Grammaire élémentaire de l’ancien français/Chapitre 4

CHAPITRE IV


CONJUGAISON


La langue française étant, comme les autres langues romanes, une langue analytique, a mieux distingué que ne le faisait le latin les éléments de la pensée.

Ainsi pour le passif le latin se contentait de la forme amor, cantor : le français dit : je suis aimé, chanté, etc.

Là où le latin disait amavi, amaveram, le français, employant une formule analytique, dit : j’ai aimé, j’avais aimé, et ainsi de suite pour les temps composés ou surcomposés. Le passé est marqué par le participe : la personne, le nombre et le temps sont marqués par l’auxiliaire.

Le futur roman est remarquable par sa formation. On disait, en latin vulgaire : habeo amare, habeo cantare avec le sens de : j’ai à chanter, je chanterai. On a dit ensuite : amare habeo, cantare habeo, d’où j’aimer-ai, je chanter-ai.

La formation du conditionnel est de même nature : seulement ici l’auxiliaire est à l’imparfait : cantare habebam, amare habebam > j’aimer[av]ais, je chanter[av]ais[1].

Au subjonctif l’imparfait a été formé du plus-que-parfait latin : amavissem, devenu amassem, que j’aimasse ; cantavissem > cantassem, que je chantasse.

L’ancien français avait un gérondif, qui se confondait souvent avec le participe présent, mais qui s’en distinguait en ce qu’il était invariable : je vais chantant.

Division des conjugaisons

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On divise les conjugaisons en conjugaisons vivantes et en conjugaisons mortes ou archaïques.

Les premières sont : la conjugaison en -er et la conjugaison en -ir inchoative.

La conjugaison en -ir non inchoative, les conjugaisons en -oir et en -re forment les conjugaisons archaïques.

Les conjugaisons vivantes offrent des paradigmes réguliers, applicables à tous les verbes de la même conjugaison. Les conjugaisons mortes forment une série de conjugaisons, avec des différences très sensibles d’un groupe de verbes à l’autre.

Aujourd’hui la conjugaison en -er est la seule vivante. Elle comprend la plus grande partie des verbes. Ces verbes proviennent de verbes latins en -are, ont été formés avec des noms ou sont d’origine savante (comme rédiger, colliger, affliger, appréhender, etc.).

La conjugaison en -ir inchoative comprend des verbes provenant de verbes latins en -ire et des verbes formés avec des adjectifs : riche, enrichir ; pâle, pâlir ; rouge, rougir ; sage, assagir, etc. Il y a aussi un assez grand nombre de verbes provenant du germanique : choisir, rôtir, saisir, fourbir, fournir, etc.

La conjugaison en -oir comprend des verbes provenant de verbes latins en -ḗre; la conjugaison en -re des verbes provenant de verbes latins en ˊ-ere, c’est-à-dire accentués à l’infinitif sur l’antépénultième ou troisième syllabe en partant de la fin du mot.

Plusieurs verbes avaient changé de conjugaison en latin vulgaire : sápĕre devenu sapḗre a donné savoir ; cádĕre devenu cadḗre a donné cheoir, choir. Les infinitifs comme velle, posse étaient devenus volẹ́re, potẹ́re, d’où vouloir et pouvoir.

Rôle de l’accent

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Il faut distinguer dans les conjugaisons les formes accentuées sur le radical des formes accentuées sur les terminaisons.

Aux formes accentuées sur le radical (présent de l’indicatif et du subjonctif, 1ere, 2e, 3e p. sg., 3e p. pl.; impératif, 2e p. sg.) peuvent se produire des changements dus aux lois de la phonétique. Ainsi o ouvert (ŏ, ǫ) se diphtongue en ue sous l’accent et ne se diphtongue pas en dehors de l’accent. On a ainsi, pour trouver, que l’on rattache à un *trǫ́po hypothétique, les formes suivantes :

Au début Plus tard
Trópo je truef, treuve
Trópas tu trueves, treuves
Trópat il trueve, treuve
Tropámus n. trovóns, trouvons
Tropátis v. trovéz, trouvez
Trópant il truevent, treuvent

Au subjonctif présent : q. je trueve, q. n. trovóns.


Voici d’autres exemples où les règles phonétiques sont appliquées.

J’aim[2] n. amons
tu aimes v. amez
il aime(t) il aiment


Je sai n. savons
tu ses v. savez
il set il sevent
Latin lavo, je lave.
Je lef n. lavons
tu lèves v. lavez
il lève(t) il lèvent

Alternance de i et de ei-oi.

Je pri[3] (lat. prę́cor) n. preions, proions
tu pries v. preiez, proiez
il prie(t) il prient

E ouvert tonique non suivi de c, g se diphtonguait en ie; atone il devenait é.

On avait ainsi pour ferir, querir, etc.

Je fier, quier n. ferons, querons
tu fiers, quiers v. ferez, querez
il fiert, quiert il fierent, quierent

Subjonctif présent : q. je fiere, q. je quiere; q. n. feriens, q. n. queriens, etc.


Alternance ei-oi, e.

Je pois (lat. *pẹ́so) n. pesons
tu poises v. pesez
il poiset il poisent

Subjonctif présent : q. je pois, poises, poist; q. n. pesons, etc.

Ces alternances étaient très nombreuses dans l’ancienne langue ; on avait : je pruef, nous prouvons ; je pleure, n. plourons ; j’uevre, n. ouvrons, etc.

La langue, à cause de son besoin d’unité, a choisi en général une seule de ces formes; rarement elle les a gardées toutes les deux ; elle a créé alors deux verbes différents. Ainsi : charrier et charroyer, dévier et dévoyer, plier et ployer (cf. infra déjeuner et dîner).

Dans certains verbes comme *adjutare, *parabolare, *disjejunare, les changements étaient plus importants : on disait : je paróle, tu paróles, il paróle; n. parlóns, v. parléz, il parólent On disait également : je déjeune; nous dinons, v. dinez, il déjeunent[4]. Tous ces changements sont dus au déplacement de l’accent tonique.

Il nous reste encore, dans la conjugaison moderne, des exemples assez nombreux de ces variations du radical, surtout dans les conjugaisons archaïques : je tiens, nous tenons; je veux, nous voulons; je peux, nous pouvons; je viens, nous venons; je conquiers, n. conquérons, etc.

Première conjugaison vivante en -ER

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Indicatif présent

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Je chant n. chantons
tu chantes v. chantez
il chantet il chantent
Remarques

1ere personne du singulier. Les verbes dont le radical était terminé par deux consonnes qui avaient besoin d’une voyelle d’appui ont eu e final dès le début : je trembl-e, je sembl-e. Au xiiie siècle la plupart des autres verbes ont pris cet e. Cependant jusqu’au xvie siècle on trouve des formes comme je pri, quand le radical n’était pas terminé par une consonne. 2e et 3e p. sg. Depuis les origines la 2e personne n’a pas varié. La 3e a perdu le t au xiie s.

Pour la 1ere p. plur. on a au début -omes (picard), -om, -um (normand) et -ons. C’est probablement à sons (de être) que remonte cette dernière. Sons avait un doublet somes qui est resté pour le verbe être, tandis que sons a servi pour les autres conjugaisons.

Chantez représente au début chantets (z = ts en a. fr.). Depuis longtemps z s’est amuï, du moins devant consonne.

Imparfait

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L’imparfait se présente sous trois formes : je chantève < lat. cantabam; je chantoe, chantoue, même origine; je chanteie, chantoie; cette dernière forme, qui est postérieure aux autres, a seule survécu dans la langue littéraire.

Je chant-eie, oie n. chanti-iens
tu chant-eies v. chanti-iez
il chant-eiet il chant-eient


Voici l’explication de ces formes : -eie renvoie à une désinence latine -ẹ́a(m), provenant de -ēbam par chute du b. On suppose que cette forme s’est développée d’abord dans l’imparfait des verbes suivants, très usités pour des motifs d’ailleurs très divers : habebam, debebam, vivebam, bibebam, qui sont devenus habẹ́a, debẹ́a, vivẹ́a, bibẹ́a, d’où aveie, deveie, viveie, beveie. Cet imparfait a donc été emprunté par la 1ere conjugaison. Au xiie siècle -oe, -oue est remplacé par -eie, puis par oie (fin du xiie s.). La terminaison de chant-oie, qui comptait à l’origine pour deux syllabes, devient monosyllabique au xvie s., où l’on écrivait chantoie et chantois. Au xviie la 1ere personne du singulier prend régulièrement s ; à la fin du xviiie s. on écrit chantais. La 1ere et 2e p. pl. sont empruntées à des formes dérivées de -ebámus, -ebátis (et non -abamus, -abatis de la 1ere conjugaison latine). Ces formes sont devenues e-ámus, e-átis, puis i-iens, i-iez, en deux syllabes au début. -I-iens devenu -iens (monosyllabique) a été remplacé de bonne heure par -ions (influence de la désinence -ons de l’ind. prés. 1ere p. pl.).

