La Chanson française du XVe au XXe siècle, Texte établi par Jean GillequinLa Renaissance du livre (p. 57-59).


GAUDINETTE


   Mon père et ma mère
   N’ont que moi d’enfant.
Gaudinette, je vous aime tant !
   Et y m’ont fait faire
   Un cotillon blanc :
Gaudinette, je vous aime tant !

   J’étais trop petite,
   Il était trop grand :
Gaudinette, je vous aime tant.
   J’en ai fait rognure
   Trois pieds par devant :
Gaudinette, je vous aime tant !

   J’en ai fait rognure
   Trois pieds par devant :
Gaudinette, je vous aime tant !
   Autant par derrière,
   Encore est trop grand :
Gaudinette, etc.

   Autant par derrière,
   Encore est trop grand :
Gaudinette, etc.
   Et de la rognure
   J’en ai fait des gants :
Gaudinette, etc.

   Et de la rognure
   J’en ai fait des gants :
Gaudinette, etc.
   C’est pour le mien ami,
   Lui que j’aime tant :
Gaudinette, etc.


   C’est pour le mien ami,
   Lui que j’aime tant :
Gaudinette, etc.
   M’empoigne et m’embrasse,
   M’a fait un enfant.
Gaudinette, etc.

   M’empoigne et m’embrasse,
   M’a fait un enfant ;
Gaudinette, etc.
   Aussi m’a guérie
   Du grand mal de dents.
Gaudinette, etc.

   Aussi m’a guérie
   Du grand mal de dents,
Gaudinette, etc.
   Et le sut mon père,
   Qui me battit tant.
Gaudinette, etc.

   Et le sut mon père,
   Qui me battit tant.
Gaudinette, etc.
   Tout beau, tout beau, père,
   Frappez doucement :
Gaudinette, etc.

   Tout beau, tout beau, père,
   Frappez doucement :
Gaudinette, etc.
   Si la mère fit faute,
   Qu’en peut mais l’enfant ?
Gaudinette, etc.

   Si la mère fit faute,
   Qu’en peut mais l’enfant ?
Gaudinette, etc.
   Ce n’est rien du vôtre
   Ni de votre argent :
Gaudinette, etc.


   Ce n’est rien du vôtre
   Ni de votre argent,
Gaudinette, etc.
   Mais c’est du mien ami,
   Qu’au vert bois m’attend :
Gaudinette, etc.

   Mais c’est du mien ami,
   Qu’au vert bois m’attend,
Gaudinette, etc.
   Et pour moi endure
   La pluie et le vent :
Gaudinette, etc.

   Qui pour moi endure
   La pluie et le vent,
Gaudinette, etc.
   Et la grand’ froidure
   Qui du ciel descend :
Gaudinette, etc.

   Et la grand’ froidure
   Qui du ciel descend,
Gaudinette, etc.
   Et pour lui j’endure
   La honte des gens :
Gaudinette, je vous aime tant !

(Voix-de-Ville, recueil de 1576.)