No CXVI.

un adjectif et deux substantifs liés ou non liés par la particule et.




exemples sans la particule.
Toute sa vie n’a été qu’un travail, qu’une occupation continuelle.
(Massillon.)
Auguste gouverna Rome avec un tempérament, une douceur soutenue, à laquelle il dut le pardon de ses anciennes cruautés.
(Domergue.)
Il honora les lettres de cet attachement, de cette protection capable de les faire fleurir.
(Id.)
Je ne connais point de roman, point de comédie espagnole sans combats.
(Florian.)
… Le fer, le bandeau, la flamme est toute prête.
(Racine.)
exemples avec la particule.
J’eus, sujet de me plaindre de mon tailleur, qui m’avait fait perdre en un instant l’attention et l’estime publique.
(Montesquieu.)
Quiconque est assez aimé dés dieux pour trouver deux ou trois vrais amis, d’une sagesse et d’une bonté constante, trouve bientôt par eux d’autres personnes qui leur ressemblent.
(Fénelon.)
C’est une puissance orgueilleuse qui est souvent contraire à l’humilité et à la simplicité chrétienne.
(Fléchier.)
La chasteté est la source de la force et de la beauté physique et morale dans les deux sexes.
(Bernardin de St-Pierre.)
La place fut remplie de six-vingt licteurs qui écartaient la multitude avec un faste et un orgueil insupportable.
(Vertot.)

Que deux substantifs soient ou non liés par la particule et, il est manifeste que l'adjectif qui s'y rapporte peut quelquefois, comme dans les exemples ci-dessus, s'accorder avec le dernier ; cela est permis dans deux circonstances : La première ; lorsque les substantifs présentent entre eux quelque synonymie, et que l'écrivain n'en veut réellement qualifier qu’un seul ; Un travail, une occupation continuelle ; la seconde, toutes les fois qu'il y a gradation dans les mots : le fer, le bandeau, la flamme est toute prête ; ou bien que l’esprit, plus particulièrement préoccupé du dernier substantif, oublie celui ou ceux qui précèdent : je ne connais point de roman, point de comédie espagnole sans combats ; l’humilité et la simplicité chrétienne. Dans tous ces cas l’ellipse sous-entend l’adjectif à chaque substantif. C’est donc à tort que Girault-Duvivier blâme les exemples de la seconde colonne[1].

EXERCICE PHRASÉOLOGIQUE.

Un talent, une habileté admirable.
Une force, une énergie peu commune.
Un pouvoir, un ascendant terrible.
Une humeur, un naturel féroce.
Son esprit, sa douceur, sa beauté, son ingénuité même est charmante.
Le naissance , la fortune, la couronne même est une chimère.

Une alliance, une paix inviolable.
Une modestie et un savoir peu commun.
La religion et la morale chrétienne, la sûreté et la salubrité publique.
Une force et une énergie extraordinaire.
Une sagesse ut une prudence surprenante.
D’une modération et d’une douceur évangélique.
D’un sentiment et d’une expression naturelle.

Une sagesse, une bonté, une douceur prodigieuse.
Les pieds et la tête nue.
Les yeux et la bouche ouverte.
Un savoir et une modestie peu commune.
Une noirceur et une perversité inouïe.
Une arrogance et une suffisance intolérable.
Un feu et un enthousiasme incroyable.

  1. Aux exemples cités nous ajouterons les suivants : On doit éviter les mots et les actions défendues. (Voltaire.) — Le vent fut contraire ; le ciel et la mer belle. (Bern. de St.-Pierre.) — Ce peuple a le cœur et la bouche ouverte à vos louanges. (Vaugelas.) — Tous les mots de la langue et toutes les syllabes nous paraissent précieuses. (Racine.) — Cette opinion inspire aux uns un orgueil intolérable, en leur persuadant qu’ils sont revêtus d’une origine et d’une puissance céleste. (Bern. de St.-Pierre.) — Auguste honora les lettres de cette protection et de cet attachement réel qui dans un souverain, est si capable de les faire fleurit. (Domergue.) — C’est comme une espèce d’enthousiasme et de fureur noble qui anime l’oraison, et qui lui donne un feu et une vigueur toute divine. (Boileau.) — Les Grecs appelaient du nom de satires des drames d’une licence et d’une gaîté burlesque. (La Harpe.) — Le jour même que, sur l’autel de notre père, tu consentiras avec moi, à nous jurer une alliance et une paix inviolable, ton trône, ton empire, tout te sera rendu. (Marmontel.) — Armez-vous d’un courage et d’une foi nouvelle. (Racine.) — Quand cet enfant esclave et tyran, plein de science et dépourvu de sens, est jeté dans le monde, il fait déplorer la misère et la perversité humaine. (J.-J. Rousseau.) — Songez ce que c’est que d’avoir des bras et des jambes cassées. (Mme  de Sévigné.)