Fragments sur la structure et les usages des glandes mammaires des cétacés/Addition, pour annoncer un pareil travail au sujet des Monotrèmes

ADDITION

Pour annoncer un pareil travail au sujet des Monotrêmes.


Je prie qu’on se reporte aux remarques placées plus haut, page 28, où j’ai formulé la systématisation des glandes mamellaires, en les rapportant à trois sortes de conditions spéciales que j’ai ainsi dénommées, Mammaires, Monotrémiques et Cétacéennes.

Je vais pouvoir donner au sujet des glandes monotrémiques un travail correspondant à celui du présent opuscule. Deux objets d’un haut prix, surtout eu égard à l’état militant et progressif de la science sur ces questions, viennent de m’être adressées par l’honorable M. le docteur G. Hume Weatherhead, médecin à Londres. Les plus gracieux procédés, les manières les plus aimables ajoutent beaucoup au mérite de ce présent, aussi bien de la part du donateur, que de celle de M. l’amiral Sir Sidney Smith, s’étant employé à me le faire parvenir : j’en présente à tous deux, avec une pleine et parfaite effusion, mes bien vifs remerciemens.

Ces deux objets sont :

1o  La peau préparée sèche d’une femelle d’Ornithorinque, où l’on avait mis beaucoup de soins et d’art à soutenir dans leur dessèchement les glandes mamellaires. J’ai trouvé ces glandes composées sur chaque côté de deux paquets glanduleux, venant se confondre au point d’insertion sous la peau. Cette circonstance nouvelle s’accorde avec une précédente observation que j’avais faite en 1827, et qui depuis a été négligée ; c’est le fait de deux méats excréteurs, à droite comme à gauche.

Et 2o  le petit poussin de cette même femelle, bien entier et parfaitement conservé dans l’alcool. Ainsi, je vais connaître l’état du ligament suspenseur du foie, considération qui se lie avec les faits d’un cordon ombilical, s’il existe. Jusqu’à présent, mais je n’ai point encore examiné sérieusement et anatomiquement cette pièce, je n’en ai point rencontré de trace.

M. Werner va donner un pendant à son dessin de l’intérieur de la bouche des marsouins, en représentant les faits correspondans et alors exactement comparatifs de l’intérieur de la bouche de notre jeune Ornithorinque. Ces deux dessins paraîtront ensemble. Or, je m’attends à des différences qui donneront autrement l’arrangement des organes de l’avalement du lait ; j’y dois rencontrer des modifications très curieuses qui mèneront à l’établissement de ce second système que j’ai déjà signalé sous le nom de système monotrémique[1].

M. Hume Weatherhead m’a de plus envoyé un opuscule de lui, intitulé Nouveau synopsis de nosologie fondé sur les principes des théories physiologiques de Bichat. L’Académie des sciences a agréé l’hommage de cet intéressant ouvrage, et a décidé de s’en faire rendre compte.

FIN.
  1. Ce qui plaçait une ordonnée de différenciation entre les mammifères aquatiques et les mammifères terrestres, c’était l’exigence des deux milieux de leur habitation ; et ce qui procure une telle ordonnée correspondante à l’égard des monotrêmes, c’est le retranchement complet ou entière atrophie de l’artère mésentérique inférieure. Ce caractère ornithologique commence avec les animaux marsupiaux de tous rangs. J’ai ailleurs déjà expliqué les conséquences d’une telle déviation dans le cours du sang. Les monotrêmes qui se ramènent aux marsupiaux, sauf qu’ils en exagèrent les différences par de plus grands écarts, quant aux mammifères ordinaires, sont tellement sur la limite des deux classes, les animaux à poils et les animaux à plumes, que les opinions des naturalistes dans l’Australie, sont que les monotrêmes tiennent des deux familles, et qu’ils sont lactifères et ovipares. Je n’en laisserai point faire la remarque à la rivalité : j’ai peut-être beaucoup trop disserté au sujet de ces curieux animaux. Eh bien ! me voilà tout prêt à rentrer dans la lice : il suffit qu’il y ait encore à connaître pour que ce me paraisse un devoir d’agir ainsi, et je m’y consacre.