Grammaire de l ornement/Chap VII

Day & Son, Limited-Cagnon (p. 49-Image).

Chapitre VII. — Planches 28, 29, 29*, 30.
ORNEMENTS BYZANTINS.
1, 2, 3. 
Ornements sculptés sur pierre, Ste. Sophie, Constantinople, 6ème siècle. — Salzenberg, Alt. Christliche Baudenkmals, Constantinopel.
4, 5. 
Pris des portes en bronze de Ste. Sophie. — Salzenberg.
6, 7. 
Parties d’un diptyque en ivoire, cathédrale de Beauvais ; ouvrage appartenant, selon les apparences, à la période anglo-saxonne du 11ème siècle. — Villemin, Monuments Français inédits.
8. 
Partie d’une porte en bronze, basilique de la Nativité, Bethlehem. 3ème ou 4ème siècle. — Gailhabaud, L’Architecture et les arts qui en dépendent.
91-3. 
Sculptures sur pierre de St. Marc, Venise. 11ème siècle. — J. B. W., pris de plâtres qui se trouvent à Sydenham.
14-16. 
Partie d’un chapiteau de l’église St. Michel, Schwäbisch Hall. 12ème siècle. — Heideloff, Ornamentik des Mittelalters.
17. 
Pris d’une porte, conservée au monastère de Murrhard. — Heideloff.
18. 
Composition de bosses, de St. Sebald, Nuremberg, et de l’église de Nossen, Saxe. — Heideloff.
19, 20. 
Frises de l’église de St. Jean, Gmund, Souabe. — Heideloff.
21. 
Sculpture romane en bois et en ivoire, de la collection de Herr Leven, Cologne. — Heideloff.
22. 
Pris de la porte principale en bronze, Monreale, près de Palerme. — J. B. W.
23. 
Pris de la porte en bronze du duomo, Ravello, près d’Amalfi. — J. B. W.
11ème et
12ème siècle.
24, 25. 
Pris de la porte en bronze du duomo, Trani. 12ème siècle. — Barras et Luynes, Recherches sur les Monuments des Normands en Sicile.
26. 
Sculpture sur pierre prise du petit cloître, monastère de Huelgas, près de Burgos, Espagne. 12ème siècle. — J. B. W.
27. 
Pris du porche de la cathédrale de Lucques. Circa 1204 — J. B. W.
28. 
Pris du porche de St. Denis près de Paris. 12ème siècle. — J. B. W.
29. 
Pris des cloîtres de St. Ambroise, Milan. — J. B. W.
30. 
Pris de la chapelle de Heilsbronn, Bavière. — Heideloff
31. 
Pris de St. Denis. — J. B. W.
32. 
Pris de la cathédrale de Bayeux. 12ème siècle. — Pugin, Antiquities of Normandy.
33. 
Pris de S. Denis. — J. B. W.
34. 
Cathédrale de Bayeux. — Pugin.
35. 
Pris du porche de la cathédrale de Lincoln. Fin du 12ème siècle. — J. B. W.
36. 
Pris du porche de Kilpeck, comté de Hereford. 12ème siècle. — J. B. W.

1-6. 
Mosaïques prises de Ste. Sophie, Constantinople, 6ème siècle. — Salzenberg, Alt. Christliche Baudenkmals, Constantinopel.
7. 
Pavé en marbre, Agios Pantokrator, Constantinople. Première moitié du 12ème siècle. — Salzenberg
8, 9. 
Pavé en marbre, Ste. Sophie. — Salzenberg
10, 11. 
Mosaïques, Ste. Sophie. — Salzenberg
12-15. 
Pris de manuscripts grecs enluminés, musée Britannique. — J. B. W.
16, 17. 
Bordures prises de manuscripts grecs enluminés. — Champollion Figeac, Palœographie universelle.
18. 
Pris de St. Marc, Venise. — Digby Wyatt, Mosaics of the Middle Ages.