Je chantai n. chantames
tu chantas v. chantastes
il chantat il chantèrent


Remarque

1ere p. sg. Chantai représente le latin canta(v)i. À la 3e p. chantat n’est pas le représentant phonétique régulier de cantavit : il y a là sans doute une influence analogique du verbe avoir : ai, as, a(t). La 1ere p. plur. (lat. cantávimus) ne devrait pas avoir s intérieure en a. fr. et un accent dans l’orthographe moderne: s provient par analogie de la 2e p. pl. chantastes. À la 3e p. pl. on rencontre des formes en -arent : chantarent. On sait que ces formes se trouvent encore dans Rabelais.

Futur et conditionnel

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Nous nous sommes occupé déjà de leur formation. Le futur est formé à l’aide du présent de l’indicatif du verbe avoir avec suppression de av au pluriel (1ere et 2e p.) : chanter-ai, chanter-as, chan-ter-a; chanter-ons, chanter-ez, chanter-ont.

Le conditionnel est formé de même avec l’imparfait de avoir, aveie, et suppression du radical av.

Je chanter-eie n. chanter-iiens, chanteriens
tu chanter-eies v. chanter-iiez, chanteriez
il chanter-eiet il chanter-eient.
Les transformations de ces désinences sont les mêmes que celles de l’imparfait.

Le futur et le conditionnel se présentent, dans certains verbes, sous une forme contracte : cette contraction se produit dans les verbes dont le radical est terminé par r ou par n : je jurrai pour jurerai ; j’enterrai pour entrerai, je donraidorrai pour donnerai; je menrai, merrai pour ménerai, etc.

Impératif

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Chante; chantons, chantez.

Chante représente régulièrement l’impératif latin canta; chantons, chantez sont des formes empruntées au présent de l’indicatif, ou peut-être au présent du subjonctif.

Subjonctif présent

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Que je chant que n. chantons
que tu chanz que v. chantez
qu’il chant qu’il chantent

Ce sont là les formes les plus anciennes. Les formes en e, es, et (que je chante, que tu chantes, qu’il chantet) ont été empruntées aux autres conjugaisons où cet e provenait de a latin : vendam > que je vende.

Au pluriel -ons, -ez, formes de l’indicatif, ont survécu jusqu’au xvie siècle. Il existait dans les dialectes de l’Est (Reims, Namur, Metz) une forme en -iens, -iez provenant de la conjugaison latine en -io (iens vient de -iamus, -iez de -iatis; serviamus > serviens, serviatis > serviez). Cette désinence a influencé la forme -ons ; de là vient la forme actuelle -ions, qui est ancienne, mais qui n’a triomphé qu’au xvie siècle.


On trouve des formes comme portie (que je porte), demorge (que je demeure), donje (= que je donne). Ces formes ont été faites sur le modèle de morje, vienje, fierge, où le j-g provient de -iam latin avec consonification de i.

Subjonctif imparfait

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Que je chantasse que n. chantassons
que tu chantasses que v. chantassez
qu’il chantast qu’il chantassent

Ces formes représentent assez régulièrement les formes latines cantassem, cantasses, etc., pour cantavissem.

La 1ere et la 2e p. pl. ont les désinences du subj. prés. Elles sont devenues ensuite chantass-ions, chantass-iez sous l’influence de la même analogie.

L’ancien français a eu aussi, au pluriel, des formes en -issions, -issiez, empruntées à la 2e conjugaison vivante: que n. amissions, q. n. parlissions, q. v. parlissiez; q. n. gardissions, tardissions, etc., comme q. n. florissions, etc.

Encore au xvie siècle Rob. Estienne conjuguait : que j’aimasse, que nous aimissions. Palsgrave admet le même paradigme.

Infinitif

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Chant-er

L’infinitif est en ier dans de nombreux verbes: quand -are latin est en contact immédiat avec un i, un c ou un g qui précèdent, ou même quand ce contact n’est pas immédiat et que les voyelles ou consonnes palatales se trouvent dans la syllabe qui précède. Ex. : irier, jugier, vengier (judicare, vindicare), aidier, empirier, despoillier, travaillier, pechier, peschier.

On trouve encore cette diphtongaison en aux formes suivantes : présent de l’indicatif, 2e p. pl., et prétérit, 3e p. pl. (vengiez, vengièrent).

Participe passé

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Chantet, chantede (< cantatum, cantatam).

Le participe est en -iet, -iede quand l’infinitif est en -ier. En picard -iée du féminin se réduit à -ie : despoillie, travaillie, vengie.

Participe présent

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Chantanz[6]

Gérondif

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Chantant : invariable.

Irréguliers

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Ce verbe a trois radicaux provenant du lat. ire, vadere et probablement ambulare. Ire prête son radical au futur-conditionnel; vadere à quatre personnes de l’indicatif présent, à une de l’impératif (et aussi dans l’ancienne langue au subjonctif présent).

Ind. prés. Je vois (et vai), tu vas, vais, il vait, va; n. alons, v. alez, il vont.

Vois ne peut pas venir de vado : il correspond à vado + is, ce dernier élément étant peut-être emprunté à des formes comme conois < cognosco, nais < nascor. Vois est remplacé petit à petit par la forme vais analogique de la 2e et 3e p. sg. Vais triomphe au xvie siècle.

La 2e et la 3e p. sg., vais et vait, paraissent analogiques de fais, fait. Impératif: va (déjà sous cette forme dans des inscriptions latines) ; alons, alez.

Subj. prés. : que je voise, q. tu voises, qu’il voise; q. n. aillons, q. v. aillez, qu’il voisent. Il y avait aussi, au présent du subjonctif, un paradigme avec l mouillée à toutes les personnes, qui s’est maintenu en partie : que j’aille, ailles, aillet; aillions (auj. allions), ailliez (auj. alliez), aillent. On avait enfin d’autres formes de subjonctif présent comme alge et auge.

Ind. prés. Estois, estas, esta; n. estons, estez, estont. Estois est aussi difficile à expliquer que vois ; il y a eu sans doute une influence analogique, sans qu’on puisse préciser quelle est cette analogie.

Subj. prés. Estoise, estoises, estoit. Impér. Esta; estez.

Parfait. Estai, as, a, comme aimai, chantai. On a aussi une autre forme se rattachant au latin vulgaire *stetui pour steti : j’estui, tu esteüs, il estut; il esturent. L’imparfait du subjonctif est estasse ou esteüsse, suivant qu’il est fait sur la première ou sur la deuxième de ces formes.

Ce verbe est régulier ; cependant on trouve doins (< don(i)o + s) à l’indicatit présent (1ere p. sg.) et par suite doinse, doinses, doinstdoint aux trois personnes du singulier du subjonctif présent : cette 3e personne du singulier doint s’est conservée jusqu’au xviie siècle dans des formules comme : Dieu vous doint. Au futur on trouve : donerai, donrai et dorrai.


Les verbes prouver et trouver avaient à l’indicatif présent, 1ere p. sg., des formes irrégulières comme je pruis, je truis et, au subj. prés., 1ere p. sg., q. je truisse, pruisse.


Envoyer et renvoyer avaient, au futur, une forme populaire envoyerai[7], qui a survécu jusqu’au xviiie siècle. La forme enverrai, renverrai est aussi ancienne, et peut-être plus. Elle est d’ailleurs difficile à expliquer, au point de vue phonétique.


Deuxième conjugaison vivante en -IR

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Cette conjugaison comprend les verbes en -ir inchoatifs[8] ; ce sont ceux dont le radical est allongé par l’infixé -iss aux temps suivants : indicatif présent et imparfait, subjonctif présent, impératif, participe présent. Ex : nous fin-iss-ons, je fin-iss-ais, fin-iss-ant.

