Fragments du Traité du Vide

Texte établi par Léon Brunschvicg et Pierre BoutrouxHachette (p. 511-530).


FRAGMENTS
DU TRAITÉ DU VIDE DE PASCAL


Rédigés vers le milieu de 1651.

Publiés en 1663, à la suite des Traités posthumes, p. 141.


FRAGMENT[1]


d'un autre plus long ouvrage de Monsieur Pascal sur la mesme matiere, divisé en Parties, Livres, Chapitres, Sections et Articles, dont il ne s'est trouvé que cecy parmi ses papiers.


Part. I, liv. III, chap. i, sect. ii.


Section seconde. — Que les effets sont variables suivant la varieté des temps, et qu’ils sont d’autant plus ou moins grands, que l’Air est plus ou moins chargé.


Nous avons veu dans l’Introduction, sur le sujet de la pesanteur de l’air, qu’en une mesme region l’Air pese davantage en un temps qu’en un autre, suivant que l’Air est plus ou moins chargé. Et nous allons montrer dans cette Section que ces effets sont variables en une mesme région, suivant la varieté des temps, et qu’ils sont d’autant plus ou moins grands, que l’Air y est plus ou moins chargé.


Article I.


Pour faire l’expérience de cette variation avec justesse, il faut avoir un tuyau de verre seellé par en haut, ouvert par en bas, recourbé par le bout ouvert, plein de mercure, tel que nous l’avons figuré plusieurs fois, où le mercure demeure suspendu à une certaine hauteur : soit ce tuyau placé à demeure dans une chambre, en un lieu où l’on puisse le voir commodement et où il ne puisse estre offensé. Soit collée une bande de papier divisée par poulces et par lignes le long du tuyau, afin qu’on puisse remarquer la division à laquelle le mercure se trouve suspendu, comme on fait aux Thermometres.

On verra que dans Dieppe, quand le temps est le plus chargé, le mercure sera à la hauteur de 28. poulces 4. lignes, à compter depuis le mercure du bout recourbé.

Et quand le temps se déchargera, on verra le mercure baisser, peut estre de 4. lignes.

Le lendemain, on le verra peut estre baissé de 10. lignes ; quelquefois une heure après il sera remonté de 10. lignes ; quelques temps apres on le verra ou haussé ou baissé, suivant que le temps sera chargé ou déchargé.

Et depuis l’un à l’autre de ses periodes, on trouvera 18. lignes de difference, c’est-à-dire qu’il sera quelquefois à la hauteur de 28. poulces 4. lignes, et quelquefois à la hauteur de 26. poulces 10. lignes.

Cette experience s’appelle l’experience continuelle, à cause qu’on l’observe, si l’on veut, continuellement, et qu’on trouve le mercure à presque autant de divers points qu’il y a de differents temps où on l’observe.


Article II.


La conformité de tous les effets attribuez à l’horreur du Vide, étant telle que ce qui se dit de l’un s’entend de tous les autres, nous doit faire conclure avec certitude que, puisque le mercure suspendu varie ses hauteurs suivant les varietez des temps, il arrivera aussi de semblables varietez dans tous les autres, comme dans les hauteurs où les Pompes élevent l’eau, et qu’ainsy les Pompes élevent l’eau plus haut en un temps qu’en un autre ; qu’un soufflet bouché est plus difficile à ouvrir en un temps qu’en un autre, etc.

Que si l’on veut avoir le plaisir d’en faire l’épreuve en quelqu’un des autres exemples, nous en donnerons ici le moyen dans l’exemple du soufflet bouché en cette sorte.

Soit un soufflet plus étroit que les ordinaires, et dont les aîles n’ayent que trois pouces de Diametre. Qu’il soit bien bouché de toutes parts sans aucune ouverture. Soit l’une de ses aîles attachée à la poutre du plancher d’une chambre. Soit à l’autre aîle attachée une chaîne de fer à plusieurs chaînons qui pendent depuis le soufflet jusqu’à terre, et qui traînent mesme contre terre. Soit la chaîne de telle grosseur, et la distance des planchers haut et bas telle que les chaînons suspendus depuis le soufflet jusqu’à terre, sans compter ceux qui traînent, pèsent environ 120. livres.

On verra que ce poids ouvrira le soufflet ; car il ne faut pour l’ouvrir qu’un poids de 113. livres, comme nous l’avons dit au livre II. Chap. i. Art. I.

