Imprimerie Poupart-Davyl et Cie (p. 19-20).


X


Lorsque l’on s’est épris jeune ou vieux d’une belle,
Fut-elle réputée impure, abjecte, eût-elle
L’âme plus noire encor que ne l’a Belzébut,
Qu’importe à l’amoureux ? aimer, voilà le but.
Framès, sans être neuf, n’avait lu de la vie
Que la première page, et son ame ravie,
Comme un joyeux oiseau chantant le point du jour,
Entonnait l’hosannah de son premier amour.
Oh ! qui donc me rendra mon printemps ! ma maîtresse !
Moment du rendez-vous, moment de douce ivresse,
Tant que battra mon cœur, t’oublirais-je jamais !

Blanche innamorata, toi qu’à vingt ans j’aimais ;
Te souviens-tu parfois de ces heures joyeuses
Que nous avons vécu, là-bas, sous les yeuses ?
Où sont nos longs baisers, où nos aveux tremblants ?
Je vous vis l’an passé, mère de beaux enfants,
Au bras de votre époux oublieuse et charmée.
Ah ! ne revoyons pas celle qui fut l’aimée !
Ne ravivons jamais les souvenirs éteints,
Et détournons les yeux des horizons lointains
Où le premier amour sans ombre qui le voile
Luit, rougeâtre incendie ou radieuse étoile.