19. 
Pris d’un manuscript grec, musée Britannique. — J. B. W.
000 
La bordure en dessous est de Monreale. — Digby Wyatt’s Mosaice.
20. 
Pris des homélies de Grégoire Nazianzen. 12ème siècle. — Champollion Figeac
21, 22. 
Pris d’un manuscript grec, musée Britannique. — J. B. W.
23. 
Pris des Actes des Apôtres, manuscript grec, bibliothèque du Vatican, Rome. — Digby Wyatt’s
24. 
St. Marc, Venise. — Digby Wyatt’s
25. 
Partie d’un diptyque grec. 10ème siècle. Florence. — J. B. W. (On croit que les fleurs-de-lys sont d’un travail plus récent.)
26. 
Email du 13ème siècle (Français). — Villemin, Monuments Français inédits.
27. 
Pris d’un coffret émaillé (le centre est pris de la statue de Jean, fils de St. Louis). — Du Sommerard, Les Arts du Moyen-âge.
28. 
Pris du tombeau émaillé de Jean, fils de St. Louis. 1247. — Villemin
29. 
Émail de Limoges, probablement de la fin du 12ème siècle. — Villemin
30. 
Partie d’un pavé en mastique, 12ème siècle, conservé à St. Denis, près de Paris. — Villemin

1, 2 
Mosaïques (opus Grecanicum) de la cathédrale de Monreale, près de Palerme ; fin du 12ème siècle. — J. B. W.
3. 
Mosaïques de l’église d’Ara Coeli, Rome. — J. B. W.
4, 5. 
Cathédrale de Monreale. — J. B. W.
6. 
Pavé en marbre, St. Marc, Venise. — J. B. W.
7-10. 
Pris de San Lorenzo Fuori, Rome ; fin du 12*ше siècle. — J. B. W.
11. 
San Lorenzo Fuori, Rome. — J. B. W.
12. 
Ara Coeli, Rome. — J. B. W.
13. 
Pavé en marbre, St. Marc, Venise. — J. B. W.
14. 
San Lorenzo Fuori, Rome. — Architectural Art in Italy and Spain by Waring and MacQuoid
15, 16. 
Païenne. — Digby Wyatt’s Mosaics of the Middle Ages.
17. 
Pris de la cathédrale de Monreale. — J. B. W.
18. 
Pris d’Ara Coeli, Rome. — J. B. W.
19. 
Pavé en marbre, S. M. Maggiore, Rome. — Hessemer, Arabische und alt Italiänische Bau Verzierungen.
20. 
Pavé en marbre, St. Vital, Ravenne. — Hessemer.
21. 
Pavé en marbre, S. M. eu Cosmedin, Rome. — Hessemer.
22, 23. 
Mosaïque, St. Marc, Venise. — Specimens of the Mosaics of the Middle Ages, Digby Wyatt’s
24. 
Baptistère de St. Marc, Venise. — Waring and MacQuoid
25. 
San Giovanni Latermo, Rome
26. 
Le duomo, Civita Castellana
Digby Wyatt’s Mosaics of the Middle Ages.
27. 
Ara Coeli, Rome. — J. B. W.
28. 
San Lorenzo, Rome.
29. 
Ara Coeli, Rome.
30. 
San Lorenzo, Rome.
Architectural Art in Italy and Spain. — Waring and MacQuoid
31. 
San Lorenzo Fuori, Rome. — J. B. W.
32. 
San Giovanni Latermo, Rome. — Digby Wyatt’s Mosaics of the Middle Ages.
33-35. 
Cathédrale de Monreale. — J. B. W.
36-38. 
Pavé en marbre, S. M. Maggiore, Rome. — Hessemer
39. 
St. Marc, Venise. — Mosaics of the Middle Ages. Digby Wyatt’s
40. 
Pris du baptistère, St. Marc, Venise. — J. B. W.
41. 
Pris de S. Marc, Venise. — Architectural Art in Italy and Spain.
42. 
Pris du duomo, Monreale. — J. B. W.
ORNEMENTS BYZANTINS.

