Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/ÉDOUARD III, roi d’Angleterre, fils du précédent et d’Isabelle de France

Administration du grand dictionnaire universel (7, part. 1p. 201-202).

ÉDOUARD III, roi d’Angleterre, fils du précédent et d’Isabelle de France, né en 1312, mort en 1377. Il monta sur le trône après la déposition de son père (1327), sous la tutelle de sa mère et du favori de cette princesse, Roger Mortimer. Ce prince se montra aussi actif et aussi valeureux que son père avait été lâche et efféminé. Non content de reconquérir l’Écosse, il éleva des prétentions sur la couronne de France (sa mère était fille de Philippe le Bel), s’assura l’appui de l’Allemagne et de la Flandre, vint mettre le siège devant Tournay, gagna sur la flotte française le combat naval de l’Écluse (1340), dévasta la Normandie et vint gagner sur le roi de France la célèbre bataille de Crécy (26 août 1346). L’année suivante, il mit le siège devant Calais et força les habitants à capituler (c’est cette capitulation qui donna lieu, suivant la tradition, au dévouement d’Eustache de Saint-Pierre et de cinq autres bourgeois). Toutefois il borna pour le moment ses conquêtes et ne recommença la guerre qu’en 1356, époque à laquelle son fils, le célèbre Prince Noir, gagna la bataille de Poitiers, où fut décimée une partie de la noblesse française et où le roi Jean fut fait prisonnier. La paix de Brétigny (1360) lui donna la moitié de la France. Mais bientôt celle-ci vengea ses revers ; il se vit enlever un grand nombre de places fortes par Duguesclin, et la trêve de 1375 ne lui laissa que Bordeaux, Bayonne et Calais. Ces revers, la mort de son fils et le mécontentement de la nation anglaise attristeront ses dernières années. C’est ce prince qui institua l’ordre de la Jarretière (pour l’origine de cette singulière décoration, v. jarretière). Il substitua comme langue officielle l’anglais au français (1361), essaya d’introduire et de perfectionner les manufactures de laine, en attirant et protégeant les manufacturiers étrangers, en défendant à ses sujets de porter d’autres étoffes que celles de fabrique anglaise. Il fit le premier essai d’un établissement des postes, en plaçant des relais à la distance de 20 milles l’un de l’autre, pour apprendre les événements de la guerre d’Écosse. Il résista aux prétentions de la cour de Rome et supprima le tribut qui était payé au pape depuis Jean sans Terre. « Édouard, dit Eyriès, était d’une taille grande et bien proportionnée ; son air noble et imposant inspirait le respect. Ses manières affables et obligeantes, sa bienfaisance, sa générosité firent chérir sa domination ; sa valeur et sa prudence assurèrent ses succès dans les expéditions militaires, qui jetèrent un si grand éclat sur son règne et dirigèrent contre l’ennemi de l’État cet esprit inquiet et turbulent des grands du royaume, cause de tant de troubles sous les règnes des princes faibles. Les guerres qu’il entreprit, quoique en général heureuses et marquées par des succès éclatants, ne furent pas d’ailleurs toujours fondées sur des motifs de justice et d’utilité. Aussi son administration intérieure lui mérite-t-elle plus d’éloges que ses victoires. L’Angleterre dut à la sagesse et à la vigueur de son gouvernement un long intervalle de paix et de tranquillité. La Chambre des communes commença sous son règne à acquérir une importance réelle. » Dans les dernières années de sa vie, une femme, nommée Alix Pierre, acquit un grand ascendant sur son esprit et lui fit dépenser des sommes énormes, destinées à la guerre contre le roi de France. Le peuple, accablé d’impôts, se mit à murmurer, et le Parlement, à qui Édouard demanda des subsides, n’en accorda qu’après avoir exigé l’éloignement d’Alix et celui du duc de Lancastre. Édouard III mourut un an après le Prince Noir, abandonné d’Alix et de tous ses courtisans. Son petit-fils Richard II lui succéda.