Gertrude et Véronique/Madame Véronique/VII

G. Charpentier et Cie, éditeurs (p. 318-333).


VII


Quinze jours après l’arrivée de Véronique, le Four-aux-Moines avait déjà changé d’aspect. La maison fut nettoyée, blanchie et garnie du mobilier indispensable ; la chambre de Bernard eut des rideaux et un bon fauteuil, et, du fond de son lit refait à neuf, le verrier put voir chaque matin une claire flambée luire dans la cuisine, tandis que sa femme, active et silencieuse, vaquait au ménage et préparait le déjeuner. — Véronique avait choisi pour sa chambre une petite cellule située au-dessus de la salle basse. Elle en avait fait son lieu de refuge, et, le soir, dès que le verrier dormait, elle s’y enfermait pour se recueillir et travailler. La fenêtre à treillis de plomb donnait sur les bois. Elle s’y penchait un moment et laissait sa pensée aller à la dérive, tandis que le vent murmurait dans les grandes feuillées. Cette chanson du vent dans les arbres ne disait rien de joyeux ni de consolant. C’était tantôt la complainte des souvenirs à jamais ensevelis, et tantôt la dure voix de la réalité parlant d’une lutte sans fin et d’un morne avenir. Mais Véronique sentait bien vite tout ce que cette mélancolie avait d’affaiblissant ; elle fermait brusquement la fenêtre, allumait sa lampe et brodait parfois jusqu’à minuit, tandis que la voix du ruisseau, grossie par le contraste du silence environnant, montait jusqu’à elle, bruyante et grondeuse… Vers minuit, la lampe jetait une lueur plus faible, les yeux rougis de Véronique étaient pleins de picotements, et elle se couchait en rêvant à Gérard.

Dès les premiers jours de son installation au Four-aux-Moines, elle avait écrit à son oncle pour lui apprendre sa résolution bien arrêtée et le prier de lui faire parvenir les arrérages de son modique revenu. La réponse ne se fit pas trop attendre. Elle arriva un matin que la jeune femme assistait au déjeuner de M. du Tremble. La lettre était écrite par madame Obligitte, dans ce style acide et blessant qui est propre aux dévotes en colère. Véronique la parcourut rapidement, sentit les larmes lui monter aux yeux et la posa sur la table.

— Peut-on voir ? demanda le verrier, qui avait déjà la lettre entre les doigts.— Elle fit un léger signe, et du Tremble commença à lire haut, en s’interrompant de temps à autre, comme pour peser la valeur de chaque mot.

Madame Obligitte débutait en se plaignant du procédé de sa nièce, qui avait choisi « pour un semblable esclandre » le moment où la maison était confiée à sa garde. Assurément Véronique avait le droit de se réunir à son mari « qu’elle n’aurait jamais dû quitter » ; seulement madame Obligitte déplorait que sa parente eût fait preuve de si peu de délicatesse en pareille occasion. « Enfin il fallait s’attendre à ne trouver partout que de l’ingratitude, et sur cette terre rien n’était plus commun que l’égoïsme. » M. Obligitte ferait parvenir au Four-aux-Moines le prorata de la somme de mille cinq cents francs, formant le revenu de la dot… Madame Obligitte terminait en faisant des vœux pour que « cette aventure réussît mieux que les précédentes » et pour que Véronique s’efforçât de rester dans son ménage, car, après ce qui s’était passé, « elle ne devait plus compter sur la maison de son oncle, au cas d’un nouveau scandale. »

Le verrier relut deux fois cette dernière phrase, et une lueur de satisfaction passa dans ses yeux. Son regard triomphant avait l’air de dire à Véronique : — Vous voyez comme vos parents vous traitent, et vous voilà maintenant à ma discrétion.

— Une aimable femme, votre tante ! fit-il avec un rire ironique, elle a une façon tout originale de plaider ma cause… Suivrez-vous ses conseils ?

— Mes intentions n’ont point changé, répondit la jeune femme, je demeurerai ici tant que j’y serai utile.

