Girault - Manuel de l'étranger à Dijon, 1824 - Dédicace

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À Monsieur
A. M. P. P. T. de COSSÉ-BRISSAC,
Comte de l’Empire,
Chevalier de la Légion d’honneur,
Préfet de la Côte-d’Or,
Président de l’Académie des sciences,
arts et belles-lettres de Dijon.


Monsieur le comte,


Il est flatteur de présenter aux habitans de la Côte-d’Or, un travail honoré des suffrages de leur premier Magistrat. L’accueil que vous avez daigné faire à ces essais, devient d’autant plus précieux, qu’il émane d’un Administrateur éclairé, du chef d’une Compagnie savante dès longtemps distinguée, et d’un homme de goût dont les connoissances variées et l’esprit cultivé rehaussent l’illustre naissance.

Les chroniques de France nous montrent dans l’ancienne maison de COSSÉ, des grands-Officiers de la Couronne dès le temps de Philippe-Auguste ; elles signalent un ROLAND mort aux croisades à la tête des Chevaliers Français ; un ANCELIN, choisi parmi les plus grands capitaines pour aller au secours de la Sicile ; un RENÉ, grand-Fauconnier de France, nommé par François I.er, Gouverneur de ses fils. L’histoire désigne comme successeur de Bayard, ce Maréchal de BRISSAC, le compagnon d’armes, le soutien et l’ami de ce grand Roi, dit le Père des lettres, Colonel général de l’infanterie, de la cavalerie légère et de l’artillerie de France, sous lequel les Princes même faisoient gloire de venir apprendre l’art de la guerre, et dont l’héritier du Trône aimoit à dire, que s’il n’étoit Dauphin de France, il voudroit être le Colonel Brissac. Brantôme cite pour avoir eu la tête aussi bonne que le bras, ce Maréchal de COSSÉ, Gouverneur de Metz, qu’il défendit contre Charles-Quint, et qui dans la place de Surintendant des finances, laissoit douter an melior in togâ, an validior in armis ? Les historiens se plaisent à nous vanter la haute sagesse, l’amour pour les lettres, la valeur brillante de ce jeune TIMOLÉON, moissonné à la fleur de l’âge sous les murs de Mussidan ; ils arrêtent avec complaisance nos regards sur le Maréchal Duc de BRISSAC introduisant dans Paris cet Henri IV adoré des Français ; enfin un poëte moderne nous peint le dernier MARÉCHAL de ce nom :

…. martyr du devoir, du zèle et de la gloire…. Les vertus du vieil âge honoroient ses vieux ans.
Jacq. Delille.

Vous vous montrez, Monsieur LE COMTE, digne héritier d’aussi grands noms : le zèle, les talens, la sagesse de l’Administrateur ne sont pas moins importans à l’État que la vaillance et l’intrépidité du guerrier, et l’homme de mérite sait se distinguer dans toutes les fonctions qui lui sont confiées.

Votre carrière politique, Monsieur LE COMTE, commencée dans un Département décoré du nom de la victoire, fit apprécier votre administration. Placé à la tête d’un Département d’une plus haute importance ; dans l’ancienne Bourgogne comme sur les bords du Tanaro, une affabilité rare jointe à la gravité des mœurs, un esprit conciliant sans dévier de la stricte et rapide exécution des lois, des vues droites, une élocution noble et facile, un grand amour des lettres et des arts, ont su vous mériter la confiance, l’estime et le respect des administrés.

À ces sentimens veuillez me permettre d’ajouter ceux de la haute et très respectueuse considération avec lesquels j’ai l’honneur d’être,

Monsieur LE COMTE,

Votre très humble et très
obéissant serviteur,
Cl. Xav. GIRAULT.