Et le soufflet, en s’ouvrant, baissera son aile, à laquelle la chaisne qui l’entraisne est attachée ; donc cette chaisne se baissera elle mesme, et ses chaisnons qui pendoient les plus proches de terre seront receus à terre ; et ainsi leur poids n’agira plus contre le soufflet. Ainsi il restera d’autant moins de chaisnons suspendus, que le soufflet s’ouvrira davantage ; donc, quand le soufflet sera tant ouvert qu’il ne restera de chaisnons suspendus que jusqu’au poids de 113 livres, si le temps est lors très chargé, la chaisne ne se baissera pas davantage ; mais le soufflet demeurera ainsi ouvert en partie, et la chaisne en partie suspenduë et en partie rampante, et le tout en repos.

Et ce qui surprendra merveilleusement est que, quand le temps se dechargera, et qu’ainsi un moindre poids suffira pour ouvrir le soufflet, les chaisnons suspendus pesant 113. livres qui estoient en Equilibre avec l’Air, quand il estoit le plus chargé, deviendront trop forts, à cause de la décharge de l’Air ; et ainsi entraisneront l’aisle du soufflet, et l’ouvriront davantage, jusqu’à ce que les chaisnons qui resteront suspendus soient en Equilibre avec le poids de l’Air superieur dans le temperament où il est ; et tant plus l’Air se déchargera, tant plus les chaînons se baisseront.

Mais quand l’Air se chargera, on verra, au contraire, le soufflet se resserrer comme de soy mesme, et en se resserrant attirer la chaisne, et la faire remonter jusqu’à ce que les chaisnons suspendus soient en Equilibre avec la charge de l’air superieur en ce temperament : de sorte que la chaîne haussera et baissera, et le soufflet s’ouvrira ou se fermera plus ou moins suivant que l’Air se charge ou se décharge, et toûjours les chaînons suspendus seront en Equilibre avec l’Air superieur, lequel pressant le soufflet qu’il environne de toutes parts, le tiendroit serré si la chaîne ne faisoit effort pour l’ouvrir. Et la chaîne, au contraire, le tiendroit toujours ouvert, si l’Air ne faisoit effort pour le fermer ; mais ces deux efforts contraires se contre-balancent, comme nous l’avons dit.

Il reste à dire que, quand le temps est le plus chargé, les chaînons suspendus pèsent 113. livres ; et quand le temps est le moins chargé, ils pesent seulement 107. livres ; et ces deux mesures periodiques de 113. et 107. livres ont un rapport parfait avec les deux mesures périodiques des hauteurs du mercure suspendu de 28. poulces 4. lignes, et de 26. poulces 10. lignes ; car un Cilindre de mercure de 3. poulces de Diamètre, comme les aîles de ce soufflet, et de 28. poulces 4. lignes de hauteur, pese 113. livres, et un Cilindre de mercure de 3. poulces de Diamètre, et de 26. poulces 10. lignes de hauteur, pese 107. livres.


Article III.


Que si l’on veut faire ces observations avec plus de plaisir, il les faut faire en trois ou quatre de ces exemples à la fois. Par exemple, il faut avoir un tuyau plein de mercure, tel que nous l’avons figuré au 1er Art.

Un soufflet bouché tel que nous venons de le figurer au 2. Art.

Une Pompe aspirante de 35. pieds de haut.

Un Siphon dont la courte jambe ait environ 31. pieds de hauteur, et la longue 35. pieds.

Et on verra, en observant tous ces effets à la fois, que, quand le temps sera le plus chargé, le mercure sera dans le tuyau à 28. poulces 4. lignes, les chaînons suspendus au soufflet pseront 113. livres.

L’eau sera dans la Pompe à 32. pieds[2].

Le Siphon jouera, puisque sa courte jambe, qui est de 31. pieds, est moindre que trente deux pieds.

Et quand le temps se déchargera un peu, le mercure sera baissé de 12. lignes, et n’aura plus que 27 poulces et 4. lignes.

La chaîne à proportion ; et il n’y aura plus de chaînons suspendus que jusqu’à la concurrence de 109. livres.

L’eau de la Pompe sera baissée d’un pied, et sera ainsi haute de 31. pieds seulement.

Le Siphon ne jouera plus que par un petit filet, puisque sa courte jambe a precisément 31 pieds.