Formes avec suffixe inchoatif

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Indicatif présent

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Je fen-is (< finisco) n. fen-iss-ons
tu fen-is (< finiscis) v. fen-iss-ez
il fen-ist (< finiscit) il fen-iss-ent

Il n’y a rien à remarquer sur ces formes, sinon que s, à la 3e p. sg., disparaît de bonne heure devant t. Au pluriel les terminaisons sont les mêmes que celles de la 1ere conjugaison.

Imparfait

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Je fen-iss-eie, oie n. fenissiiens
tu fenisseies, oies v. fenissiiez
il fenisseiet, oiet, oit il fenisseient, oient

Mêmes observations que pour l’imparfait en -eie de la 1ere conjugaison; cf. supra; au pluriel i-iens, i-iez sont dissyllabiques à l’origine.

Impératif

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Fenis ; fenissons, fenissez

Subjonctif présent

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Que je fenisse que n. fenissons
que tu fenisses que v. fenissez
qu’il fenisse(t) qu’il fenissent

Les formes fenissiens (fenissions), fenissiez sont plus récentes. Cf. supra, conjugaison en -er.

Participe présent

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Fenissant

La terminaison -ant est empruntée à la conjugaison en -er.

Formes sans suffixe inchoatif

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Parfait

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Je feni n. fenimes
tu fenis v. fenistes
il fenit il fenirent

À la 1ere p. sg. feni renvoie au latin finí-i pour finívi. S n’a été ajoutée d’une manière régulière qu’à partir du xviie s. ; mais on la trouve bien avant. Fenimes vient du latin finí(vi)mus ; fenistes de finí(vi)stis ; fenismes a été refait sur fenistes.

Subjonctif imparfait

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Que je fenisse que n. fenissons
que tu fenisses que v. fenissez
qu’il fenist qu’il fenissent
Ces formes paraissent être les mêmes que celles du subjonctif présent ; mais ici elles proviennent du latin finissem pour finivissem, tandis qu’au subjonctif présent elles proviennent de finiscam devenu *finissam dans le latin vulgaire (finiscam aurait donné fenische).

Participe passé

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Fenit, fenide

Bénit est le seul verbe qui aujourd’hui ait gardé le t au participe.

Fenir-ai

Conditionnel

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Fenir-eie

Ces formes sont régulières, du moins en apparence. Dans les verbes du premier fonds de la langue, i aurait dû disparaître, puisque l’infinitif, dans sa réunion avec habeo n’a plus l’accent sur la finale et forme avec habeo un mot unique : finiráyo. Mais la langue a conservé i de l’infinitif, parce que cet i était la caractéristique de cette 2e conjugaison vivante.

Irréguliers

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Les verbes irréguliers de cette conjugaison étaient assez nombreux autrefois. Aujourd’hui il n’y a plus que bénir et haïr.

Bénir n’a plus d’irrégulier que le participe bénit, qui, au sens liturgique, a gardé le t. Au moyen âge on a eu longtemps au parfait : je benesquis ; nous benesquimes, il benesquirent. L’infinitif était beneïr ; on avait aussi beneïstre, d’où le futur beneïstrai, benistrai.

Haïr est passé dans la langue moderne à la conjugaison inchoative, sauf aux trois premières personnes du singulier du présent de l’indicatif : Je hais, tu bais, il hait ; au moyen âge on avait nous hayons, v. hayez, il haient. Imparfait. Je hayeie, oie. Subj. prés, que je haie. Impératif. haez. Participe présent : hayant.

Guérir est aujourd’hui régulier. Au moyen âge le parfait se conjuguait ainsi :

je garis n. garesimes
tu garesis v. garesistes
il garist il garirent

Conjugaisons archaïques

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Les conjugaisons archaïques comprennent :

  1. des verbes en -ir (non inchoatifs) ;
  2. tous les verbes en -re;
  3. tous les verbes en -oir[9].

Conjugaison en -IR non inchoative

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Indicatif présent
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Je serf n. serv-ons
tu sers v. serv-ez
il sert il serv-ent

À partir du xiiie siècle s s’ajoute à la 1ere personne et on a sers avec chute de f devant s.

Aux trois personnes du singulier il se produit de nombreuses modifications du radical devant s et t finals : ainsi, à la 1ere p. sg., je sers (non je serfs ou servs), je pars (non je parts) ; le radical pur reparaît au pluriel : n. serv-ons, n. part-ons, etc. D’autres modifications plus profondes se produisent dans les verbes dont le radical se termine par l mouillée. Elles seront étudiées à propos des verbes principaux de cette catégorie.

Imparfait
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On avait une forme (propre aux dialectes de l’Est, surtout au bourguignon) analogue à celle de la conjugaison en -er : je servive (comme je chantève) ; n. servi-iens, v. servi-iez, il servivent. Mais la forme en -eie[10], -oie la supplanta de bonne heure.

Je serv-eie, oie n. servi-iens
tu serv-eies v. servi-iez
il serv-eie(t) il serv-eient, oient
Parfait
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Je servi, servis (comme je feni, fenis).

Servirai (de servire habeo).

Conditionnel
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Servireie (de servire habebam), oie, etc.

Impératif
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Serf (sers à partir du xiiie s.) ; servons, ser-vez, formes de l’indicatif présent ou peut-être du subjonctif présent. Cf. supra, première conjugaison vivante.

Subjonctif présent
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Que je serve que n. ser-vons
que tu serves que v. serv-ez
qu’il serve(t) qu’il serv-ent

Ces formes correspondent à des formes latines comme servam, servas, etc., au lieu de serviam[11], servias, etc. De même : que je parte renvoie à *partam, au lieu de *partiam (lat. class. partiar). Cependant, pour certains verbes, surtout pour ceux dont le radical est terminé par l ou n, les formes provenant de -iam se sont maintenues. On a ainsi que je bouille (bulliam), que je saille (saliam) et par analogie : que je faille < *falliam pour fallam. À la 1ere p. plur. on avait sailliens, sailliez, représentant normalement saliamus, saliatis. On a eu par analogie serviens, serviez; partiens, partiez, et plus tard servions, partions, etc. Mais les formes sèches (c’est-à-dire sans i) du pluriel se sont maintenues jusqu’au xvie siècle (q. n. servons, q. v. servez).

Subjonctif imparfait
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Que je servisse, comme fenisse.

Participe présent
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Servant[12]. La terminaison -ant est empruntée à la conjugaison en -er.

Participe passé
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Servi, servie.

Les participes passés de cette conjugaison correspondent :

  1. à des participes passés du latin classique ou vulgaire en -ītum : servi, sailli, oui ;
  2. à des participes latins en -ūtum : couru, issu, boulu, falu, feru, jeü ;
  3. à d’autres participes latins, comme mort < *mortum, pour mortuum; quis de quérir, a été formé d’après le parfait quis.

Cette conjugaison ne comprend plus aujourd’hui qu’une vingtaine de verbes simples, dont plusieurs sont défectifs. Voici les formes les plus importantes des principaux d’entre eux.

Bouillir, faillir, saillir, cueillir

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Dans ces verbes il y avait alternance entre le radical avec l mouillée (ill) et le radical avec l non mouillée (l), suivant que l était, dans le latin vulgaire, en contact avec i semi-voyelle (bullio, bulliam ; salio, saliam, saliens) ou non. Aujourd’hui, par suite de l’analogie, des transformations assez nombreuses se sont produites dans les radicaux de ces verbes.

Bouillir (d’abord boulir). Ind. prés. : je boil, tu bolsbous, il boltbout ; n. bolons, v. bolez, il boillent (bulliunt). Subj. prés, que je boille, es, e; que n. boliens, boliez, boillent. Part. prés. boillant.

Les autres formes n’avaient pas l mouillée. Imparfait de l’indicatif : je boleie. Parfait : je boli, bouli, is, it. Imparf. du subj.: que je bolisse. Infinitif : bolir. Part. passé : bouli et boulu (encore usité au xvie siècle). Futur : boldrai, boudrai.

Tressaillir (et saillir) se conjuguaient ainsi.

Ind. prés. : je tressail, tu tressalstressaus, il tressalttressaut ; n. tressalons, v. tressalez, il tressaillent. Imparfait : je tressailleie (< *tressaliebam). Subjonctif présent : q. je tressaille. Le radical en l mouillée s’est généralisé à l’indicatif présent (tu tressailles, il tressaille, sur le modèle de : je tressail), à l’infinitif tressaillir (d’abord tressalir), au prétérit tressaillis (d’abord tressali) et à l’imparfait du subjonctif: q. je tressaillisse. Le futur était tressaudrai, aujourd’hui tressaillirai[13] (saillir fait au futur saillirai au sens de jaillir, saillerai au sens de faire saillie).