Le vague avec lequel les auteurs, qui ont écrit sur les arts, ont traité l’architecture byzantine et l’architecture romane, — cela même dans ces dernières années, — s’est étendu aussi aux décorations concomitantes de ces styles d’architecture. Ce vague provient principalement du manque d’exemples aux quels l’écrivain pouvait avoir recours ; et ce n’a été qu’après la publication du grand ouvrage de Herr Salzenberg sur Ste. Sophie, Constantinople, que nous avons pu former une idée complète et arrêtée, de ce qui constituait le pur ornement byzantin. L’église de St. Vital à Ravenne, quoiqu’elle soit d’un style entièrement byzantin, quant à l’architecture, ne nous donne qu’une idée bien incomplète de l’ornementation byzantine ; St. Marc, à Venise, ne représente qu’une phase de l’école byzantine, et la cathédrale de Monreale et les autres exemples du même style, qui se trouvent en Sicile, ne servent qu’à nous montrer l’influence de l’art byzantin pur, mais c’est à peine s’ils en illustrent la vraie nature. Pour connaître à fond et comprendre parfaitement le style byzantin, nous avions besoin de ce dont les ravages du temps et le badigeonnage des Mahométans nous avaient privés, savoir, d’un édifice byzantin sur une grande échelle, exécuté pendant la meilleure période de l’époque byzantine. Cette source d’informations inappréciables nous a été ouverte, grace à l’esprit éclairé du Sultan et à la libéralité du gouvernement prussien, lequel l’a fait connaître au monde, par la publication du bel ouvrage de Herr Salzenberg sur les églises et les édifices de l’ancienne Byzance ; ouvrage que nous recommandons à tous ceux, qui désirent avoir une idée graphique de ce qu’était vraiment l’art décoratif byzantin.

Il n’y a probablement aucune branche de l’art, à laquelle on puisse appliquer plus, à propos la remarque, ex nihilo nihil fit, qu’à l’art décoratif. Ainsi, nous trouvons que les particularités caractéristiques du style byzantin, proviennent de la combinaison de diverses écoles ; et nous allons indiquer brièvement les causes premières, qui ont servi à former ce style.

Au commencement du quatrième siècle, même avant le transfer du siège de l’empire romain de Rome à Byzance, nous voyons tous les arts, soit dans une période de décadence soit à l’état de transformation. Il est certain, que Rome a communiqué son style particulier de l’art, aux nombreux peuples étrangers placés sous sa domination, mais il n’est pas moins certain, que l’art hybride de ses provinces a réagi puissamment sur le centre de la civilisation ; et même à la fin du troisième siècle, celui-ci avait déjà matériellement affecté le style fastueux de décorations, qui caractérisait les bains magnifiques et les autres édifices publics de Rome. La nécessité où se trouva Constantin, nouvellement établi à Byzance, d’employer des artistes et des ouvriers orientaux, produisit un changement plus vital et plus marqué dans le style traditionnel romain ; et il ne peut guère y avoir de doute, que chaque nation voisine n’ait fourni son contingent à la formation de l’école nouvelle, selon son état de civilisation et ses connaissances de l’art, jusqu’à ce qu’enfin cette masse composée d’éléments hétérogènes, finit par se fondre en un ensemble systématique, pendant le règne long et prospère, pour les arts, du premier Justinien.


a

c

b

Nous ne pouvons manquer d’être frappés de l’influence importante, que ce résultat exerça, pendant la domination des César, dans la construction des grands temples et des théâtres de l’Asie Mineure, dans lesquels nous voyons déjà une tendance à employer les lignes courbes elliptiques, les feuilles aux pointes aiguës, et le feuillage léger et continu sans la boule bourgeonnante et la fleur, — traits caractéristiques de l’ornement byzantin. On voit sur la frise du théâtre à Patara (a), et sur le temple de Vénus à Aphrodisias (Carie), un feuillage coulant, tel que celui auquel nous avons fait allusion. Sur le portique du temple élevé à Ancyre (b) par les chefs indigènes de la Galatie, en l’honneur d’Auguste, se trouve un type encore plus caractéristique ; et le chapiteau du pilastre d’un petit temple à Patara (c), appartenant selon Texier au premier siècle de l’ère chrétienne, est presque identique à un chapiteau dessiné par Salzenberg à Smirne (d), lequel doit remonter, selon lui, à la première partie du règne de Justinien, ou environ l’an 525.