Et quand le temps sera le plus déchargé, le mercure sera baissé de 18. lignes, et n’aura plus que 26. poulces 10. lignes. Les chaînons suspendus ne peseront que 107. livres.

L’eau sera baissée d’un pied six poulces, et ne sera plus qu’à 30. pieds 4. poulces. Le Siphon ne jouëra plus, parce que sa courte jambe, qui est de 31. pieds, excede la hauteur de 30. pieds 4. poulces, à laquelle l’eau demeure suspenduë dans la Pompe dans le mesme temps ; mais l’eau demeurera suspenduë dans chacune des jambes du Siphon à la mesme hauteur de 30. pieds 4. poulces, comme dans la Pompe, suivant la regle du Siphon.

Quelque temps après, le mercure et la chaîne et l’eau remonteront, et le Siphon jouëra par un petit filet ; quelque temps apres tout rebaissera, puis tout rehaussera, et toûjours tous à la fois recevront les mesmes differences ; et le jeu continuëra tant qu’on en voudra avoir le plaisir.

Que si le Siphon à eau est dans une basse court, et que le tuyau du mercure soit une chambre ; lorsqu’on observera que le mercure hausse dans la chambre où l’on est, on peut asseurer, sans le voir, que le Siphon jouë dans la court où l’on n’est pas. Et lorsqu’on verra baisser le mercure, on peut asseurer, sans le voir, que le Siphon ne jouë plus, parce tous ces effets sont conformes, et dépendans immediatement de la pesanteur de l’Air qui les regle tous, et les diversifie suivant ses propres diversitez.


Section troisième.


De la regle des variations qui arrivent à ces effets par la varieté des temps.

Comme les variations de ces effets procedent des variations qui arrivent dans le temperament de l’Air, et que celles de l’Air sont très bizarres, et presque sans regle, aussi celles qui arrivent à ces effets sont si étranges qu’il est difficile d’y en assigner. Nous remarquerons neanmoins tout ce que nous y avons trouvé de plus certain et de plus constant, en nous expliquans de tous ces effets par un seul à l’ordinaire comme par celuy de la suspension du mercure dans un tuyau bouché par en haut, dont nous nous sommes servis ordinairement.

1. Il y a un certain degré de hauteur, et un certain degré de bassesse que le mercure n’outrepasse quasi jamais, parce qu’il y a de certaines bornes dans la charge de l’Air, qui ne sont quasi jamais outrepassées, et qu’il y a des temps où l’air est si serain, qu’on ne voit jamais de plus grande serenité, et d’autres où l’air est si chargé, qu’il ne peut quasi l’estre davantage. Ce n’est pas qu’il ne puisse arriver tel accident en l’Air, qui le rendroit plus chargé que jamais ; et en ce cas, le mercure monteroit plus haut que jamais ; mais cela est si rare, qu’on n’en doit pas faire de regle.

2. On voit rarement le mercure à l’un ou à l’autre de ses periodes ; et pour l’ordinaire, il est entre les deux, plus proche quelquefois de l’un, et quelquefois de l’autre ; parce qu’il arrive aussi rarement que l’Air soit entierement déchargé ou chargé à l’excez, et que pour l’ordinaire il l’est mediocrement, tantost plus, tantost moins.

3. Ces vicissitudes sont sans regles dans les changemens du mercure aussi bien que dans l’Air : de sorte que quelquefois d’un quart d’heure à l’autre, il y a grande difference, et quelques fois durant quatre ou cinq jours il y en a tres peu.

4. La saison où le mercure est le plus haut pour l’ordinaire est l’Hyver. Celle où d’ordinaire il est le plus bas est l’Esté. Où il est le moins variable est aux Solstices ; Et où il est le plus variable, est aux Equinoxes.

Ce n’est pas que le mercure ne soit quelquefois haut en Esté, bas en Hyver, inconstant aux Solstices, constant aux Equinoxes ; car il n’y a point de regle certaine ; mais, pour l’ordinaire, la chose est comme nous l’avons dite, parce qu’aussi, pour l’ordinaire, quoy que non pas toûjours, l’Air est le plus chargé en Hyver, le moins en Esté, le plus inconstant en Mars et en Septembre, et le plus constant aux Equinoxes.

