Grammaire élémentaire de l’ancien français/Chapitre 7

CHAPITRE VII


VERBES

OBSERVATIONS GÉNÉRALES
Accord. modifier

Le verbe précédé de plusieurs sujets peut s’accorder avec l’ensemble des sujets et se mettre au pluriel. Mais la liberté de construction est si grande dans la langue du moyen âge que le verbe peut ne s’accorder qu’avec le sujet le plus rapproché, même si ce sujet est au singulier et que l’autre ou les autres soient au pluriel ; cela arrive surtout quand les sujets sont joints entre eux par et et de préférence par les particules disjonctives ne, ou.

Ex. :

Murs ne citét n’i est remés a fraindre. (Rol., 5.)
Ni mur ni cité n’y sont restés à renverser.
Car molt vos priset mes sire et tuit si home. (Rol., 636.)
Car mon seigneur et tous ses hommes vous prisent beaucoup.

Les noms collectifs, comme gent, peuple, mesnie (maison, entourage d’un grand personnage), chevalerie, etc., sont souvent suivis d’un verbe au pluriel.

Ex. :

La gent de Rome, qui tant l’ont desidrét,
Set jorz le tienent sour terre a podestét. (Alexis, 571.)
Le peuple de Rome, qui l’a tant regretté,
le retient sept jours sur terre en son pouvoir.
Ad une voiz crident la gent menude. (Alexis, 531.)
D’une seule voix le bas peuple s’écrie.
Gent paienor ne voelent cesser onques.
Issent de mer, vienent as ewes dolces. (Rol., 2639.)
La gent païenne ne veut (veulent) pas s’arrêter ; ils sortent de la mer, entrent dans les eaux douces.

Au lieu de c’est moi, toi, lui ; c’est nous, c’est vous, ce sont eux, on disait en ancien français : ce sui je, ce es tu, ce est il ; ce somes nous, ce estes vous, ce sont il. Comme on le voit, ce est attribut et l’accord se fait avec le sujet réel, qui est le pronom personnel.

On disait encore au xvie siècle : Ce suis-je moy, dist le Seigneur, qui l’ay deceu (Calvin, I, 18, 2.).

Vois ces rochers au front audacieux,
C’estoient jadis des plaines fromenteuses. (Ronsard, 963 L[1].)

Cet accord du verbe avec le sujet logique se fait dans d’autres cas où l’ancien français employait une tournure impersonnelle ; par exemple : il estoient jadis dui frère ; il sont venues tant de plaintes[2]. Cf. encore : il i corurent set rei et quinze duc (Cour. de Louis, 631.). Et si sont il venu assésIci maint preudome vaillant (Chev. aux deux épées, 4456.)[3].

Changements dans les voix. modifier

De nombreux changements se sont produits, depuis le moyen-âge, en ce qui concerne les voix des verbes. D’une manière générale, les verbes à forme pronominale étaient beaucoup plus nombreux que dans la langue moderne, parce que la plupart des verbes intransitifs avaient une tendance à prendre cette forme. Ils indiquaient alors une action qui ne sort pas du sujet et porte essentiellement sur lui.


On disait : s’apareistre, se combatre, se craindre, se demorer, se douter (craindre), se dormir, se feindre, se gesir, se joster (joûter avec quelqu’un), se merveiller, se morir, se monter, se périr, se partir, se recreidre, recreire (s’avouer vaincu, fatigué), se remembrer, se targier (tarder), etc.

On pouvait d’ailleurs employer aussi beaucoup de ces verbes comme transitifs. Ainsi escrier est transitif au sens de appeler, crier.

Ex. :

Grant est la noise de Monjoie escrier. (Rol., 2151.)
Le bruit est grand quand on crie : Montjoie !

Morir, aux temps composés, est transitif.

Ex. :

Qui tei a mort France douce a honnie. (Rol., 2935.)
Celui qui t’a tué a déshonoré la douce France.

Inversement beaucoup de verbes aujourd’hui réfléchis se présentent sous la forme intransitive ; ces confusions sont constantes.

Ex. :

A halte voiz, prist li pedre a crider. (Alexis, 391.)
Le père se mit à crier à haute voix.
Isnelement sur lor piez relevérent. (Rol., 3575.)
Rapidement ils se relevèrent sur leurs pieds.
Ço vuelt li reis par amor convertisset. (Rol., 3674.)
Le roi veut qu’il se convertisse par amour.
Impersonnels. modifier

Ils étaient aussi beaucoup plus nombreux que dans la langue moderne.