Faillir

Ind. prés.: je fail (lat. vulg. *fallio pour fallo), tu fals, il falt ; nous falons, v. falez, il faillent (*falliunt pour fallunt). Subj. prés.: que je faille. Ind. imparfait : je faleie. Infinitif: falir. Part. prés. : falant. Part. passé : fali. Futur : faldrai, faudrai.

Avec le radical en l mouillée faill- a été formé le verbe faillir, où l mouillée s’est généralisée. Le verbe fal loir, qui n’est qu’un doublet de faillir, n’a plus de formes en l mouillée qu’au subjonctif présent : qu’il faille.

Cueillir a aussi généralisé l mouillée à l’indicatif présent : l’ancienne conjugaison était : je cueil, tu cuels, il cuelt ; n. coillons, v. coillez, il cueillent. Imparfait : je coillais. Parfait : je coillis. Subjonctif présent : que je cueille, etc.

Il y avait deux radicaux dans ee verbe : cueil- aux formes accentuées sur le radical ; coil- aux autres formes. C’est le premier radical qui a été généralisé.

Ferir, gesir, querir, etc.

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Ferir

Ind. prés. : je fier, fiers, fiert ; n. ferons, ferez, fierent. Subj. prés. : que je fiere[14], es, etc. Impératif: fier. Indicatif imparfait : fereie. Parfait : feri. Futur : ferrai. Condit. : ferreie. Part. passé : feru.

Gesir

Ind. prés. : je gis, tu gis, il gist ; n. gesons, v. gesez, il gisent. Imparfait : geseie. Prétérit : je jui, tu jeüs, il jut; n. jeümes, v. jeüstes, il jurent. Futur : gerrai. Subj. prés. : que je gise; que n. gesiens. Imparf. : que je jeüsse. Part. prés. -gesant. Part. passé : jeü, ju. Le radical gis- des formes accentuées sur le radical a remplacé ges- des formes atones.

Querir (Querre)

Ind. prés. : Je quier-s; n. querons, il quierent. Imparfait : je quereie. Parfait :

Je quis n. quesimes, que-ïmes, quimes
tu quesis, que-ïs, quis v. quesistes, que-ïstes, quistes[15]
il quist il quistrent, quirent
C’est un parfait fort; ces parfaits seront étudiés plus loin.

Futur : querrai. Condit. : querreie. Subj. prés. : q. je quiere, quieres, quiere; q. n. queronsqueriens, queriez, quierent. Imparfait : quesisse, puis que-ïsse, quisse. Part. passé: quis.

Cf. encore les composés : acquérir, conquérir, requérir.

Issir

Le radical des formes accentuées sur le radical est iss-, celui des autres formes eiss-, La confusion entre ces deux radicaux s’est produite de bonne heure. Ind. prés. : j’is, tu is, il ist; n. eissons, eissez, issent. Imparfait : eisseie. Prétérit : eissi. Futur : istrai. Conditionnel : istreie. Subj. prés.: que j’isse; que n. eissiens, etc. Infinitif: eissir; forme plus récente issir. Part. prés.: eissant, issant. Part. passé : eissu, issu.

Vestir faisait au part. passé vesti et vestu. Cette dernière forme a seule survécu. Revêtir et dévêtir l’ont gardée. Travestir et investir, formes savantes, ont le participe en i : investi, travesti.

Ouïr

Défectif aujourd’hui. Ind. prés.: j’oi, tu os, il ot; n. oons, v. oez, il oient. Imparfait: j’oeie. Parfait: j’oui(s). Futur : orrai, encore usité au xviie siècle. Conditionnel : orreie. Subj. prés.: que j’oie, oies, oiet; q. n. oiens, oiez, oient. Oyons, oyez (impératif) sont encore usités au xviie s. Part. prés.: oiant, oyant. Part. passé : oui.

Courir

Le parfait de ce verbe était en -i dans l’ancienne langue : je couri, tu couris, etc. L’imparfait du subjonctif était, par suite, en -isse : que je courisse; on trouve encore cette forme au xviie siècle. Le parfait actuel en -us a été emprunté à la conjugaison en -oir. Futur : courrai, formé sur l’infinitif courre.

Mourir

Ind. prés. : je muir, tu muers, il muert ; n. morons, v. morez, il muerent. La forme actuelle de la 1ere personne du singulier est analogique de la 2e et de la 3e p. sg.

Le parfait actuel est en -us : il a été autrefois en -i et en -us. Je mori, tu moris, etc., et je morui, tu morus, etc.; par suite l’imparfait du subjonctif était : que je morisse et que je morusse. Futur : morrai.

Subjonctif présent : que je muire[16], muires, muire; q. n. moriens, moriez (et aussi morons, morez), muirent. Les formes actuelles du singulier sont analogiques du présent de l’indicatif.

Tenir, venir

Ven-ire a entraîné dans la conjugaison en -ir tenere, devenu *tenīre.

Le radical accentué est tien-, vien- ; le radical non accentué ten-, ven-. Ind. prés.: je vien, tien; n. venons, etc.

Au subjonctif n au contact de i est devenu n mouillée, c’est-à-dire gn. On avait donc : que je viegne[17], viegnes, viegne ; q. n. veniensvenions, q. v. veniez, (venons, venez), qu’il viegnent ; on avait de même : que je tiegne (venant de teniam pour teneam). Vers la fin de la période du moyen français (xve siècle) le radical vien-, tien-, avec n non mouillée, a remplacé viegn- : d’où les formes actuelles vienne, tienne.

Le futur était tendrai, vendrai, aujourd’hui tien-d-rai, vien-d-rai, avec emprunt du radical accentué.

Quant au parfait, il appartenait à la classe des parfaits forts dont il sera bientôt question.

Je vin, tin n. venímes, tenímes
tu venís, tenís v. venístes, tenístes
il vint, tint il vindrent, tindrent
Sous l’influence de ī final le parfait latin veni est devenu vīni en latin vulgaire, d’où vin, et, par analogie, tin. À la 3e p. sg. i est analogique de la 1ere personne; l’i final de cette 3e p. n’étant pas long n’aurait pas pu modifier la voyelle tonique. L’i de la 3e p. du pluriel s’explique de même.

Le radical accentué tin-, vin-, s’est généralisé dans la conjugaison moderne du parfait de ces deux verbes.

L’imparfait du subjonctif était : que je tenisse, que je venisse; formes modernes : tinsse, vinsse, avec les radicaux tin-, vin-.

Participes passés : tenu, venu.

Conjugaison en -RE

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Verbe rompre

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Indicatif présent

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Je ron + s n. romp-ons
tu rons, ronz v. romp-ez
il ront il romp-ent

Aux trois personnes du singulier, la consonne finale du radical peut subir des modifications ou disparaître par suite de s ou de t finals : ainsi on avait : tu parz et non tu parts (groupe de trois consonnes), tu ronz, plus tard tu romps, etc. La consonne finale du radical reparaît au pluriel. À la 1ere p. sg. s apparaît de bonne heure, mais ne se généralise qu’assez tard, à la fin de la période du moyen français (xve s.).

À la 3e p. sg., dans les verbes dont l’infinitif se termine en -dre, comme perdre, mordre, tordre, etc., la langue moderne a changé le t final, qui provenait du latin, en d: l’ancien français écrivait pert, mort, vent; la langue moderne écrit perd, mord, vend, mais le t reparaît dans les liaisons, comme : il ven(t) à perte.

Imparfait

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Je rompeie.

Parfait

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Ici il faut établir une distinction entre les parfaits faibles et les parfaits forts. Les parfaits faibles sont toujours accentués sur la terminaison ; les parfaits forts sont accentués sur le radical à la 1ere p. sg., à la 3e p. sg. et à la 3e p. pl. ; ils sont accentués sur la terminaison aux autres personnes. Nous allons revenir sur ce temps.

Impératif

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Romp (s n’a été ajoutée qu’assez tard) ; rompons, rompez.

Subjonctif présent

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Que je rompe (lat. rumpam), que n. rompons, plus tard rompiens, rompions; que v. rompez, rompiez qu’il rompent.

Imparfait du subjonctif

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Il est formé sur le radical du parfait : je rompi-s, que je rompisse. Dans les verbes à parfaits forts il est formé avec le radical des formes faibles (2e p. sg., 1ere et 2e pl.); parfait: je fis, tu fes-is; imparfait du subjonctif : que je fes-isse. Cf. plus loin pour plus de détails.

