ensuite par des coutures imperceptibles. — Le point d’Alençon s’appelait primitivement point de France, et avait tellement été mis à la mode à la cour, qu’on n’était reçu à Versailles qu’à la condition d’en porter sur soi. Sa fabrication occupait, avant 1789, jusqu’à 9,000 ouvrières. Tombée dans le marasme et pour ainsi dire abandonnée depuis lors, jusque vers 1830, cette fabrication a repris un nouvel essor, et, par la richesse et la finesse de ses dessins, le point d’Alençon a été, dans les dernières expositions internationales, qualifié de reine des dentelles.