On disait : il afiert (il convient) ; il anuite (il fait nuit) ; il apent (convient) ; il chaut ; il aserit, il avesprit (le soir arrive) ; il abelist (il plaît) ; il dueut (de douloir, il fait de la peine) ; il besogne (il est besoin) ; il loist (lat. licet, il est permis) ; il membre, remembre ; il passe (en parlant du temps) ; il prend (a remembrer lui prist = il (neutre) lui prit à, il (personnel) se mit à se souvenir) ; il estuet (il est besoin) ; il ennuie (il est ennuyeux que) ; il i ot (il y eut), avec un participe passé : il i ot mainte larme plorée ; maint conseil i ot pris et donné (on prit et on donna maint conseil[4]) ; il semble, il est vis ou a vis (même sens).

Emploi des auxiliaires être, avoir. modifier

La règle est, dans l’ensemble, la même que dans la langue moderne, où règne d’ailleurs une assez grande liberté dans l’emploi des auxiliaires avec certains verbes ; les verbes transitifs se construisaient avec le verbe avoir et les verbes intransitifs, par analogie avec les verbes passifs, se construisaient avec le verbe être. Mais comme beaucoup de verbes pouvaient être à la fois transitifs et intransitifs, il s’est produit, en ancien français, de nombreuses confusions dans l’emploi des deux auxiliaires être et avoir.

Les verbes réfléchis se construisaient ordinairement avec être, mais ils pouvaient aussi se construire avec avoir, comme on le voit par les exemples ci-dessous.

On pouvait donc dire : il a sorti et il est sorti ; il est remés et il a remasu (= il est resté) ; il était passé la montagne, il était monté les degrés ; il s’a ad Deu comandét (Alexis, 288.) ; il s’a vestu et chaucié ; vengiéz m’en sui (Rol., 3778.) ; il s’a bien défendu ; il a alé par le chemin (Froissart) ; et avoient li Juis sorti (Id.) ; il estoient fuis (Id.) ; il sont coru (=ils ont couru).


Une construction particulière à l’ancienne langue est la suivante : quand deux participes passés qui se suivaient devaient être construits le premier avec être et le second avec avoir — ou réciproquement — on pouvait sous-entendre le second verbe auxiliaire.

Ex. :

Liquel s’estoient ivernét et passét le temps. (Froissart, IV, 281.)
Lesquels s’étaient hivernés (avaient hiverné) et (avaient) passé le temps.
Ele a tenu ses termes et venue d’un royaume en l’autre. (Froissart, II, 13.)
Elle a tenu ses termes et (est) venue d’un royaume dans l’autre.

Il y a d’ailleurs des exemples antérieurs à Froissart.

Construction des verbes passifs. modifier

L’ancien français construisait volontiers le régime des verbes passifs avec de. Cet usage est resté très vivant au xviie siècle[5]. La construction du verbe passif avec a était également fréquente.

Ex. :

Me gardez que je soie prise a beste cuiverte. (Berte, 895.)
Gardez-moi, que je ne sois prise par une bête perfide.
Emploi de faire. modifier

Faire pouvait, comme dans la langue moderne, remplacer un verbe déjà employé.

Ex. :

Mielz en valt l’ors que ne font cinc cens livres. (Rol., 516.)
Mieux en vaut l’or que ne valent cinq cents livres.

Le verbe faire peut encore s’employer, suivi d’un infinitif, avec la valeur du verbe simple marquée par cet infinitif.

Ex. :

Merci, père, dist-il, or me faites entendre. (Renaut de Montauban, 355.)
Pitié, père, dit-il, écoutez-moi.
Et me proient que je lor face moustrer le Saint Roi. (Joinville, 566.)
Et ils me prient que je leur indique le Saint Roi.

On trouve encore : faites moi escouter, faites moi oïr = écoutez-moi.

Conjugaison périphrastique. modifier

Sur la conjugaison périphrastique de être avec un participe présent ou un gérondif, cf. infra.

Emploi de en avec certains verbes. modifier

Plusieurs verbes, surtout des verbes de mouvement, se faisaient précéder de en principalement quand ils étaient employés comme pronominaux : s’en aler (qui s’est maintenu), s’en venir, en mener, en porter ; courir, s’en courir ; fuir, s’en fuir. Beaucoup de verbes modernes composés avec en-, em- sont issus de cet emploi.

Emploi des temps, emploi des modes dans les propositions indépendantes modifier

Temps de l’indicatif modifier

À l’indicatif les confusions entre l’imparfait et les différents temps du passé sont des plus fréquentes ; sur ce point, la syntaxe de l’ancien français s’éloignait beaucoup de la syntaxe actuelle.

En ce qui concerne le présent, l’ancien français emploie souvent, dans la même phrase, le présent de l’indicatif, le passé défini et le passé indéfini. Ex. :

Com vit le lit, esguardat la pulcele,
Donc li remembret de son seignour céleste. (Alexis, 56.)
Quand il vit le lit et qu’il regarda la jeune fille, alors il lui souvient de son seigneur céleste.
Li cuens Rollanz quant il veit morz ses pers,
Tendror en out, comencet a plorer. (Rol., 2215.)
Le comte Roland, quand il voit morts ses pairs, en eut pitié et commence à pleurer.
Quand se redrecet, mout par out fier le vis. (Rol., 142.)
Quand il se redresse (redressa[6]), il eut (avait) le visage très fier.
En piez se drecet si li vint contredire. (Rol., 195.)
Il se dresse sur ses pieds et vint le contredire.