5. Il arrive aussi, pour l’ordinaire, que le mercure baisse quand il fait beau temps, qu’il hausse quand le temps devient froid ou chargé ; mais cela n’est pas infaillible ; car il hausse quelquefois quand le temps s’embellit, et il baisse quelquefois quand le temps se couvre, parce qu’il arrive quelquefois, comme nous l’avons dit dans l’Introduction, que quand le temps s’embellit dans la basse region, neanmoins l’Air, consideré dans toutes ses regions, s’appesantist, et qu’encore que l’Air se charge dans la basse region, il se décharge quelquefois dans les autres.

6. Mais il est aussi tres remarquable que, quand il arrive en un mesme temps que l’Air devienne nuageux et que le mercure baisse, on peut s’assurer que les nuées qui sont dans la basse region ont peu d’épesseur, et qu’elles se dissiperont bien tost, et que le beau temps est proche.

Et lors qu’au contraire il arrive en un mesme temps que le temps est serain, et que neanmoins le mercure est haut, on peut s’assurer qu’il y a des vapeurs en quantité éparses, et qui ne paroissent pas, et qui formeront bien tost quelque pluye.

Et lorsqu’on voit ensemble le mercure bas et le temps serain, on peut assurer que le beau temps durera, parce que l’Air est peu chargé.

Et enfin lors qu’on voit ensemble l’Air chargé et le mercure haut, on peut s’assurer que le mauvais temps durera, parce qu’assurement l’Air est beaucoup chargé.

Ce n’est pas qu’un vent survenant ne puisse frustrer ces conjectures ; mais pour l’ordinaire elles reüssissent, parce que la hauteur du mercure suspendu estant un effet de la charge presente de l’Air, elle en est aussi la marque tres certaine, et sans comparaison plus certaine que le Thermometre, ou tout autre artifice.

Cette connoissance peut estre tres utile aux Laboureurs, Voyageurs, etc., pour connoistre l’estat present du temps, et le temps qui doit suivre immediatement, mais non pas pour connoistre celuy qu’il fera dans trois semaines : mais je laisse les utilitez qu’on peut tirer de ces nouveautez, pour continuer nostre projet.




AUTRE FRAGMENT


sur la mesme matiere, consistant en tables, dont on n’en a trouvé que sept, intitulées comme il s’ensuit[3]


Avertissement. — Pour l’intelligence de ces tables, il faut sçavoir :

I. Que Clermont est la ville de Clermont, Capitale d’Auvergne, élevée au dessus de Paris, autant qu’on a pu le juger par estimation, d’environ 400 toises.

II. Que le Puy est une montagne d’Auvergne tout proche de Clermont, appelée le Puy de Domme, élevée au dessus de Clermont d’environ 500 toises.

III. Que Lafon est un lieu nommé Lafon de l’Arbre, scitué le long de la montagne du Puy de Domme, beaucoup plus prés dans la verité de son pied que de son sommet, mais que l’on prend neammoins, dans les Tables suivantes, pour le juste milieu de la montagne, et par consequent pour estre également distant de son pied et de son sommet ; sçavoir, d’environ 250. toises de l’un et de l’autre.

Il faut encore sçavoir que quand il y a Pa. ou Par. cela fait Paris, Cler. ou Clerm. fait Clermont. Laf. ou Lafo. fait Lafon, le Pu. fait le Puy. Que mediocr. fait mediocrement ; differ. fait différence ; pd. fait pieds ; pc. fait poulces ; lig. ou lign. fait lignes ; liv. ou livr. fait livres ; onc. fait onces.


SECONDE TABLE


Pour assigner un Cilindre de plomb, dont la pesanteur soit égale à la résistance de deux corps polis appliquez l’un contre l’autre, quand on les separe.

Cette resistance est égale au poids d’un Cilindre de plomb, ayant pour base la face commune, et pour hauteur : Quand l’air est chargé.


le plus. mediocr. le moins. differ.
pd. pc. lig. pd. pc. lig. pd. pc. lig. pc. lig.
À Paris. 2. 9. 4. 2. 8. 6. 2. 7. 8. 1. 8.
À Clerm. 2. 6. 10. 2. 6. 2. 5. 2. 1. 8.
À Lafon. 2. 5. 2. 2. 4. 4. 2. 3. 6. 1. 8.
Au Puy. 2. 3. 6. 2. 2. 8. 2. 1. 10. 1. 8.


differences d’un lieu à l’autre


Quand l’air est chargé


le plus. mediocr. le moins.
De pc. lig. pc. lig. pc. lig.
Par. à Clerm. 2. 6. 2. 6. 2. 6.
Cler. à Laf. 1. 8. 1. 8. 1. 8.
Laf. au Pu. 1. 8. 1. 8. 1. 8.
Cler. au Pu. 3. 4. 3. 4. 3. 4.
Par. au Pu. 5. 10. 5. 10. 5. 10.