Romprai.

Conditionnel

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Rompreie.

Infinitif

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Rompre.

Participe présent

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Rompant, formé sur am-antem, et non sur rump-entem.

Participe passé

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Rompu, du lat. vulgaire *rumputum pour ruptum (a. fr. rout ; cf. route, déroute).

Les participes passés de cette conjugaison correspondent :

  1. à des participes passés latins en -ūtum (lat.cl. ou lat. vulg.) : cousu, vécu, bu, cru, , plu, tu, etc ;
  2. à des participes latins accentués sur le radical : clos (< clausum), cuit, dit, duit, fait, trait; plaint, joint, etc.

En général cette seconde catégorie de participes correspond à des parfaits terminés en -s (lat. -si, -xi), la première catégorie correspond aux parfaits en -us (lat. -ui).


Les verbes de cette conjugaison, avons-nous dit, présentent dans l’ancienne langue des parfaits forts et des parfaits faibles.

Verbes à parfaits faibles

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Le parfait faible était le suivant, où toutes les formes sont accentuées sur la terminaison.

Je rompi-(s) n. rompimes
tu rompis v. rompistes
il rompit il rompirent

C’est la même formation que le parfait de servir. Il y eut aussi un autre parfait, dont les formes furent surtout fréquentes à la 3e p. du sg., et qui est perdiet (du latin perdédit). On a ainsi rendiet, tendiet, defendiet, etc. Ce parfait est surtout propre aux verbes en -dre, comme perdre, tordre, mordre, mais on le rencontre aussi dans d’autres verbes : rompiet.

Imparfait du subjonctif

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Que je rompisse q. n. rompissons, iens, ions
que tu rompisses q. v. rompissez, iez
qu’il rompist qu’il rompissent

Parmi les verbes à parfaits faibles, c’est-à-dire constamment accentués, au parfait, sur la terminaison, nous citerons les suivants : battre (je batti-s), défendre (je defendi-s), descendre, pendre, rendre, tendre, vendre; fondre, tondre; vaincre, suivre.

Les verbes mordre, tordre et les verbes dont l’infinitif est en -aindre, -eindre, -oindre, ont des parfaits forts.


D’autres parfaits sont en -us. Nous allons donner les exemples de parfaits faibles en -i (-is) et en -ui (-us); nous donnerons ensuite les exemples des parfaits forts.

Parfaits faibles en -I

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Les verbes les plus intéressants de cette section sont les suivants. Nous donnons en même temps que le parfait les temps principaux ou les formes les plus importantes.

Suivre

Ind. prés.: je siu (plus tard je sui, je suis), tu siussuis, il siutsuit; n. sevons (suivons), v. sevez (suivez), il siventsuivent. Imparfait : je seveie, ou plutôt je sieveie. Parfait: je sévisivi; il sivirent. Futur: je sivrai. Conditionnel: je sivreiesevreie. Subj. prés.: q. je sive et q. je sieve. Infinitif: siure, suire, suivir, etc[18]. Part. présent : sivant, sevant, sievant. Part. passé : seü < secútum et suivi, qui se rattache à l’infinitif suivir.

Les formes du radical étaient, comme on le voit, nombreuses dans ce verbe ; elles se sont réduites à suiv-, forme composée du radical sui- du singulier du présent de l’indicatif et du radical sev-, propre au pluriel de ce temps et aux formes non accentuées sur le radical : le v provient de l’u de qu.

Coudre

Radical coud- (infinitif, futur, conditionnel et 1ere, 2e, 3e p. sg. ind. prés., 2e p. sg. impératif[19]); cous- aux autres temps. Parfait : je cousis. Part. passé : cousu.

Vivre a deux radicaux : viv- aux temps de la 1ere série, à l’infinitif et au participe présent; vesc-, véc-, au parfait et aux temps dérivés. Aux trois premières personnes de l’ind. prés., le radical viv- s’est réduit à vi- devant s, t.

Le parfait fut longtemps vesquis (on trouve encore survesquis au xviie s.); vécus est plus récent. Part. passé: vescu, vécu.

Naître a trois radicaux : naist- (naît-), naiss-, nasqu- (naqu-). Les formes ne présentent pas de difficultés. Ind. prés.: je nais; n. naiss-ons. Parfait : je nasquis.

Parfaits faibles en -UI (-US)

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Cette classe n’est pas très nombreuse. On pourrait y mettre, d’après les parfaits actuels, le verbe courre, déjà vu sous courir (cf. supra), moudre et soudre, dont le radical était primitivement : mol-, mold-, et sol-, solv-.

Moudre

Parf.: je molui, tu molus, il molut, etc.


Quant à soudre, son ancien parfait était fort : sols, solsis, solst, etc. La forme solu dans je résolus est relativement récente. Il y a donc lieu de le classer parmi les verbes à parfait fort. Notons que absolu, dissolu, formes régulières du participe passé[20], sont devenus des adjectifs; les participes sont absous, dissous, renvoyant à des radicaux en sols- (*absolsum, *dissolsum) ; mais il y avait une autre forme absout, dissout, dont le féminin était absoute, dissoute renvoyant à des formes latines *absóltum, *dissóltum.

Parfaits forts de la conjugaison en -RE

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Parmi les parfaits les plus importants de cette classe, citons d’abord les plus usuels, se rattachant aux parfaits latins en -si, -xi (je mis; je pris; je dis, etc.) et aux parfaits en -i, comme fec-ī; voici les paradigmes :

Je fis je pris
tu fesís[21] tu presís
il fist il prist
n. fesímes n. presímes
v. fesístes v. presístes
il fi(s)rent il pristrent

Fis correspond à une forme *fici (pour fecī) du latin vulgaire ; pris vient de *prisi pour prendidi.

Sur pris se conjuguent : je mis, tu mesís (mettre); je dis, tu desís ; je quis, tu quesís (quérir), etc.

L’évolution de ces formes est la suivante : probablement par suite de dissimilation s intervocalique disparut de bonne heure dans les formes faibles fesis, fesimes, fesistes, qui devinrent fe-ïs, fe-ïmes, fe-ïstes et se maintinrent ainsi pendant la période du moyen français (xivexve s.). Cet hiatus interne (fe-ïs) disparaissant, on eut les formes fis, fimes, fistes, ou plutôt les formes feis, feimes, feistes, où la pseudo-diphtongue ei[22] est, au xvie siècle, une pure survivance orthographique. De même presis, presimes, mesis, mesimes, devenus pre-ïs, pre-ïmes, me-ïs, me-ïmes, puis preis, preimes, meis, meimes ont abouti aux formes actuelles pris, prîmes, mis, mîmes, etc.

Le même processus a eu lieu dans le radical de l’imparfait du subjonctif, qui était le suivant :

Que je fesisse plus tard (fe-ïsse, fisse)
que tu fesisses (fe-ïsses, fisses)
qu’il fesist (fe-ïst, fist)
que n. fesissons, iens, ions (fe-ïssions, fissions)
que v. fesissez, iez (fe-ïssiez, fissiez)
qu’il fesissent (fe-ïssent, fissent)

On avait de même : que je presisse (pre-ïsse, prisse) ; que je mesisse (me-ïsse, misse); que je desisse (de dire), que je quesisse (de quérir), etc., etc.


Voici les autres temps de dire, faire.

Dire

Ind. prés. : je di, tu dis, il dit; n. dîmes, v. dites, il dient. Imparf.: je diseie. Parf.: je dis, tu desis, il dist, etc. Subj. imparf. : que je desisse (de-ïsse, disse). Subj. prés.: que je die, dies, die; que nous diiens, dions, q. v. diiez, diez, qu’il dient. Le radical dis-, qui se trouvait dans je diseie, a remplacé le radical di- au subjonctif présent. Mais la forme die a survécu longtemps.

Faire

Ind. prés.: je faz, tu fais, il fait; n. faimes, v. faites, il font. Imparfait : je fesoie. Futur : ferai. Conditionnel : fereie. Subj. présent : que je fasse, face; que nous fassiens, faciens, etc.

Rire faisait aussi, au parfait, je ris, tu resis, il rist ; n. resimes, il rirent, et, à l’imparfait du subjonctif, q. je resisse.

