Framès/Partie I/XIII

Imprimerie Poupart-Davyl et Cie (p. 24-25).

XIII


L’on vit alors Framès, plein d’ardeur dévorante,
Mener avec fracas cette vie écœurante
De soupers fins, de bals, de courses, de paris,
Que mènent de nos jours les gandins de Paris.
Superbe conquérant dont l’humeur vagabonde,
Pour ravir un baiser, eût embrasé le monde,
Satanique railleur, dont les regards si doux
Faisaient pâmer d’amour Elvire à tes genoux ;

 
Égoïste au cœur froid, à la bouche emmiellée,
Qui riais des ardeurs d’une amante affolée ;
Titan qui te jouais des colères du ciel,
Être fatal et beau fait d’amour et de fiel,
Dont le nom fait vibrer la lyre des poètes
Et palpiter le cœur des femmes inquiètes ;
Toi qu’ont chanté Mozart, Hoffmann et lord Byron.
Toi, le vainqueur terrible et le hardi larron,
Ô don Juan ! tu n’es plus qu’un stupide bellâtre,
Singeant le grand seigneur sur un bouffon théâtre,
Tu n’es que le valet de celui qui fut roi.
Sganarelle aujourd’hui se gausserait de toi.