— Et où iriez-vous, je vous prie, puisque votre oncle vous refuse un asile ?

Elle le regarda en face d’un air qui indiquait la ferme résolution d’en rester là, puis détourna la tête.

Il fronça les sourcils, se mordit les lèvres, puis d’un ton plus acerbe :

— Pardon, dit-il, je suis un sot, j’oublie toujours que vos affaires ne me regardent point.

Il lui tourna le dos et se rejeta dans son fauteuil avec le geste dépité d’un enfant à qui on refuse un joujou.

Pendant toute sa maladie, Bernard du Tremble s’était montré charmant. On eût pu croire que la généreuse démarche de sa femme avait subitement transformé son caractère, et qu’à la suite de cette crise heureuse, le vieil homme avait disparu pour faire place à un du Tremble tout neuf, plein de belles intentions. Il avait dépouillé ses habitudes grossières ou cyniques pour laisser reparaître le gentilhomme souple, insinuant et disert que Véronique avait jadis connu à Bronnenthal. Sa parole avait retrouvé ses inflexions les plus caressantes, et quand il remerciait Véronique, c’était avec des larmes dans la voix. Parfois même sa reconnaissance prenait des formes si tendres et se manifestait par de si vives démonstrations, que la jeune femme embarrassée se dérobait au plus vite à cette effusion qui lui répugnait. Il faisait de grands projets de travail. A l’entendre, l’oisiveté lui pesait et il avait hâte de remettre la verrerie en activité.— Patience ! disait-il, j’étonnerai bien du monde ; il s’agit de tout autre chose que de souffler de misérables fioles, je reprendrai mes expériences sur le verre mousseline et on verra merveilles ! — En attendant, il faisait ses quatre repas, buvait gaiement un vin de Bordeaux que Véronique se procurait à grand’peine, et le soir, mis en bonne humeur par une facile digestion, il ne tarissait pas sur les qualités de « sa vaillante femme », se déclarant prêt à tout pour lui prouver sa gratitude.

À partir du jour où il connut la lettre de madame Obligitte, ses manières commencèrent à s’altérer ; une nuance d’aigreur se mêla au miel de ses paroles, et sous ses caresses félines la griffe se fit légèrement sentir. La résignation qu’il avait montrée se mélangea d’accès d’irritabilité nerveuse, et les paroles cruelles alternèrent avec les mots aimables. Il ne parlait plus si souvent de ses travaux, mais il faisait fréquemment dans les bois environnants de longues promenades mystérieuses, d’où il revenait plus sombre et plus hargneux qu’au départ. Ses instincts mauvais reparaissaient comme ces essaims de mouches malfaisantes qui se dispersent à la première alerte et se reforment plus nombreux au premier calme. Un soir que le souper avait été maigre et que Véronique insistait pour que du Tremble se remît au travail : — Vous avez parbleu raison, dit-il en frappant du poing sur la table, il faut battre monnaie… Mon idée grandit, patience ! tout ira bien. En attendant, il s’agit de garnir votre garde-manger… Je m’en charge !

Et comme elle semblait désireuse de connaître la façon dont il s’y prendrait :

— J’ai bon pied, bon œil, reprit-il, et j’en remontrerais au plus fin braconnier… Pouvez-vous vous me prêter un louis ou deux pour acheter des engins de chasse ?… Je réponds que le gibier ne vous fera pas faute !

La figure de Véronique prit une expression de découragement ; elle lui livra sa bourse, où il puisa sans vergogne, puis la lui remettant, il lui saisit la main et la baisa longuement : — Merci, dit-il, vous êtes aussi bonne que belle, et vous êtes admirablement belle, le savez-vous ?

Il ne lui lâchait plus la main. Véronique la retira brusquement et se dirigea vers l’escalier de sa chambre.— Vous partez déjà ? s’écria le verrier déconcerté.— Elle répondit qu’elle était souffrante et disparut.