L’imparfait, qui, dans la langue moderne, marque une action qui durait dans le passé, est souvent remplacé par le passé défini, qui est le temps de la narration et non de la description. La réciproque a d’ailleurs également lieu, mais beaucoup moins souvent avant le xiie siècle.

Ex. :

Li palais fut listez d’azur et d’adimant.
Li palais fut voltiz...
Et fut fait par compas... (Pélerinage, 334.)
Le palais fut (était) bordé d’azur et de diamant...
Il fut (était) voûté...
Il fut (était) bien construit.
Bons fut li siecles al tems ancienour,
Quer feit i eret et justicie et amour. (Alexis, 1.)
Bon fut (était) le monde au temps passé, car il y régnait justice et amour.
Vairs out les oilz et molt fier le visage ;
Gent out le cors et les costez molt larges.
Tant par fut bels, tuit si per l’en esgardent. (Rol., 299.)
[Ganelon] eut (avait) les yeux vairs et le visage très fier ; il eut (avait) le corps bien fait et les côtés très larges ; il fut (était) si beau que tous ses pairs le regardent.

C’est surtout dans l’emploi des verbes être et avoir que cette confusion des temps du passé a lieu.


Mais au xiie siècle, l’emploi de l’imparfait se développe d’une façon de plus en plus sensible, surtout chez Chrestien de Troyes. « C’est un des grands changements survenus du xie au xiiie siècle[7]. »


Le passé défini et le passé indéfini sont souvent employés l’un pour l’autre.

Ex. :

Carles li reis, nostre emperere magnes,
Set anz entiers est remes en Espagne ;
Tresqu’en la mer conquist la terre altaigne. (Rol., 1.)
Charles, le roi, notre grand empereur, sept ans entiers est resté en Espagne ; jusqu’à la mer il conquit (a conquis) la haute terre.
Cordres at prise et les murs peceiez
Od ses cadables les tors en abatiet (Rol., 97.)
Il a pris Cordes et brisé ses murs ; avec ses machines il en abattit les tours.
Vinc en Jérusalem par l’amistét de Deu ;
La croiz et le sepulcre sui venuz aorer. (Pélerinage, 154.)
Je vins à Jérusalem pour l’amour de Dieu ; je suis venu adorer la croix et le sépulcre.

Le passé antérieur est souvent employé pour le plus-que-parfait (qui est très rare en ancien français), surtout dans les propositions relatives. Cet emploi disparaît au xvie siècle.

Ex. :

Il ot pleü : il avait plu (exactement : il eut plu). (Raoul de Cambrai, 2781.)
Quand Raous fut jovenceaus a Paris
A escremir ot as enfanz apris. (Raoul de Cambrai ; G. Paris, Chrest., v. 74.)
Quand Raoul fut (était) jouvenceau à Paris, il avait appris (mot à mot : il eut appris) l’escrime avec les enfants royaux.
Dessus un pui vit une ville ester
Que Sarrazin i orent fait fermer. (Aimeri de Narbonne ; G. Paris, Chrest., v. 35–36.)
Sur une hauteur il vit une ville que les Sarrasins eurent fait (avaient fait) fortifier.
Li empereres out sa raison finie. (Rol., 193.)
L’empereur eut (avait) terminé son discours.

Pour l’emploi et le sens des rares formes anciennes du plus-que-parfait, cf. supra, Morphologie.

Le futur antérieur peut quelquefois servir à rendre, par une extension de sens, l’idée du passé.

Ex. :

E Durendal...
Molt larges terres de vos avrai conquises. (Rol., 2352.)
Eh ! Durendal, que de terres j’aurai conquises par vous ! (c.-à-d. j’ai conquis)
Veüd avrons cest orgoillos rei Carle. (Rol., 3132.)
Nous aurons vu (= nous avons vu, c’est un messager qui parle) cet orgueilleux roi Charlemagne.

Cf. ces vers de Corneille :

Je verrai les lauriers d’un frère ou d’un mari
Fumer encor d’un sang que j’aurai tant chéri. (Corneille[8], Horace, II, 6, 649–50.)

Conditionnel. modifier

Le conditionnel dit présent a, à peu près, dans les propositions indépendantes, le même emploi que dans la langue moderne ; seulement il subit la concurrence de l’imparfait du subjonctif ; cf. infra.

Ex. :

De soe part vos voldreie preier. (Cour. de Louis, 516.)
De sa part je voudrais vous prier.