Cuire, détruire, duire (conduire, produire, etc.), luire Le parfait était le suivant (duire) :

Je duis n. duisímes
tu duisís v. duisístes
il duist il duistrent

On conjuguait de même : je luis, tu luisis; je destruis, tu destruisis; je construis ; je cuis, tu cuisis, etc. Depuis le xiiie siècle il existe pour ces verbes, sauf pour les défectifs, un parfait faible, qui est le parfait actuel : je conduisis.

Pour nuire, cf. infra, parfaits forts en -ui.

Conclure, exclure font, au parfait, conclus, conclusis, etc. Mais ils se sont assimilés de bonne heure aux verbes à parfait faible en -us : d’où les formes actuelles : je conclus, tu conclus.

Tordre et mordre avaient dans l’ancienne langue des parfaits forts: je tors, tu torsis, il torst; n. torsimes, etc. Ces parfaits ont été remplacés, à la fin de la période de l’ancien français, par les parfaits faibles actuels : je tordis, je mordis, avec le radical du présent mord-, tord-.

Sourdre avait de même un parfait : je sors, tu sorsis, il sorst.

Prendre dont nous avons étudié le parfait, voit nd réduit à n, aux trois personnes du pluriel de l’indicatif présent, au subjonctif présent, à l’imparfait de l’indicatif et au participe présent. Le radical avec nd[23] a existé dans l’ancienne langue, mais a fait place de bonne heure au radical réduit à n. Au subj. présent on avait preigne, par analogie de plaigne, ceigne, etc. La forme actuelle prenne est empruntée ou radical de l’indicatif présent (pluriel) et est relativement récente. Clore

Ind. prés.: clo, clos, clot; n. cloons, v. cloez, il cloent (auj. ils é-clos-ent). Parfait: je clos, tu closis, il clost, etc.


Ce sont surtout les verbes en -aindre, -eindre, -oindre, qui ont subi des tranformations importantes au parfait. On conjuguait leurs parfaits, qui étaient forts, sur le paradigme suivant :

Je plains (lat. planxi) n. plainsímes
tu plainsís v. plainsístes
il plainst il plainstrent


De même : je ceins, tu ceinsis, il ceinst; je feins, tu feinsis, il feinst. Je joins, tu joinsis, il joinst.

La forme actuelle faible, je plaignis, je joignis, je feignis, est relativement récente (fin de la période de l’ancien français, xiiiexive s.).

La plupart de ces verbes ont eu aussi une forme de radical terminé en d au parfait, comme je plaindis : elle disparaît pendant la période du moyen français.

Craindre

Ce verbe avait trois parfaits : un parfait fort en -s (je crens, tu crensis, il crenst); deux parfaits faibles, l’un en -ui, -us (je cremui, tu cremus, etc.), l’autre en-i (je cremi-(s), tu cremis, etc.). La forme craignis, analogique, a supplanté les trois autres. Part. passé : cremu.

Ind. prés. : je criem[24], tu criens, il crient; n. cremons, v. cremez, il criement. Imparf. : je cremeie. Infinitif: criembre, criendre, et, par analogie des verbes en -aindre, craindre; d’où la conjugaison actuelle, semblable à celle de plaindre.

Querre

Cf. quérir. Ind. prés.: je quier; n. querons. Parfait: je quis, tu quesis, il quist, etc. Subj. imparfait: que je quesisse. Traire[25]

Ind. prés.; je trai, trais, trait; traions, trai-iez, traient. Subj. prés.: que je traie. Parfait: trais, traisis, traist ; n. traisimes, etc. Part. présent : traiant. Part. passé : trait.

Ecrire avait deux parfaits : j’escris, tu escresis, etc., parfait fort (du latin scripsi, scripsisti), et j’écrivis, tu écrivis, etc., parfait faible.

Parfaits en -UI, -US

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Ces parfaits correspondent à des parfaits latins (latin vulgaire ou latin classique) en -ui. Ils sont propres surtout aux verbes en -oir. Voici les principaux verbes en -re qui présentent ces parfaits : nous donnons en même temps les formes des temps principaux.

Boire

Ind. prés. : je boi (et boif), tu bois, il boit; n. bevons, v. bevez[26], il boivent. Imparfait: je beveie. Subj. prés. : que je boive. Ancien futur : bevrai, plus tard buvrai; boirai a été refait sur l’infinitif.

Parfait : je bui, tu be-üs, il but; n. be-ümes, v. be-üstes, il burent. Subj. imparf.: que je be-üsse. Part. passé: be-ü (beu, bu).

Croire

Ind. prés.: je croi, tu crois, il croit; n. creons, v. creez, il croient.

Imparf. : creeie. Subj. prés.: que je creiecroie, etc. Futur : crerai, devenu croirai sous l’influence du radical accentué du présent de l’indicatif croi ou de l’infinitif. Parfait: je crui[27], tu cre-üs, il crut; n. cre-ümes, v. cre-üstes, il crurent. Subj. imp.: q. je cre-üsse. Part. passé: cre-ü (creu, cru). Part. prés. : créant (plus tard croiant, croyant, avec emprunt du radical croi: cf. mécréant).

Lire

Ind. prés. : je li, tu lis, il lit; n. lis-ons, v. lis-ez, il lis-ent. Le radical lis- du pluriel est peu régulier au point de vue phonétique; de même le radical de l’imparfait de l’indicatif et du présent du subjonctif. Peut-être y a-t-il eu influence de dire (imparf.: dis-eie; part. prés. dis-ant).

Il a existé deux parfaits, un en -s, l’autre en -us[28].

  1. Je leis, tu leisis, il leist; n. leisimes, v. leisistes, il leistrent.
  2. Je lui, tu le-üs, il lut; n. le-ümes, v. le-üstes, il lurent.

Subj. imparf.: q. je le-isse et que je le-üsse. Part. passé : leit, lit; le-üt, leu, lu.

Nuire (autre infinitif nuisir) faisait au parfait dans l’ancienne langue : je nui, tu no-üsne-üs, il nut; n. no-ümesne-ümes, no-üstesne-üstes, il nurent. C’est un parfait fort en -ui ; il s’est assimilé au parfait des verbes en -duire (pro-duire, con-duire) : je nuisis ; il est aujourd’hui peu usité.

Plaire, taire

L’ancienne langue connaissait aussi les infinitifs plaisir, taisir.

Parfaits : je ploi, tu plo-üs (ple-üs), il plóut; n. plo-ümes (ple-ümes), v. plo-üstes (ple-üstes), il plóurent.

Je toi, tu to-üs (te-üs), il tóut; n. to-ümes, v. to-üstes, il tóurent. Subj. imparf. : que je plo-üsse (ple-üsse, d’où plusse) ; que je to-üsse (te-üsse, tusse).

Part. passé : plo-üt (plus tard ple-ü, plu); to-üt (te-ü, tu).

Ind. prés.: je plaz, tu plais, il plaist; n. plais-ons, v. plais-ez, il plais-ent. Subj. prés.: que je place; q. n. placiens, q. v. placiez, qu’il placent. Le radical plais- a été généralisé; de même pour taire, qui se conjugue comme plaire.

Paître

Parf. : je poi, tu po-üs, il póut; n. po-ümes, v. po-üstes, il póurent. Subj. imp.: q. je poüsse. Part. passé: po-ü (peü, puis pu; cf. repu).

Connaître (ancienne forme conoistre)

Parf.: je conui, tu cone-üs, il conut; n. cone-ümes, v. cone-üstes, il conurent. Imp. du subjonctif: q. je cone-üsse. Part. passé: coneü, conu. Ind. prés.: je conois; n. conoissons.

Croître

Parfait : je crui, tu cre-üs, il crut; n. cre-ümes, v. cre-üstes, il crurent. Imp. du subjonctif: q. je cre-üsse. Part. passé: cre-ü, crû. Ind. prés.: je creiscrois (< cresco); n. creiss-ons, croiss-ons.

Paraître (ancienne forme paroistre)

Parfait faible (parui, parus, etc.), propre à paroir; voir plus loin cette forme.

Conjugaison en -OIR

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Les verbes en -oir correspondent en général aux verbes latins de la conjugaison en -ḗre[29]. La conjugaison des verbes en -oir est la plus irrégulière, parce qu’elle est la plus archaïque. Elle ne contient guère que seize verbes simples, dont la plupart sont défectifs. Les verbes usuels avoir, devoir, pouvoir appartiennent à cette conjugaison.