Quand elle fut seule, elle fit un geste de dégoût et plongea dans l’eau la main où les lèvres de du Tremble s’étaient posées. Ce baiser lui semblait une profanation. Elle se coucha et s’endormit d’un sommeil fiévreux. Au bout d’une heure, un bruit étrange la réveilla en sursaut. C’était comme le glissement d’un pas furtif montant avec précaution l’escalier de la cellule.— Elle fut prise d’un horrible battement de cœur.— Les pas s’arrêtèrent sur le palier ; elle entendit un tâtonnement de doigts contre la serrure et l’effort d’une main essayant d’ouvrir la porte, heureusement verrouillée à l’intérieur.

— Qui est là ? dit-elle d’une voix stridente.

Personne ne répondit. Les doigts cessèrent d’agiter l’olive de la porte ; le glissement de pieds recommença plus timide et décroissant peu à peu, puis la maison retomba dans le silence..

Dès l’aube, Bernard du Tremble partit pour Saint-Gengoult afin d’y acheter ses munitions de chasse. Ce voyage avait encore un autre but. Bernard était impatient de savoir ce qu’on pensait là-bas de Véronique. Incapable de se sacrifier lui-même, il ne croyait pas au dévouement des autres, et attribuait la conduite de sa femme à un intérêt dont il ne démêlait pas bien les motifs. La fuite de Véronique, sa résignation, les termes blessants de la lettre de sa tante, tout cela lui semblait plein d’obscures équivoques. Dès qu’il fut arrivé à Saint-Gengoult, il se rendit dans un café, se mêla aux propos des habitués et amena habilement la conversation sur la famille Obligitte. Il fut bien vite au courant des commérages. La rupture du mariage d’Adeline et le brusque départ de Véronique avaient mis en ébullition les cerveaux des curieux, et dans leurs bavardages le nom de la jeune femme, uni à celui de Gérard La Faucherie, frappa plus d’une fois les oreilles du verrier…

Gérard, au lendemain même de sa dernière entrevue avec celle qu’il aimait, avait appris l’étrange disparition de Véronique. Il avait d’abord cru à un mensonge ou à quelque mot d’ordre ; mais la nouvelle s’étant sérieusement confirmée, il était tombé dans un sombre abattement. Il se perdait en conjectures, en projets insensés, et toujours il venait se heurter contre l’inconnu et l’inexplicable. Parfois, irrité de son inaction, il s’élançait dans la forêt et se fatiguait à de vaines recherches à travers les gorges les plus ignorées. Puis il revenait au logis les pieds meurtris, le cœur désespéré, pâle, fiévreux, dans un état à faire pitié.— Ainsi se passèrent deux semaines. Madame La Faucherie, qui assistait chaque jour à ces poignants et silencieux désespoirs, n’avait pu encore se résoudre à faire connaître à Gérard la courageuse action de Véronique, dont M. de Vendières lui avait conté tous les détails ; mais quand elle vit que les jours se succédaient sans diminuer l’agitation de son fils, elle se décida à lui révéler ce dénouement inattendu. Seulement l’égoïsme maternel triompha de sa sincérité accoutumée, et laissant ignorer à Gérard sa visite à Véronique, la pression morale qu’elle avait exercée et le sacrifice qu’elle avait obtenu, elle réduisit la démarche désespérée de la jeune femme aux dimensions mesquines d’une vulgaire aventure de ménage.— Si elle t’avait vraiment aimé, dit-elle à Gérard, aurait-elle quitté la maison de sa tante pour aller vivre avec un mari tel que M. du Tremble ?

Le jeune homme pâlit affreusement : — C’est une calomnie ! s’écria-t-il.— Sa mère, décidée à cautériser la plaie avec un fer rouge, poursuivit impitoyablement : — Les gens qui m’ont appris cette aventure ont vu madame Véronique au Four-aux-Moines…

Gérard regarda fixement madame La Faucherie, et un douloureux soupçon lui traversa l’esprit : — Ma mère, demanda-t-il, quand madame Véronique a quitté Saint-Gengoult, connaissiez-vous sa résolution ?