Le conditionnel passé est d’un emploi très rare. Il est remplacé ordinairement par le plus-que-parfait du subjonctif et quelquefois par l’imparfait du subjonctif ; cf. infra.

Emploi de l’impératif modifier

L’impératif peut être précédé d’un pronom sujet.

L’impératif négatif se rendait fréquemment par l’infinitif précédé de la négation : il correspond à la 2e personne du singulier.

Ex. :

E reis celestes, tu nos i fai venir ! (Alexis, 335.)
Eh ! roi céleste, fais nous y venir !
Nel dire ja. (Rol., 1113.)
Ne le dis pas, ne parle pas ainsi.
Damnes Deu pedre, nen laissier honir France. (Roi, 2337.)
Seigneur Dieu le père, ne laissez pas honnir la France.
Charles ne t’esmaier, ço te mandet Jésus. (Pélerinage, 674.)
Charles, ne t’effraie pas, te mande Jésus.

On trouve aussi quelquefois un infinitif employé sans négation en fonction d’impératif : il est alors procédé de de et de l’article et la phrase impérative débute par or[9]. Ex. :

Or del mangier : eh ! bien, mangeons.
Or del bien faire : songeons à bien faire.
Or du ferir : allons, frappons.

L’impératif est souvent précédé de car (quar, quer) , qui peut se traduire par donc, eh bien !

Ex. :

Ço dist li pedre : « Filz, quer t’en va colchier. » (Alexis, 52.).
Le père dit : « Fils, eh bien, va te coucher. »

Quar chevalchiez = allons ! à cheval ! est fréquent dans la Chanson de Roland.

Emploi du subjonctif modifier

Présent. modifier

Le subjonctif marquant un désir, un souhait (ou un ordre) s’emploie ordinairement sans que.

Ex. :

Deus li otreit sainte beneïçon ! (Rol., 2245.)
Que Dieu lui octroie sa sainte bénédiction !
Ja la vostre anme nen ait duel ne soffraite !
De pareïs li seit la porte overte ! (Rol., 2257.)
Que votre âme n’ait ni deuil ni douleur ; que du Paradis la porte lui soit ouverte !
Ne vos ait hom qui face coardie ! (Rol., 2351.)
Ne vous ait homme qui fasse couardise !
Ne placet Deu ne ses sainz ne ses angeles ! (Rol., 3718.)
À Dieu ne plaise, ni à ses saints ni à ses anges !
Aït vos Deus, qui onques ne mentit ! (Rol., 1865.)
Que Dieu vous aide, qui jamais ne mentit !

Le subjonctif-optatif (marquant le désir) existe encore sans la conjonction que dans la syntaxe moderne, mais avec certains verbes seulement.

Ex. : Fasse le ciel que ; puissé-je de mes yeux y voir tomber ce foudre ; périssent les colonies plutôt que les principes ; à Dieu ne plaise.

Ce qui n’est plus qu’une exception était la règle dans l’ancien français. Au xvie siècle cette règle était encore en plein usage : Souvienne-vous des Athéniens (Montaigne, I, 9). Aille devant ou après (Id., I, 25)[10].

Au xviie siècle, les exemples ne sont pas rares :

Deviennent tous pareils à ces vaines idoles
Ceux qui leur donnent l’être ! (Corneille, IX, 315.)
Quiconque est loup agisse en loup. (La Fontaine, Fables, III, 3.)
Je meure, si je savais cela !
Me confonde le ciel ! (Molière).
Je sois exterminé, si je ne tiens parole ! (Molière, Dépit amoureux, IV, 3[11].)

Le subjonctif présent s’emploie volontiers dans les formules de souhait commençant par si (= lat. sic)[12] et quelquefois par se.

Ex. :

Si m’aït Deus ! (formule très fréquente.)
Que Dieu m’aide ! Par Dieu !
Si Dieus me gart !
Puisse Dieu me garder !
Plus vous amoie la moitié,
Se Dieus ait ja de moi pitié !
Que ne fesoie moi-meïsmes. (Chastelaine de Vergi, 761.)
Je vous aimais, Dieu me pardonne ! la moitié plus que je ne faisais moi-même.
Imparfait et plus-que-parfait. modifier

L’imparfait du subjonctif, employé dans une proposition indépendante, exprime un regret du passé, un souhait qui ne peut pas être réalisé (mode irréel).


Le plus-que-parfait du subjonctif — plus rarement employé d’ailleurs — peut servir à rendre la même idée.

Ex. :

Car la tenisse en France et Bertrans si i fusset,
A pis ed a martels sereit aconseüde. (Pélerinage, 327–8.)
Car si je la tenais en France (puissé-je la tenir) et que Bertrand y fût, à coups de pics et de marteaux elle serait attaquée[13] !
E deus, dist-il, quer oüsse un serjant
Qui·l me gardast ! (Alexis, 226.)
Eh ! Dieu, dit-il, si j’avais un serviteur qui me le garderait[14] !