La plupart de ces verbes ont conservé aux temps du présent de l’indicatif (et quelquefois du subjonctif) des radicaux différents, suivant qu’ils sont accentués ou atones : je veux, nous voulons; je dois, nous devons; je reçois, n. recevons; je sais, n. savons ; je peux, n. pouvons; autrefois je voi, n. veons; je chiet (je tombe), n. cheons, etc.

Les participes passés de ces verbes sont en -u, correspondant au latin -ūtum : eu, chu, , fallu, valu, voulu, etc.; cf. cependant sis < lat. vulg. *sīsum.

On distingue les verbes de cette conjugaison d’après leurs parfaits.

  1. Verbes à parfait faible : parfaits en -ui, us.
  2. Verbes à parfait fort.
    1. Provenant de parfaits latins en -i.
    2. Provenant de parfaits latins en -si.
    3. Provenant de parfaits latins en -ui.

Verbes à parfaits faibles

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Paroir

Ind. prés. : je perpair, tu pers, il pert (cf. il appert, de apparoir); n. parons, v. parez, il perent. Subj. prés. : q. je pere (paire), q. tu peres, etc. Parfait: je parui, paru-s, tu parus, il parut; n. parumes, etc.

Verbes dont le radical est terminé par L

Quand cette l est en contact avec yod elle se transforme, au présent de l’indicatif et du subjonctif, en l mouillée : ex. : *volio (class. volo) > je vueil; *voliam (class. velim) > q. je vueille; *fallio (class. fallo) > je fail; *falliam (class. fallam) > q. je faille; *valiam (class. valeam) > q. je vaille, etc.

Chaloir (impersonnel)

Ind. prés. : il chaut (il importe). Parfait : il chalst et il chalut : cette dernière forme est plus fréquente. Subj. présent qu’il chaille (< caleat, caliat). Subj. imparf.: qu’il chalsist, chausist; qu’il chalust.

Douloir et souloir, dont plusieurs formes étaient restées vivantes jusqu’au xviie siècle, faisaient au parfait : je doulus, je soulus. Ind. prés. Je dueil, n. dolons ; je sueil.

Falloir avait trois parfaits : les deux plus anciens sont : un parfait faible : je fali et je faillis, faillis, faillit, etc., emprunté à faillir, et un parfait fort en -s : je fals (faus), tu falsis, il falst; n. falsimes, etc.; l’imparfait du subjonctif était : q. je faillisse et q. je falsissefausisse, ce dernier encore usité au xvie siècle.

La forme du parfait faible actuel : fallus, fallut est relativement récente (xvie siècle ?).

Pour valoir, au contraire, on trouve dès les plus anciens temps le parfait faible : valus, valus, valut, etc. Mais on a aussi un parfait fort en -s : je vals, tu valsis, il valst. Subj. imparf. : q. je valsissevausisse (encore usité au xvie s.) et que je valusse.

Vouloir avait trois parfaits :

  1. je vol (voil), tu vols (volis), il volt; n. volimes, v. volistes, il voldrent;
  2. je vols, lu volsis, il volst, etc. (comme vals, valsis);
  3. je voulus, forme actuelle, qui n’apparaît qu’au xive siècle.

Il y avait aussi trois imparfaits du subjonctif: volisse, volsissevousisse, voulusse. Vousisse a duré jusqu’au xvie siècle.

Pour l’ind. prés., cf. supra. Au subj. prés., on a : que je vueille; q. nous voliens, q. v. voliez, qu’il vueillent. Les formes actuelles veuillions, veuilliez (à côté de voulions, vouliez) sont empruntées aux radicaux toniques : q. je vueille.

Verbes à parfaits forts

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1ere et 2e catégorie : parfaits latins en -I, -SI

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Veoir, seoir

Parfait
Je vi (lat. vidi) plus tard vis
tu ve-ïs (veis, vis)
il vit
n. ve-ïmes (veimes, vimes)
v. ve-ïstes (veistes, vistes, vîtes)
il virent
Je sis sis
tu ses-ís, se-ïs (seis, sis)
il sist sit
n. ses-ímes, se-ïmes (seimes, simes)
v. ses-ístes, se-ïstes (sistes, sîtes)
il sis-drent sirent

Sis vient du lat. vulgaire *sisi pour *sesi, mis lui-même pour sedi. L’e de sēsī est devenu i sous l’influence de i final.

Imparfait du subjonctif : que je ve-ïsse (veisse [xvie s.], visse) ; 2e p. ve-ïsses, veisses, visses, etc.

Que je ses-isse, se-ïsse (seisse, xvie s.), etc.

Se-oir, Ass-eoir

Ind. prés.: j’assiet, tu assiez, il assiet; n. asse-ons, v. asse-ez, il assié-ent. Les formes assois, assoit sont récentes et ont été tirées du radical de l’infinitif, asseoir, assoir. Asseyons, asseyez sont récents aussi. Subj. prés. : que je m’assié-e et que je m’assieye; auj. que je m’asseye ou que je m’assoie, forme plus vivante.

Futur : j’assiérai, assoirai, formes actuelles. La forme régulière phonétiquement était dans l’ancienne langue j’assedrai, asserai.

Ve-oir

Ind. prés.: je voi, tu vois, il voit; n. ve-ons, v. ve-ez, il voient. Imparfait : je ve-eie. Part. passé : ve-ü, vu; vis (lat. visum). Part. prés. : veant. Les composés prévoir et pourvoir font au futur prévoirai et pourvoirai; leur parfait était en -is : je prévis, je pourvis; auj. je prévis, mais je pourvus.


Parmi les autres parfaits en -s (latin -si), il faudrait citer ici ceux de vouloir et de valoir, mais cf. supra. Il y en avait d’autres dans l’ancienne langue : j’ars de ardoir, etc.

3e catégorie : verbes dont le parfait correspond à des parfaits latins en -UI

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On les classe d’après la voyelle accentuée de leur radical en latin (a, e, o).

Radical en -A
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Avoir


Parfait
J’ oi (eus, forme actuelle, est analogique)
tu o-üs, e-üs (eus)
il óut, ot (eut récent et analogique)
n. o-ümes, e-ümes (eumes)
v. o-üstes, e-üstes (eustes)
il óurent, orent (eurent)
Subjonctif imparfait
Que j’ o-üsse, e-üsse (eusse)
que tu o-üsses, e-üsses (eusses)
qu’il o-üst, e-üst (eust, eût)
que n. o-üssons, -iens, -ions (eussions)
que v. o-üssez, -iez (eussiez)
qu’il o-üssent, e-üssent (eussent)


Part. passé. O-ü, e-ü (eu).


Ainsi se conjuguent le parfait et l’imparfait du subjonctif de savoir. Je soi, tu so-üsse-üs, il sóutsot ; q. je so-üssest-üsse, etc.

Avoir

Ind. prés.: j’ai, tu as, il a(t); n. avons, v. avez, il ont-

Subjonctif présent : q. j’aie, q. tu aies, qu’il aiet, ait (de très bonne heure); q. n. aiensayons, q. v. aiezayez, qu’il aient.

Futur-conditionnel : avraiavreie, araiareie; mêmes formes pour savoir : savraisavreie et saraisareie. Ce sont les formes usitées jusqu’au xvie siècle, où elles sont remplacées par aurai, saurai, où l’u, qui a remplacé le v, parait d’origine méridionale.

Savoir

Ind. prés. : je sai, tu ses, il set; n. savons, v. savez, il sevent. Au xvie siècle, on écrit sais, sait, formes actuelles.

Subjonctif présent : q. je sache, q. t. saches, qu’il sache ; q. n. sachienssachions, sachons, q. v. — sachiez, sachez, qu’il sachent.

Pour le futur-conditionnel, cf. supra, avoir.

Che-oir, choir (< cadḗre pour cádere)

Ind. prés.: je chié(t), tu chiés, il chiét; n. cheons, v. cheez, il chiéent.

Ce verbe avait un parfait faible : je che-ï, tu che-ïs, il che-ït, etc.; d’où l’imparfait du subjonctif: q. je che-ïsse, q. tu che-ïsses, etc. Le parfait en -u était: je cheu[30], tu che-üs, il cheut; n. che-ümes, etc. Part. prés.: che-ant; cf. éché-ant. Part. passé : che-ü, chu. Futur : cherrai.

Radical en -E
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Devoir

Ind. prés. : je doi, tu dois, il doit ; n. dev-ons, v. dev-ez, il doivent. Imparf.: deveie. Subj. prés.: que je doie, q. tu doies, qu’il doie; q. n. deviensdevons, q. v. deviezdevez, qu’il doient; la forme doive est moins ancienne et apparaît vers le xiiie siècle.