— Je la connaissais, répondit-elle laconiquement.

— Et maintenant, poursuivit-il, pourriez-vous me jurer que vous n’avez rien fait pour amener ce départ ?

Madame La Faucherie chercha d’abord à nier, mais pressée de questions et incapable de mentir longtemps, elle finit par tout avouer : — Ce que j’ai fait, murmura-t-elle d’une voix troublée, je l’ai fait pour ton bien… Je croyais sage de brusquer le dénouement d’une semblable folie.

— Ah ! ma mère, dit Gérard, puissiez-vous n’avoir pas causé plus de mal avec votre sagesse que moi avec ma folie !…

Le lendemain, il partit en forêt, et deux heures après, il rôdait aux environs du Four-aux-Moines. Il errait comme une âme en peine autour de la verrerie, quand il entendit les grelots d’un convoi de brioleurs, et vit déboucher dans le chemin creux Cadet Brûlant, perché à chevauchons sur le premier mulet de la bande.

— Alliez-vous à la verrerie, monsieur Gérard, lui cria le brioleur… L’oiseau est déjà déniché… J’en sors, et j’ai appris que ce satané verrier est parti pour Saint-Gengoult dès le fin matin… Mais c’est égal, je ne suis pas fâché d’y être passé, j’y ai vu du nouveau…

Et il conta à Gérard qu’il avait été reçu par Véronique.— Saviez-vous qu’il était marié ? continua-t-il ; où diable ce païen de du Tremble a-t-il eu la chance de trouver un aussi joli brin de femme ? Je vais porter la nouvelle à mes amis les charbonniers ? Venez-vous avec moi jusqu’au Grand-Etang ?

Mais Gérard avait d’autres projets en tête ; il avait préparé d’avance une lettre informant Véronique de sa présence aux environs du Four-aux-Moines, et la suppliant de lui accorder un moment d’entretien. Il descendit à La Chalade afin d’y trouver un gamin disposé à porter son message, et laissa le convoi grimper lentement le sentier en zigzag qui monte dans la direction de la Louvière.

La vente du charbonnier Joël Dutertre était établie dans la coupe de la Louvière, non loin du Grand-Etang. Les huit fourneaux à charbon s’élevaient à la file sur le versant récemment exploité, d’où l’on apercevait, à travers les baliveaux, l’étang au fond de la gorge, avec sa ceinture de prés et d’oseraies. La fabrication du charbon touchait à sa fin ; un seul fourneau fumait encore ; la place des autres n’était plus marquée que par des amas de frasil noirâtre ; la hutte était à demi effondrée, et sur le bord de la route, les mulets, chargés du modeste mobilier de la famille, secouaient mélancoliquement leurs grelots, tandis que la fille et la femme du charbonnier préparaient la soupe de midi à un feu de broussailles, et que les apprentis nouaient les derniers sacs de charbon, Joël Dutertre était assis près du fourneau encore allumé.— Le métier de charbonnier exige une attention soutenue et de longues veilles inquiètes ; aussi à cette besogne les caractères les plus gais tournent facilement à la mélancolie, les tempéraments les plus flegmatiques deviennent nerveux et irritables. Le charbonnier est presque toujours grave, méditatif et taciturne.

Tel était Joël, et cette sombre disposition semblait encore aggravée ce jour-là… Le vieux Joël regardait alternativement d’un air morose sa femme, occupée à tremper la soupe, et sa fille Brunille, belle et sauvage créature, hâlée par la vie au grand air, et à demi décoiffée par le vent. Le charbonnier Dutertre était un homme dur, âpre au travail et âpre au gain. Toute sa vie, il avait peiné pour amasser quelques sous, et cet argent si difficilement gagné avait été prêté à Bernard du Tremble, dont la langue dorée avait embobeliné Joël. Le verrier avait promis des merveilles, mais depuis six mois ses belles promesses n’avaient encore donné que de la fumée. Du fond de sa solitude, le charbonnier apprenait de temps à autre que la verrerie chômait, et la veille il avait chargé Brûlant de passer au Four-aux-Moines pour savoir au vrai ce qu’il en était. Aussi, quand il entendit les sonnailles des mulets, Joël se leva brusquement, et accourut vers le brioleur.