L’imparfait du subjonctif a aussi le sens du conditionnel présent.

Ex. :

Mais li quens Guenes iloec ne volsist estre. (Rol., 332.)
Mais le comte Ganelon ne voudrait pas être là.

L’imparfait du subjonctif jouait aussi, conformément à son origine (plus-que-parfait du subjonctif en latin), le rôle de conditionnel passé et était même d’un emploi très fréquent dans ce sens.

Ex. :

Qui lui veïst Sarrazins desmembrer ! (Rol., 1970.)
Qui l’aurait vu démembrer ainsi les Sarrasins !
La veïssiez la terre si jonchiée ! (Rol., 3388.)
Là vous auriez vu la terre si jonchée !
Ki pois veïst les chevaliers d’Arabe ! (Rol., 3473.)
Celui qui aurait vu ensuite les chevaliers d’Arabie !
Ne fust la coife de son hauberc treliz,
De ci es denz li eüst le brant mis. (Raoul de Cambrai, G. Paris, Chrest., v. 63.)
Si ce n’eût été[15] la coiffe du haubert tressé, il lui aurait enfoncé sa lame jusqu’aux dents.
Ja de lour vuel de lui ne dessevrassent. (Alexis, 585.)
Jamais, de leur propre volonté, ils ne se seraient séparés de lui.
Ha ! Fine amor, et qui pensast
Que cist feïst vers moi desroi ? (Chastelaine de Vergi, 784.)
Ah ! parfaite amour[16], qui aurait cru que celui-ci me serait infidèle ?

L’imparfait du subjonctif s’emploie avec le même sens dans les propositions subordonnées.

Ex. :

Mais co’st tels plaiz dont il volsist neient. (Alexis, 49.)
Mais c’est un accord dont il n’aurait nullement voulu.

Infinitif modifier

L’infinitif peut être employé en fonction de substantif, sujet d’une phrase, et dans ce cas il prend s, signe du cassujet. Cet emploi est très fréquent ; on sait qu’il s’est restreint à quelques verbes seulement dans la langue moderne.

Ex. :

Li corners ne vos avreit mestier. (Rol., 1742.)
Le corner, le fait de sonner du cor ne vous servirait de rien.

L’infinitif peut être aussi employé, comme un substantif, en fonction de cas-régime.

Ex. :

Dieus exodist les suons pensers. (Vie de Saint Léger, 29 b.)
Dieu exauça ses pensers.
Tot nostre vivre et tot nostre mangier
De cel autel le convient repairier. (Raoul de Cambrai, 1348.)
Tout notre vivre et tout notre manger il convient de le tirer de cet autel.

De plus, l’infinitif peut jouer, accompagné de l’article défini ou d’un adjectif démonstratif ou possessif, le rôle de complément déterminatif, indirect ou circonstanciel.

Ex. :

Tens est del herbergier,
En Rencesvals est tart del repaidrier. (Rol., 2482.)
Il est temps de se reposer, en Roncevaux il est trop tard pour revenir.
En cel tirer le coms s’aperçut alques. (Rol., 2283.)
Au moment où on lui tirait (la barbe), Roland reprit connaissance.

Dans tous les cas où l’infinitif est employé en fonction de substantif, il conserve son caractère de verbe et peut avoir des compléments.

Tant me puis esmaier
Que jo ne fui à l’estorn comencer. (Rol., 2413.)
Je puis m’étonner que je n’aie pas été au début de l’assaut.
A l’esmovoir l’ost le roi. (Joinville.)
Au moment où l’armée du roi se mettait en mouvement.
Infinitif pur dépendant d’un verbe. modifier

L’infinitif pur (non substantivé) dépendant d’un verbe peut être relié à ce verbe soit directement, soit par l’intermédiaire d’une préposition. Il y a, sur ce point, des différences assez nombreuses entre la syntaxe ancienne et la syntaxe moderne.

L’ancien français employait l’infinitif complément sans préposition dans des cas nombreux où nous mettrions à et plutôt de. On construisait ainsi : prier, rover (même sens), conseiller, louer (conseiller), consentir, délibérer, feindre, craindre, douter (craindre), promettre, souloir (avoir coutume), jurer, etc.


Tous ces verbes peuvent d’ailleurs se construire également avec un infinitif prépositionnel (ou même avec un mode personnel ; cf. les propositions complétives).

Ex. :

Me rogat aler en Ninive. (Fragm. de Valenciennes.)
Il me pria d’aller en Ninive.

Tu me rueves dormir. (Vie de S. Thomas, 3325.)

Tu me pries de dormir.

La construction d’un verbe avec à et l’infinitif était beaucoup plus fréquente en ancien français que dans la langue moderne.

