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II. — Physionomie générale.


Le département de la Sarthe, vu du Mans à vol d’oiseau, offre l’aspect d’une immense forêt recouvrant un terrain accidenté vers le nord et vers l’est, légèrement ondulé ailleurs, et sillonné par un grand nombre de rivières, dont le cours se dirige, en serpentant, du nord au sud ou de l’est à l’ouest. Ce caractère particulier provient de la multitude de haies, qui se croisent dans tous les sens pour clore les champs, du milieu desquelles se dressent, de distance en distance, des arbres de haute futaie, qui paraissent se toucher.

La Sarthe s’étend de la ligne de collines de la Normandie et du Perche, qui séparent le bassin de la Manche de celui de la Loire, jusqu’à 35 kilomètres environ de la rive droite de ce fleuve.

Le sommet le plus élevé est le Signal de la forêt de Perseigne, près de la limite nord du département (340 mètres) ; le point le plus bas (20 mètres), le confluent du Loir avec l’Argance, au point où cette rivière quitte le département. En remontant le cours de la Sarthe, qui serpente à l’ouest du

département, dans une contrée accidentée, on voit, sur la rive droite de cette rivière, le sol s’élever irrégulièrement, mais d’une manière constante, jusque vers la forêt de Sillé, où se trouve le point culminant de cette région (286 mètres), et même au delà, car sur la limite, à l’ouest de Rouessé-Vassé, il atteint 330 mètres. Ces hauteurs dépendent de la chaîne des Coëvrons, désignée sous le nom un peu prétentieux d’Alpes Mancelles par des patriotes trop enthousiastes. Sur la rive gauche, le même phénomène se reproduit ; le sol s’élève graduellement jusqu’à Montmirail où il atteint une altitude de 244 mètres.

La région qui s’étend sur la rive droite du Loir, entre cette rivière, la Sarthe, la gracieuse vallée de l’Huisne et la Braye, est beaucoup moins fertile que le reste du département. On y rencontre des landes incultes et des bois de pins. Les environs de la ville d’Écommoy contrastent avec le pays avoisinant ; aussi cette contrée privilégiée a-t-elle reçu le surnom bien mérité d’Oasis Bélinois.

L’altitude des terrains qui séparent les cours inférieurs de la Sarthe et du Loir, est à 56 ou 60 mètres au-dessus du lit de ces cours d’eau. Mais, en avançant vers l’est et vers le nord, la hauteur des collines, qui s’accroît sensiblement, atteint, vers la limite du département, non loin de la Ferté-Bernard, une altitude de 246 mètres.

La ligne décrite par les limites du département, qui forme un polygone irrégulier d’un grand nombre de côtés, en s’éloignant à droite et à gauche de la partie méridionale, qui est la plus basse, s’élève d’une manière constante jusqu’au point culminant de la forêt de Perseigne. Quelques échancrures livrent passage au Loir, à la Braye, à l’Huisne, à l’est ; à la Sarthe, au nord ; au Merdereau, à l’Orthe et à l’Erve, à l’ouest.

« Du côté de l’ouest, les limites du département coïncident assez bien avec celles des formations géologiques primitives, tandis qu’au delà s’étendent les schistes, et les granits du Maine et de la Bretagne ; tous les terrains appartiennent, en deçà, aux étages jurassiques, crétacés ou tertiaires. » (La France, Élisée Reclus.)

Les grès rouges se trouvent dans le canton de Beaumont-sur-Sarthe ; les terrains crétacés et les grès verts, dans les cantons de Conlie, de la Suze, d’Écommoy, de Pontvallain, Bonnétable, Tuffé, la Chartre, Saint-Calais, Vibraye ; les terrains tertiaires à Montmirail et à Montfort ; les terrains calcaires, dans le reste du département ; les alluvions, dans les vallées.

Le département de la Sarthe, essentiellement agricole, divisé en petites fermes, et en général assez fertile, n’est pas également productif sur tous les points de son territoire. Les cantons les plus riches et les mieux cultivés sont ceux de la Ferté-Bernard, de Beaumont-sur-Sarthe, de Sablé et de Loué. Dans ceux de Pontvallain, la Flèche, Tuffé, Montmirail, Marolles-les-Braults (grenier du département), Fresnay, Montfort, Écommoy, les cultures sont variées et rémunératrices ; mais il n’en est pas de même dans les cantons de Mayet, Bouloire, Vibraye, du Lude, de la Fresnaye, la Suze et Sillé, dont les terrains, en général maigres et sablonneux, sont recouverts de bois, ou ne présentent souvent que des landes, des bruyères ou des bois de pins.

La partie septentrionale du département est sillonnée de collines peu élevées, de coteaux bien cultivés, d’agréables vallées, ou ombragée par de grandes et belles forêts. Dans l’arrondissement de Mamers, spécialement, les sites pittoresques abondent, car les contre-forts des Coëvrons qui s’avancent dans le département, offrent çà et là, au milieu d’une riche végétation, les ruines menaçantes de leurs vieux châteaux.

La principale vallée du département est la vallée de la Sarthe, la plus longue et la plus considérable, très intéressante surtout dans sa partie supérieure, au pied de la forêt de Pail et du massif des Coëvrons. Au-dessous de Saint-Céneri (Orne) et à Saint-Léonard-des-Bois, cette vallée se transforme en gorges pittoresques profondes de 100 mètres ; au-dessous du Mans, elle s’élargit, devient riche et féconde, et sa rivière décrit de nombreuses sinuosités.

La plupart des vallons qui portent à la Sarthe les eaux des

Coëvrons, entre autres ceux de la Vègre, de l’Erve et du Treulon, sont étroits et agrestes.

L’Orne Saosnoise coule au milieu de charmantes prairies, et l’Huisne, longée par le chemin de fer de Paris au Mans, serpente dans une vallée riante et féconde, bordée de collines boisées. La vallée du Loir, où les cultures alternent avec les prés, offre, sur certains points, des collines escarpées et des falaises de craies, où la main de l’homme a creusé des grottes, servant de granges et de chais, ou même d’habitations.