— Bonjour à la compagnie ! cria le bonhomme en sautant à terre, voilà une bonne odeur de soupe qui donnerait la fringale à un malade ; je l’ai flairée d’une demi-lieue.

— Quelles nouvelles ? demanda laconiquement Joël.

— Des nouvelles ! fit Brûlant en se grattant la tête, j’en apporte plein mon sac ; seulement, dame, j’aurais autant aimé ne vous les dire qu’après la soupe, car les mauvaises nouvelles coupent l’appétit.

En entendant ces mots la fille du charbonnier, Brunille, releva la tête, et ses grands yeux noirs scrutèrent avidement la physionomie du brioleur.— Va toujours ! dit Joël.

— Eh bien, continua le brioleur, sachez d’abord que M. du Tremble nous a tous bernés comme des enfants… Il y a un mois qu’on n’a soufflé un gobelet d’un sou au Four-aux-Moines.

— Je le savais, murmura le charbonnier, mais il nous a promis de se remettre à travailler.

Brûlant fit entendre son sifflement familier.— Lui ? il ne sait faire travailler que ses mâchoires !… C’est un galant qui aime deux choses : bonne chère et besogne faite… Savez-vous qu’il y a quinze jours un huissier a saisi le matériel de l’usine ?

Le charbonnier frappa du pied avec colère : — Une saisie ? s’écria-t-il, il avait donc emprunté ailleurs ?… Il n’a pas eu honte de livrer notre seul gage ! Et moi qui l’ai nourri et hébergé pendant des semaines, c’est moi qu’il choisit pour sa dupe, c’est à mes enfants qu’il prend le dernier croûton de leur pain !… Misérable !

— Calmez-vous, Joël ! reprit Brûlant, tout n’est peut être pas encore perdu, ce renard de verrier a plus d’un tour dans son sac.— Il paraît qu’il est marié, et que sa femme a de quoi désintéresser les créanciers…

— Marié ! murmura Joël étonné, est-ce sûr ?

Brunille s’était levée toute frémissante.— Marié ! répéta-t-elle, c’est une menterie !

— Ah ! par exemple, dit le brioleur, blessé de ce démenti, je viens de voir sa femme au Four-aux-Moines, et je lui ai parlé…

Il y eut un moment de profond silence, puis tout à coup Brunille éclata en sanglots et se laissa tomber contre un tronc d’arbre.— Ah ! le brigand !… il m’a trompée ! s’écria-t-elle en croisant ses mains sur sa figure bouleversée.

Joël la regarda d’un air soupçonneux, changea de contenance et marcha droit vers elle.— Eh bien, grommela-t-il, pourquoi pleures-tu, toi ?

Et comme le désespoir de la jeune fille éclatait plus fort, il la saisit par le bras et l’entraîna à l’écart.

Il la questionnait à voix basse ; on ne pouvait saisir de leur entretien que le bruit des sanglots qu’entrecoupaient les réponses de Brunille ; — seulement on devinait aux regards étincelants et aux traits contractés du charbonnier, qu’il entendait de douloureuses confidences. Tout à coup il repoussa violemment sa fille.— Ah ! misère, s’écria-t-il, il nous a tout pris et ne nous laisse que la honte…

Il s’élança vers la hutte et reparut son fusil à la main. La mère s’était levée ainsi que Brûlant et ils coururent vers lui.— Que personne ne bouge ! cria Joël d’une voix menaçante, laissez-moi !

— Eh ! Joël, pour Dieu, qu’avez-vous ? demanda Brûlant effrayé, et où voulez-vous aller à cette heure ?

— Au Four-aux-Moines ! répondit le charbonnier en armant son fusil.

Brunille poussa un cri déchirant, et tout à coup, se redressant brusquement, elle s’enfuit échevelée à travers bois.