Ex. :

Tei covenist helme et bronie a porter. (Alexis, 411.)
C’est à toi qu’il aurait convenu de porter le heaume et la cuirasse.
A ferir le desidret. (Rol., 1482.)
Il désire le frapper.
L’emperedor lui comande a garder. (Rol., 2527.)
Il lui commande de veiller sur l’empereur.

On disait aussi : jurer à (jurer de) ; il me plaist à (il me plaît de) ; je vous avoie oublié a dire (Joinville, 160.).


C’est à des constructions de ce genre qu’on peut rattacher les tournures : prendre à, faire à, suivis d’un infinitif.

Prendre à signifie commencer à, se mettre à : danz Alexis la prist a apeler (Alexis, 62.) ; le seigneur Alexis se mit à l’appeler.


Faire à signifie qui mérite de, qui est à.

Ex. :

Qui molt fait a prisier. (Aimeri de Narbonne, 1469.)
Qui mérite beaucoup d’être prisé.
Donc faites vos bien a blasmer. (Joinville, 36.)
Vous êtes bien coupable.
Molt fait bel ad odir : c’est très beau à entendre.

L’infinitif prépositionnel avec de était moins fréquent que dans la langue moderne : mais peu à peu son emploi s’est développé aux dépens de l’infinitif précédé de à. Là ou l’ancien français disait essayer a faire, et dans d’autres cas semblables, la langue moderne dit essayer de, etc. On disait de même : il covient a faire, il lui plaisoit a demourer, etc.

Parmi les autres prépositions qui peuvent précéder l’Infinitif, citons pour, qui sert à désigner le but, comme dans la langue moderne, mais qui peut avoir aussi le sens de malgré, dussé-je, dût-il.

Ex. :

Ja por morir n’eschiveront bataille. (Rol., 1096.)
Jamais, devraient-ils y mourir, ils ne fuiront la bataille.

Participe présent modifier

Le participe présent[17] se décline comme un adjectif de la deuxième classe : cf. la Morphologie. On disait donc ; uns hom chantanz ; une femme chantant, au cas-sujet singulier ; au cas-sujet pluriel on disait : li home chantant, les femmes chantanz ; au cas-régime : les homes chantanz, les femmes chantanz.

Les formes en -ante, -antes pour le féminin n’existaient pour ainsi dire pas dans l’ancienne langue ; des exemples comme les suivants : si s’en ala criante et plorante (Livres des Rois, 164.), gens mécréantes (ibid., 396) sont des plus rares.

Les formes féminines en -ante, -antes deviennent plus fréquentes en moyen français ; mais jusqu’au xvie siècle la langue a une tendance à faire l’accord en nombre et non en genre : on disait donc plutôt des femmes plorans, chantans que pleurantes, chantantes. « Palsgrave déclare même que le participe présent français n’a pas de féminin[18]. » En 1679, l’Académie décide que le participe présent sera invariable, à moins qu’il ne soit devenu adjectif verbal.

Participes présents à sens passif. modifier

La langue moderne a conservé quelques participes présents à sens passif, dans des expressions comme : rue passante, représentation payante, deniers comptants, etc. Les participes de ce genre étaient très fréquents dans l’ancienne langue ; ils marquent d’ailleurs plutôt une action qui dure qu’un passif proprement dit. Ex. :

Trestuit si nerf molt li sont estendant
Et tuit li membre de son cors derompant. (Rol., 3970.)
Tous ses nerfs sont très tendus,
Et tous les membres de son corps rompus.
S’en ceste terre puet mais estre ataignanz. (Raoul de Cambrai, 3925.)
Si en cette terre il peut être atteint.

On disait : du vin buvant (= bon à boire) ; se faire connoissant, se faire connaître ; faire entendant, faire entendre ; faus dieus mescreants, auxquels il ne faut pas croire[19] ; au jour du tremblant jugement, etc.

Participe présent et gérondif modifier

L’ancien français possédait un participe présent et un gérondif. Le premier suivait les règles d’accord ; le second, correspondant à des formes latines invariables, était invariable comme elles. Chantanz, part. prés. (lat. *cantantis) ; chantant, gérondif (lat. cantando) .

L’ancienne langue avait une conjugaison périphrastique formée du verbe être suivi d’un participe présent[20]. On disait : il est fuianz, il est coranz, il est aidanz, il est chantanz, c’est-à-dire il fuit, il court, il aide, il chante, avec la distinction de l’état et de l’action.

Mais une tournure encore plus fréquente était l’emploi des verbes aller, venir (et de quelques autres verbes de mouvement) suivis d’un gérondif. Cette tournure était très usuelle au xvie siècle et les poètes de la Pléiade en firent un tel abus que Malherbe dut réagir contre cet emploi. Cependant elle était encore restée vivante au xviie siècle, comme on le voit par des exemples bien connus : je m’en vas désaltérant (La Fontaine) ; cf. dans la langue moderne :


Un couplet qu’on s’en va chantant
Efface-t-il la trace altière
Du pied de nos chevaux marqués dans votre sang ? (Musset)

Les exemples sont très nombreux dans la Chanson de Roland : en voici une série, pris dans la même laisse.