Faute de dates authentiques, nous ne pouvons arriver à une décision satisfaisante, quant à l’in fluence que la Perse a exercée sur le style byzantin, mais il est certain, que Byzance employait en grand nombre les ouvriers et les artistes persans. Dans les monuments remarquables à Tak-i-Bostan, à Bi-Sutoun et à Tak-i-Ghero, et dans plusieurs anciens chapiteaux à Ispahan, que reproduisent Flandin et Coste dans leur grand ouvrage sur la Perse, nous sommes, à première vue, frappés de leur caractère entièrement byzantin ; mais nous sommes portés à croire, qu’ils sont postérieurs, ou tout au plus contemporains, à la meilleure période de l’art byzantin, c’est-à-dire à celle du sixième siècle. Quoi qu’il en soit, nous trouvons les formes d’une période encore plus ancienne, reproduites à une époque aussi récente que l’an 363 ; et dans la colonne de Jovian à Ancyre (e), élevée pendant ou peu après sa retraite de la Perse, avec l’armée de Julien, nous reconnaissons l’application d’une des formes ornementales les plus générales de l’ancienne Persépolis. On trouve aussi à Persépolis, les feuilles pointues et canelées, si caractéristiques du travail byzantin, comme on peut le voir dans l’exemple ci-contre pris de Ste. Sophie (f) ; et à une période plus récente, pendant la domination des César, nous trouvons dans l’architecture du temple dorique de Kangovar (g), des moulures, dont les contours sont précisément semblables à ceux que le style byzantin affectionnait le plus.

S’il est intéressant et instructif de tracer l’origine de ces formes du style byzantin, il ne l’est pas moins d’en marquer la transmission, en même temps que celle des autres formes, à des époques plus récentes. Ainsi le No. 1, planche XXVIII. reproduit la feuille particulière, telle qu’elle est donnée par Texier et Salzenberg, qui reparait dans Ste. Sophie ; et le No. 3, planche XXVIII. nous représente la croix foliée de St. André dans un cercle, si généralement employée dans l’ornementation romane et dans l’ornementation gothique. Sur la même frise se trouve un dessin (Allemagne) qui diffère bien légèrement du No. 17. La branche courbe et foliée du No. 4 — sixième siècle, Ste. Sophie — se trouve reproduite avec une légère variation, au No. 11 — onzième siècle, St. Marc. La dentelure des feuilles du No. 19 — Allemagne — est presque identique à celle du No. 1 — Ste. Sophie ; et tous les exemples de l’avant dernière rangée de la planche XXVIII. représentant des sujets pris de l’Allemagne, de l’Italie, et de l’Espagne, décèlent une ressemblance générique, fondée sur le type byzantin.

La dernière rangée d’objets sur cette planche, présente plus spécialement, des illustrations du style roman, et les Nos. 27 et 36 représentent l’ornement entrelacé si fort en faveur chez les nations du nord, et qui est principalement basé sur un type indigène ; tandis que le No. 35 pris de St. Denis, nous fournit un exemple, entre mille, de la reproduction de modèles romains, dont le type qu’on retrouve généralement employé dans le style roman, se trouve sur la colonne romaine à Cassy, entre Dijon et Chalons-sur-Marne.