TROISIEME TABLE


Pour assigner la force necessaire pour separer deux corps unis par une face qui a de Diametre
Un pied.


Quand l’air est chargé.


le plus. mediocr. le moins. differ.
livres. livres. livres. livres.
À Paris. 1808. 1761. 1714. 94.
À Clerm. 1675. 1628. 1581. 94.
À Lafon. 1579. 1532. 1485. 94.
Au Puy. 1483. 1436. 1389. 94.


differences d’un lieu à l’autre


Quand l’Air est chargé


le plus. mediocr. le moins.
De livres. livres. livres.
Par. à Clerm. 133. 133. 133.
Cler. à Laf. 96. 96. 96.
Laf. au Puy. 96. 96. 96.
Cler. au Pu. 192. 192. 192.
Par. au Pu. 325. 325. 325.




QUATRIÉME TABLE


Pour assigner la force necessaire pour des-unir deux corps unis par une face qui a de Diametre
Six poulces.


Quand l’Air est chargé.


le plus. mediocr. le moins. differ.
liv. on. liv. on. liv. on. liv. on.
À Paris. 452. 440. 4. 428. 8. 23. 8.
À Clerm. 419. 6. 407. 10. 395. 14. 23. 8.
À Lafon. 395. 10. 383. 14. 372. 2. 23. 8.
Au Puy. 371. 14. 360. 2. 348. 6. 23. 8.


differences d’un lieu à l’autre


Quand l’Air est chargé


le plus. mediocr. le moins.
De liv. onc. liv. onc. liv. onc.
Par. à Cler. 32. 10. 32. 10. 32. 10.
Cler. à Laf. 23. 12. 23. 12. 23. 12.
Laf. au Puy. 23. 12. 23. 12. 23. 12.
Cler. au Pu. 47. 8. 47. 8. 47. 8.
Par. au Pu. 80. 2. 80. 2. 80. 2.




CINQUIÉME TABLE


Pour assigner la force necessaire pour diviser deux corps unis par une face qui a de Diametre
Un poulce.


Quand l’air est chargé.


le plus. mediocr. le moins. differ.
liv. onc. liv. onc. liv. onc. onces.
À Paris. 12. 9. 12. 4. 11. 15. 10.
À Clerm. 11. 11. 11. 6. 11. 1. 10.
À Lafon. 11. 1. 10. 12. 10. 7. 10.
Au Puy. 10. 7. 10. 2. 9. 13. 10.


differences d’un lieu à l’autre


Quand l’air est chargé


le plus. mediocr. le moins.
De liv. on. liv. onc. liv. onc.
Par. à Cler. 14. 14. 14.
Cler. à Lafo. 10. 10. 10.
Laf. au Puy. 10. 10. 10.
Cler. au Puy. 1. 4. 1. 4. 1. 4.
Par. au Puy. 2. 2. 2. 2. 2. 2.




SIXIÉME TABLE


Pour assigner la force necessaire pour des-unir deux corps contigus par une face qui a de Diametre
Six lignes.


Quand l’Air est chargé


le plus. mediocr. le moins. differ.
livr. onc. livr. onc. livr. onc. onc.
À Paris. 3. 1. 3. 2. 15. 2.
À Clerm. 2. 12. 2. 11. 2. 10. 2.
À Lafon. 2. 9. 2. 8. 2. 7. 2.
Au Puy. 2. 6. 2. 5. 2. 4. 2.


differences d’un lieu à l’autre


Quand l’air est chargé


le plus. mediocr. le moins.
De onces. onces. onces.
Par. à Cler. 5. 5. 5.
Cler. à Lafo. 3. 3. 3.
Laf. au Puy. 3. 3. 3.
Cler. au Puy. 6. 6. 6.
Par. au Puy. 11. 11. 11.




SEPTIÉME TABLE


Pour assigner la hauteur à laquelle s’éleve et demeure suspendu le mercure ou vif-argent en l’expérience ordinaire.