Parfait
plus tard
Je dui n. de-ümes (deumes, dûmes)
tu de-üs v. de-üstes (deustes, dûtes)
il dut il durent

Subjonctif imparfait : que je de-üsse, que tu de-üsses, etc.

Part. passé : de-ü, .

Verbes en -CEVOIR (recevoir, décevoir, concevoir, etc.)
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Recevoir

Ind. prés.: je reçoi, tu reçois, il reçoit ; n. recevons, v. recevez, il reçoivent. Subj. prés.: q. je reçoive, es, e; q. n. receviens, etc.

Parfait
Je reçui[31] n. rece-ümes
tu rece-üs v. rece-üstes
il reçut il reçurent

Subj. imparf : Que je rece-üsse, que tu rece-üsses, etc.

Part. passé : rece-ü, reçu.

Radical en -O : mouvoir, pouvoir, pleuvoir
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Mouvoir (a. fr. moveir, de movḗre)

Ind. prés. : je muefmeuf, tu mues, il muet ; n. movons, v. movez, il muevent. Subj. prés.: q. je muevemeuve; q. n. moviens, etc.

Parfait
plus tard
Je mui
tu me-üs (meus, mus)
il mut
n. me-ümes (meumes, mûmes)
v. me-üstes (meustes, mûtes)
il murent

Subj. imparf : que je mo-üsse, me-üsse, musse; que tu mo-üsses, qu’il mo-üst, etc.

Part. passé : Mo-ü, me-ü; . Pouvoir (lat. vulg. *potḗre pour posse)

Ind. prés.: je puis (peux est plus récent); tu puespeux, il puetpeut ; n. po-ons (pou-ons, pouvons[32]), v. po-ez, il pue-ent. Subj. prés.: q. je puisse (formé sur la 1ere p. sg. de l’ind. prés.); q. n. possiens, possions (formes modernes puissions), etc.

Parfait
Je poi n. po-ümes, pe-ümes, pûmes
tu po-üs, pe-üs, pus v. po-üstes, pe-ustes, pûtes
il póut, pot il póurent (purent)

Subj. imparfait : que je po-üsse (pe-üsse, pusse), que tu po-üsses, qu’il po-üst, etc.

Part. passé. Po-ü (pe-ü, pu).

On remarquera que ces formes sont les mêmes que celles des parfaits dont le radical est en -a.

Pleuvoir Impersonnel.

Ind. prés.: il pluet (pleut). Subj. prés.: qu’il plueve (pleuve).

Parfait : il plut et il plóut.

Subj. imparf. : qu’il ple-üst.

Part. passé : plo-ü, ple-ü, plu.

Conjugaison de être

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Indicatif présent

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Je sui n. somes
tu es, ies v. estes
il est il sont

Sui correspond au latin vulgaire *sui au lieu de sum. À la 2e p. ies est une forme tonique (d’où la diphtongue), es une forme atone. Au pluriel, 1ere p., somes est la forme la plus ancienne : on trouve aussi sons (qui a servi à former la 1ere p. plur. du présent de l’indicatif des autres verbes) et esmes, formé d’après estes (?).

Imparfait

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j’ere, iere (lat. eram) n. eriens
tu eres, ieres v. eriez
il eret, ieret (et ert) il erent, ierent

Eriens et eriez ne renvoient pas directement au latin eramus, eratis; ces formes ont pris la terminaison des imparfaits des autres conjugaisons ; aux trois personnes du singulier et à la 3e du pluriel, accentuées sur le radical, on a des formes diphtonguées et des formes où e n’a pas subi la diphtongaison.

À partir du xive siècle, estoie (de estre) remplace ière.

Parfait

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je fui n. fumes
tu fus v. fustes
il fut il furent

Fui est devenu fus par analogie des autres parfaits en -us.

Imparfait du subjonctif

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Q. je fusse, fusses, etc. (du latin *fūssem pour fuissem).

J’ier (lat. ero) n. ermes
tu iers v. ertes
il iert, ert il ierent
Formes analogiques : je serai, formée d’après *essere habeo, esserayo, serayo, et estrai, sur estre.

Conditionnel

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Je sereie (seroie) n. seriiens
tu sereies v. seriiez
il sereiet, sereit il sereient

Autre forme du conditionnel : estreie, formé sur estre.

Subjonctif présent

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Que je seie que n. seiens
que tu seies que v. seiez
qu’il seiet, seit qu’il seient

Le latin classique sim (pour siem) était devenu en latin vulgaire siam, sẹ́am, d’où seie, plus tard soye, soie et sois, par analogie de la 2e p. sg. Se-iens, se-iez sont composés du radical atone se et de la terminaison iens, iez des subjonctifs.

Impératif

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Seies; seiens, seiez, formes du subjonctif.

Participe présent

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Estant (de stantem).

Participe passé

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Esté (de statunt[33])

  1. Cf. plus loin (p. 109) des explications plus détaillées.
  2. A accentué suivi de m donne ai; cf. supra.
  3. E ouvert accentué + e donne i : avant l’accent e + e donne ei, oi.
  4. Plus exactement: je dejœ̣́n; il dejœ̣́nent ; n. dinóns, v. dinéz.
  5. Prétérit ou Passé simple.
  6. Se décline comme forz, granz.
  7. Voir dans Littré des exemples de Corneille, Molière, etc.
  8. Ces verbes sont dits inchoatifs, du latin inchoativus signifiant qui commence, parce que l’infixé isc- servait à former on latin des verbes indiquant le commencement d’une action : ex. gemo, je gémis; ingemisco, je commence à gémir.
  9. Pour les terminaisons voir leur explication à la conjugaison en -er.
  10. Cf. supra à la conjugaison en -er
  11. On rencontre cependant servie, dormie, partie, etc., qui renvoient à des formes latines en -iam.
  12. Servientem a donné le subst. sergent, a. fr. serjant.
  13. Tressaillerai dans le Dictionnaire de l’Académie de 1798.
  14. Et aussi: que je fierge (de feriam avec consonification de i en j-g)
  15. Les formes faibles sont marquées en italiques.
  16. On a aussi morje avec consonification du yod latin en j (lat. moriam pour moriar).
  17. On trouve aussi, avec consonification de i en j, g: tienge, vienge.
  18. Les formes de l’infinitif sont nombreuses.
  19. Au présent de l’indicatif et à l’impératif le d n’a qu’une valeur orthographique.
  20. Encore employées ainsi au xvie siècle.
  21. Nous rappelons que dans les paradigmes des parfaits les formes faibles sont en italiques.
  22. Au xvie siècle on écrivait: je feis, tu feis, n. feimes mais on prononçait fis, fimes.
  23. Nous prendons ; je prendeie, etc.
  24. Lat. vulg. *crẹ́mo pour lat. cl. trĕmo.
  25. Ce verbe avait dans l’ancienne langue le sens de tirer.
  26. La transformation de bevons, bevez en buvons, buvez s’explique sans doute par l’analogie du radical bu, du parfait et du participe passé, ou peut-être par une raison de phonétique.
  27. On trouve aussi un parfait faible : je cre-í, tu cre-ís, etc. Crui rient d’une forme barbare *credui pour credidi.
  28. Tous deux renvoient à des formes du latin vulgaire: leis se rattache a *lexi (pour legi), lui à *legui. Au participe, leit représente lectum, leüt *legutum.
  29. Luire, nuire, maindre renvoient aux formes suivantes du latin vulgaire, où ces verbes avaient changé de conjugaison : lúcere, nócere, mánere. Lucḗre, nocḗre, manḗre ont donné régulièrement loisir, nuisir, manoir ; placḗre a donné plaisir, plácĕre a donné plaire.
  30. Les formes cheu (1ere p. sg), cheut (3e p. sg.) sont données par Chabaneau (Hist. de la conj. française, 2e éd., p. 125), qui ne connaît pas chui, chut. Nyrop indique chut pour la 1ere p. sg.
  31. Lat. vulg. *recepui pour recepi, 2e pers. recepú(i)sti pour recepisti, 3e p. recé(p)uit pour recepit, etc.
  32. Les formes avec v apparaissent au xiiie siècle ; mais elles ne deviennent courantes qu’au xve.
  33. Il a existé pour ce verbe un reste du plus-que-parfait latin : furet (de fuerat), il avait été ; on a de même avret, de habuerat ; ces formes (et quelques autres) sont d’ailleurs très rares.