Nous voyons donc que Rome, la Syrie, la Perse, et d’autres pays, prirent tous part à la formation du style de l’art byzantin et de ses décorations concomitantes, lequel, tout complet qu’il était du temps de Justinien, réagit dans sa forme nouvelle et systématisée sur la partie occidentale du monde connu alors, subissant dans son cours certains changements ; changements qui, provenant de l’état de la religion, de l’art et des mœurs des pays où l’art byzantin fut introduit, lui donnèrent un caractère spécifique, et produisirent, dans certains cas, des styles d’ornements co-relatifs et cependant distincts, comme on le voit dans les écoles celtique, anglo-saxonne, lombarde et arabe. Sans nous occuper de la question de savoir jusqu’à quel point, les ouvriers et les artistes byzantins ont été employés en Europe, nous ne saurions entretenir le moindre doute, que le caractère de l’école d’ornementation byzantine, ne soit très fortement empreint sur tous les premiers ouvrages de la partie centrale et même de la partie occidentale de l’Europe, ouvrages qui sont rangés sous le nom générique de roman.

Le pur ornement byzantin se fait remarquer par des feuilles pointues à dentelures larges, qui en sculpture sont coupées de biais aux extrémités, profondément cannelées et perforées de trous profonds aux différents points de naissance de la dentelure ; le feuillage est généralement maigre et continu, comme dans les Nos. 1, 14, de la planche XXIX. et le No. 20 de la planche XXIX*. Le fond, soit de mosaïque ou d’ouvrage peint, est presque toujours couleur d’or ; et on préfère les patrons légers entrelacés, aux dessins géométriques. L’introduction de figures d’animaux ou autres, est très limitée en sculpture ; et lorsqu’elles sont coloriées, elles sont principalement employées dans les sujets sacrés, d’un style raide et conventionnel, ne montrant que peu de variété et de sentiment ; la sculpture elle-même est d’une importance toute secondaire.

L’ornement roman, au contraire, dépendait principalement de la sculpture, pour les effets : il est riche en lumière et en ombre, en profondes incisions, en projections massives, et enfin en un mélange varié de figures de tout genre, de feuillages et d’ornements conventionnels. La peinture supplée généralement à la mosaïque ; et dans les ornements coloriés, on emploie les reproductions d’animaux aussi librement que dans la sculpture, vide le No. 26 de la planche XXIX* ; mais le fond n’est plus toujours couleur d’or, il est tantôt bleu, tantôt rouge ou vert, comme dans les Nos. 26, 28, 29, de la planche XXIX*. Sous les autres rapports, si nous prenons en considération les différences locales, nous voyons que le style roman conserve beaucoup le caractère byzantin ; et dans le cas particulier des vitraux peints, par exemple, il a transmis ce caractère aux ouvrages du milieu et même de la fin du treizième siècle.

Les ouvrages mosaïques de dessins géométriques appartiennent spécialement à la période romane, surtout en Italie ; on en trouvera de nombreux exemples à la planche XXX. Cet art florissait principalement pendant le douzième et le treizième siècle ; il consiste dans l’arrangement de petits morceaux de verre, en forme de losanges, dans une série compliquée de lignes diagonales, dont la direction est de temps à autre arrêtée ou définie par le moyen de couleurs différentes. Les exemples pris de l’Italie centrale, tels que ceux que reproduisent les Nos. 7, 9, 11, 27, 31, sont beaucoup plus simples que ceux des provinces méridionales et de la Sicile, où les artistes sarasins introduisirent leur amour inné pour les dessins compliqués, dont les Nos. 1, 5, 33, reproduisent des exemples ordinaires, pris de Monreale, près de Païenne. Nous devons faire remarquer qu’il existait en Sicile, à la même époque, deux styles distincts de dessin : l’un, dont vous venons de parler, qui se compose d’entrelacements diagonaux et qui est éminemment d’une origine mauresque, comme on peut le voir en examinant la planche XXXIX. ; l’autre qui consiste en courbes entrelacées, telles que nous présentent les illustrations, Nos. 33, 34, 35, prises aussi de Monreale, dans lesquelles nous pouvons reconnaître, si non la main, du moins l’influence des artistes byzantins. Les Nos. 22, 24, 39, 40, 41, sont d’un caractère tout à fait différent, tout en appartenant à la même époque ; ils servent d’exemples du style vénéto-byzantin, dont l’influence était peu étendue, étant presque un style local et particulier dans son caractère ; quelques unes des illustrations appartiennent cependant plus spécialement à l’école byzantine, telles que celles du No. 23, cercles entrelacés, et des Nos. 3, 10, et 11, planche XXIX., reproduisant l’ornement qu’on trouve si généralement à Ste. Sophie, dans la décoration des marches.,

