Framès/Partie I/III

Imprimerie Poupart-Davyl et Cie (p. 8-9).

III


Le vent du nord soufflait, on était en décembre.
À Paris, sous les toits, dans une étroite chambre.
Un jeune homme rêvait les pieds sur les chenets.
Le feu mourant de l’âtre allongeait ses reflets
Sur les murs délabrés de ce lieu misérable,
Où deux chaises, un lit de noyer, une table,
Servaient d’ameublement. Quelques bouquins poudreux,
Une tête de mort grimaçante, à l’œil creux,

Des plâtres, des fleurets, une armure gothique,
Prêtaient à ce logis un aspect romantique,
Dont un coup d’œil d’artiste aurait été séduit.
Le modeste habitant de ce triste réduit
Se nommait Guy Framès. C’était un gentilhomme
Né de sang béarnais, plein de bravoure comme
Le Cid Campéador, plus gueux que don César,
Aimant l’or, le soleil, la femme et le hasard.
Esprit enthousiaste et d’humeur peu chagrine,
Avec son beau profil, avec sa haute mine,
Framès aurait brillé, fils d’un prince, à la cour.
La poésie au front et dans le cœur l’amour.
Libre, fier, rayonnant en sa jeunesse blonde,
Gaîment il avançait dans le désert du monde.