Por un sol lievre vait tote jorn cornant.
Devant ses pers vait il ore gabant...
Car chevalchiez ; por qu’alez arrestant ? (Rol., 1780.)
Pour un seul lièvre il (Roland) va tout le jour cornant.
Devant ses pairs il se vante maintenant...
Chevauchez donc ; pourquoi vous arrêtez-vous ?
Son petit pas s’en tornet chancelant. (Rol., 2227.)
Il s’en revient à petits pas, en chancelant.
Fuiant s’en vint (Rol., 2784.) ; vient corant (Ibid., 2822.) ; S’en est tornét plorant (Ibid., 2839.).
Qui vint plorant, chantant l’en fait raler. (Alexis, 560.)
Si quelqu’un vint (= vient) en pleurant, il le fait repartir chantant.
Et cil s’en torne as esperons brochant. (Couronnement de Louis, 2456.)
Et celui-ci s’en retourne piquant des éperons.

Le gérondif des verbes marquant une action des sens, principalement de veoir et ouir, s’employait d’une manière absolue, comme complément circonstanciel.

Ex. :

Veant le roi : le roi voyant, sous ses yeux, devant lui.
Oyant le roi : le roi entendant, devant lui.
Fait son eslais, veant cent milie home. (Rol., 2997.)
Il fait son galop devant cent mille hommes.
Desfi les en, Sire, vostre veiant. (Rol., 326.)
Je les en défie, Sire, devant vous.
Et li dus tout autresi tost
Oiant toz qui oïr le vost. (Chastelaine de Vergi, 927.)
Et le duc aussitôt, devant tous ceux qui voulurent l’entendre.
Gérondif précédé d’une préposition. modifier

Le gérondif peut être précédé de la préposition en, comme dans la langue moderne : en riant, en plorant. Il peut aussi être précédé d’autres prépositions.

Ex. :

Li deffendi sor les membres perdant. (Huon de Bordeaux, 4646.)
Je le lui défendis sous peine de perdre ses membres.
Mais je le fis sor mon cors défendant. (Ibid., 1350.)
Mais je le fis à mon corps défendant.

On sait que cette dernière expression s’est maintenue en prenant un sens figuré.

On trouve dans Joinville : par pais faisant (= en faisant la paix, par le fait de faire la paix), par grant treüt rendant (= en rendant un grand tribut). Cf. encore : Ne vos leroie par les membres perdant (Prise d’Orange, 1427.) ; je ne vous abandonnerais pas, dussé-je y perdre les membres.

Participe passé modifier

Accord du participe passé. modifier

La règle de l’accord du participe passé en ancien français peut se résumer ainsi : « L’ancienne langue peut à volonté faire accorder ou ne pas accorder le participe passé construit avec avoir et son régime, que celui-ci le suive ou le précède[21]. » Ordinairement cependant le participe s’accorde, que le régime direct précède — ce qui arrive plus souvent que dans la langue moderne — ou qu’il suive.

Souvent aussi l’accord ne se fait pas. On peut alors considérer le participe comme un neutre, qui marque simplement l’idée exprimée par le verbe au passé, et qui forme un tout avec l’auxiliaire, qui, lui, marque la personne et le nombre.

Dans la Chanson de Roland le participe s’accorde presque toujours[22] avec le régime, quand ce régime est placé entre le verbe auxiliaire avoir et le participe.

Ex. :

Carles li Magnes at Espagne guastée,
Les castels pris, les citéz violées.
Ço dit li reis que sa guerre out finée. (Rol., 703.)
Charlemagne a dévasté l’Espagne, pris les châteaux et violé les cités. Le roi dit qu’il a fini sa guerre.
... Carles l’emperére
Mort m’at mes homes, ma terre déguastée
Et mes citéz fraites et violées. (Rol., 2755.)
Charles l’empereur m’a tué mes hommes, dévasté ma terre, brisé et violé mes cités.

Quand le régime précède l’auxiliaire avoir, l’accord se fait trois fois sur quatre environ. Cf. l’exemple cité plus haut :

Ço dit li reis que sa guerre out finée.

Quand le régime est placé après l’auxiliaire et le participe, l’accord se fait ou ne se fait pas (il y a à peu près autant d’exemples d’une construction que de l’autre).

Ex. :

Li emperere at prise sa herberge ;
Franceis descendent en la terre déserte.
A lor chevalz ont toleites les selles. (Rol., 2488.)
L’empereur a pris son quartier ; les Français descendent sur la terre déserte : à leurs chevaux ils ont enlevé les selles.
Od vos caables avez froisét ses murs,
Ses citéz arses et ses hommes vencuz. (Rol., 237.)
Avec vos machines vous avez brisé ses murs, brûlé ses cités et vaincu ses hommes.