L’opus Alexandrinum, ou ouvrage de mosaïques en marbre, se distingue principalement de lopus Grecanicum, ou ouvrage de mosaïques en verre, par la différence de la nature des substances, mais quant au principe (celui du dessin géométrique compliqué) c’est toujours le même. Les pavés des églises dans le style roman, en Italie, abondent en exemples de ce genre d’ornement, dont la tradition a été transmise à la postérité depuis le siècle d’Auguste. Les Nos. 19, 21, 36, 37, et 38, donnent une bonne idée de la nature de cet ornement.

Les styles locaux, d’après le système de marqueterie en marbre, existaient dans plusieurs parties de l’Italie pendant la période romane, et ils ont peu de ressemblance avec les modèles romains ou byzantins ; tel est le No. 20, pris de St. Vital, Ravenne, et tels sont les pavés du Baptistère et de San Miniato, Florence, du onzième siècle, du douzième et du treizième, dans lesquels l’effet désiré n’est produit qu’à l’aide du marbre noir et du marbre blanc ; à ces exceptions près, et excepté aussi les ornements produits par l’influence mauresque dans le sud de l’Italie, on trouve que les principes des ornements de marqueterie en verre et en marbre de l’ancienne Rome, ont été suivis dans les ouvrages du même genre, exécutés dans toutes les provinces soumises à la domination romaine ; principalement dans les diverses mosaïques découvertes à Pompéï, qui en sont des exemples frappants, vide planche XXV.

Tout importante qu’a été l’influence que l’art byzantin a exercée en Europe, du sixième jusqu’au onzième siècle, et même jusqu’à une époque plus rapprochée, il n’y a aucun peuple chez lequel cette influence se soit fait plus sentir que parmi la grande race arabe, qui a propagé la croyance de Mahomet, conquis les plus beaux pays de l’Orient, et qui a même réussi à s’établir en Europe. L’influence du style byzantin se fait fort++ement remarquer dans les premiers édifices, que les Arabes construisirent au Caire, à Alexandrie, à Jérusalem, à Cordoue, et en Sicile. Les traditions de l’école byzantine affectèrent plus ou moins tous les pays voisins ; en Grèce elles restèrent les mêmes sans subir presque aucune modification, jusqu’à une période très rapprochée de nous, et ce sont ces traditions qui ont servi, en grande partie, à former la base de tous les arts décoratifs, en Orient et dans l’Europe orientale.

J. B. WARING.
Septembre 1856.

** Pour plus amples informations sur ce sujet, nous renvoyons le lecteur au Guide de la cour byzantine et de la cour romane, Sydenham. — Wyatt et Wakinq.


OUTRAGES AUXQUELS ON A EU RECOURS POUR LES ILLUSTRATIONS.
Salzenberg.Alt Christliche Baudenkmale von Constantinopel.
Flandin et Coste. Voyage en Perse.
Texier. Description de l’Arménie, de la Perse, éc.
Heideloff. Die Ornamentik des Mittelalters.
Kreutz. La Basilica di San Marco.
Gailhabaüd. L’Architecture et les Arts qui en dépendent.
Du Sommerabd. Les Arts du Moyen Age.
Bahras et Luynes (Duc de). Recherches sur les Monuments des Normands en Sicile.
Champollion Figeac. Paléographie Universelle.
Villemin.’Monuments Français inédits.
Hessemer. Arabische und alt Italiänische Bau Verzierungen.
Digby Wyatt. Geometrical Mosaics of the Middle Ages.
Waring and MacQuoid. Architectural Art in Italy and Spain.
Waring. Architectural Studies at Burgos and its Neighbourhood.