Franck - Dictionnaire des sciences philosophiques/2e éd., 1875/Affection
par une société de professeurs et de savants
AFFECTION (de afficere, même signification) a un sens beaucoup plus étendu en philosophie que dans le langage ordinaire : c’est le nom qui convient à tous les modes de sensibilité, à toutes les situations de l’âme où nous sommes relativement passifs. On peut être affecté agréablement ou d’une manière pénible, d’une douleur ou d’un plaisir purement physique, comme d’un sentiment moral. « Toute intuition des sens, dit Kant (Analyt. transcend., 1re sect.), repose sur des affections, et toute représentation de l’entendement, sur des fonctions. » Cependant il faut remarquer que, lorsqu’il s’agit d’une signification aussi générale, notre langue se sert plutôt du verbe que du substantif. Dans la psychologie écossaise, les affections sont les sentiments que nous sommes susceptibles d’éprouver pour nos semblables ; en conséquence, elles se divisent en deux classes : les affections bienveillantes et les affections malveillantes. Enfin, dans le langage usuel, on entend toujours par affection ou l’amour en général, ou un certain degré de sentiment. Cette dernière définition a été adoptée par Descartes, dans son Traité des Passions (art. Lxxxiii). Voy. Amour et Sensibilité.