Quand l’Air est chargé


le plus. mediocr. le moins. differ.
pd. pc. lig. pd. pc. lig. pd. pc. lig. pc. lig.
À Paris. 2. 4. 4. 2. 3. 7. 2. 2. 10. 1. 6.
À Clerm. 2. 2. 3. 2. 1. 6. 2. 9. 1. 6.
À Lafon. 2. 9. 2. 1. 11. 3. 1. 6.
Au Puy. 1. 11. 3. 1. 10. 6. 1. 9. 9. 1. 6.


differences d’un lieu à l’autre


Quand l’air est chargé


le plus. mediocr. le moins.
De pc. lig. pc. lig. pc. lig.
Par. à Cler. 2. 1. 2. 1. 2. 1.
Cler. à Lafo. 1. 6. 1. 6. 1. 6.
Laf. au Puy. 1. 6. 1. 6. 1. 6.
Cler. au Puy. 3. 3. 3.
Par. au Puy. 5. 1. 5. 1. 5. 1.




HUITIÈME TABLE


Pour assigner la hauteur à laquelle l’eau s’éleve et demeure suspenduë en l’experience ordinaire.


Quand l’Air est chargé


le plus. mediocr. le moins. differ.
pd. pc. pd. pc. pd. pc. pd. pc.
À Paris. 32. 31. 2. 30. 4. 1. 8.
À Clerm. 29. 8. 28. 10. 28. 1. 8.
À Lafon. 28. 27. 2. 26. 4. 1. 8.
Au Puy. 26. 3. 25. 6. 24. 7. 1. 8.


differences d’un lieu à l’autre


Quand l’air est chargé


le plus. mediocr. le moins.
De pd. pc. pd. pc. pd. pc.
Par. à Cler. 2. 4. 2. 4. 2. 4.
Cler. à Lafo. 1. 8. 1. 8. 1. 8.
Laf. au Puy. 1. 8. 1. 8. 1. 8.
Cler. au Pu. 3. 4. 3. 4. 3. 4.
Par. au Puy. 5. 8. 5. 8. 5. 8.




FRAGMENT TIRÉ DU MANUSCRIT DES PENSÉES


part. I, l. 2, c. i, s. 4[4].


[Conjecture. Il ne sera pas difficile de faire descendre encore un degré et de la faire paroistre ridicule. Car pour commencer en elle-mesme][5] qu’y a t il de plus absurde que de dire que des corps inanimez ont des passions, des craintes, des horreurs ?[6] que des corps[7] insensibles, sans vie et mesme incapables de vie ayent des passions, qui presupposent une ame au moins sensitive pour les ressentir ? de plus[8] que l’objet de cette horreur[9] fut le vuide ? Qu’y a-t-il dans le vuide qui leur puisse faire peur[10] ? Qu’y a-t-il de plus bas et plus ridicule ? Ce n’est pas tout[11] : qu’ils ayent en eux-mesmes un principe de mouvement pour eviter le vuide, ont ils des bras, des jambes, des muscles, des nerfs[12] ?

  1. Voir notre Introduction aux Traités posthumes infra, t. III, p. 146 et la Préface de l’édition de 1663 (ibid., p. 278). Le contenu de ces fragments en fait la suite naturelle des Observations recueillies par Florin Perier (Voir ci-dessus, p. 441 sqq.).
  2. En marge dans l’édition de 1663 : « On peut faire ces experiences de la Pompe et du Siphon, avec plus de facilité, en se servant de vif argent au lieu d’eau, comme il a esté dit dans le Traité de la pesanteur de l’Air. »
  3. Titre et Avertissement de l’éditeur de 1663.
  4. Bibliothèque Nationale Ms f. fr. 9 202, fo 393. Cf. notre fac simile de l’original des Pensées, et notre édition des Pensées, 1904, t. I, p. 96. — Les indications placées en face des fragments concordent avec la division du Traité du Vide dans les fragments précédents.
  5. [Car].
  6. [des despits].
  7. [Inanimez] insensibles [morts, et qui ne les].
  8. [pourquoy est ce qu’ils ont de [leur assigne-t-on de cette].
  9. [on dit que le].
  10. [Il n’y a rien du tout] un espace… [Ils ont donc peur de rien].
  11. [Leur horreur serait sans effet s’ils manquent de forces pour l’exécuter ; aussy on leur en assigne et de tres puissantes. On dit que non seulement ils ont peur du vuide, mais qu’ils ont faculté de l’eviter se mouvoir pour l’éviter].
  12. Voir ci-dessous la Conclusion des Traités publiés en 1663, t. III, p. 254.