Telle est la règle à la fin du xie siècle. Dans la période suivante l’accord continue à se faire en général quand le régime précède le participe : cette tradition s’est maintenue jusqu’à la langue moderne.

Dans les autres cas la langue a une tendance à considérer le participe comme une forme neutre faisant corps avec l’auxiliaire et ne prenant pas l’accord. Ce n’est qu’au xviie siècle que la syntaxe a été fixée sur ce point.


La même liberté de construction se retrouve dans les phrases où le participe précédé d’un régime direct précède lui-même un infinitif : je les ai fait voir ; l’ancienne langue pouvait dire : je les ai faits voir, je l’ai fait ou je l’ai faite voir ; je les ai fait ou je les ai faites voir ; je les ai fait ou faites venir ; je les ai faits venir.

Participe passé avec le verbe être. modifier

On trouve le participe passé construit avec le verbe être dans les verbes passifs, et aux temps composés des verbes pronominaux et intransitifs. L’accord, dans tous les cas, se fait avec le sujet (et non avec le régime, comme cela a lieu dans la langue actuelle avec certains verbes pronominaux).

Ex. :

Mais chier me sui venduz. (Rol., 2053.)
Mais je me suis vendu cher.
Amont parmi ces heaumes se sont entreferu. (Fierabras, 1440.)
En haut sur les heaumes ils se sont « entrefrappés ». On disait de même : il est evanoïz (verbe passif, avec participe au cas-sujet) et il s’est evanoïz (verbe pronominal, avec participe au cas-sujet) ; pluriel : il sont evanoï, il se sont evanoï. « Cette règle ne comportait aucuns exception[23]. »

Le participe passé construit avec être est quelquefois invariable quand il commence la phrase : il est alors traité comme un neutre.

Ex. :

Averé fut par cette fin
La prophecie de Merlin. (Phil. Mousket, 19124.)
Par cette fin fut rendue vraie la prophétie de Merlin.
Benoit soit l’eure qu’en mes flans fut portée. (Aliscans, 86.)
Bénie soit l’heure où elle fut portée dans mes flancs.

Cf. encore aujourd’hui : il est venu deux personnes.

L’emploi des neutres comme approuvé, attendu, ci-joint, ci-inclus, invariables quand ils précèdent le substantif, s’explique par cette tournure.

Pour les participes devenus prépositions comme excepté, hormis, etc., cf. supra, Morphologie.

  1. Exemples donnés par Brunot, Gram. hist., § 414.
  2. G. Paris et Langlois, Chrestomathie, 4e éd., p. LXXII.
  3. Il n’est pas probable que il soit un pluriel masculin, car on trouve il avec un féminin : il sont quatre manières (Vie de S. Thomas, 170).
  4. Cf. encore l’emploi de l’impersonnel cité plus haut.
  5. Hasse, Synt. fr., § 113.
  6. Nous mettons entre parenthèses, dans les exemples qui suivent, les formes qu’exigerait la syntaxe actuelle.
  7. Brunot, Hist. de la langue française, I, 241.
  8. Cité par Ayer, Gram. fr., 4e éd., § 204.
  9. G. Paris, Chrest., 4e éd., p. LXXIII.
  10. Darmesteter et Hatzfeld, Le xvie siècle en France, 1ere éd., p. 368.
  11. Cf. Haase, Synt. fr., § 73.
  12. D’après certains grammairiens ces propositions se rattacheraient aux propositions conditionnelles et si proviendrait de la conjonction latine si et non de l’adverbe sic. En réalité il doit y avoir eu des confusions graphiques entre se (= si latin) et si (= sic) dans des phrases de ce genre ; mais nous croyons qu’il y a, à l’origine de ces formules, l’idée de souhait et non celle de condition.
  13. Il s’agit d’une charrue d’or, appartenant au roi de Constantinople, qui émerveille les compagnons de Charlemagne.
  14. On verra d’autres exemples de cet emploi dans l’étude des propositions conditionnelles.
  15. Cf. la tournure moderne : n’eût été.
  16. Amour était du féminin dans l’ancienne langue.
  17. Au début il était invariable ; il ne s’est assimilé aux adjectifs qu’à la fin du xie siècle et au début du xiie.
  18. Brunot, Gram. hist., § 466.
  19. Tobler, Vermischte Beitraege, I (1ere éd.), p 32. sq.
  20. Cf. l’anglais moderne : i am going, je suis allant.
  21. G. Paris, Extraits de la Chanson de Roland, 6e éd., Rem. 70.
  22. D’après les statistiques faites par Étienne, Essai de grammaire de l’ancien français, § 377 sq.
  23. Darmesteter, Cours de grammaire historique, 4e partie (2e éd.), p. 101. Toutes ces pages sur les verbes pronominaux sont excellentes.