Imprimerie officielle (p. 95-96).

LES TERRES-SAINVILLE


Situées au nord de la ville de Fort-de-France, ces terres doivent leur nom à un de leurs propriétaires. Antérieurement elles appartenaient à Mme de Gourselas. Elles étaient marécageuses et couvertes de roseaux (plan de Fort Royal annexé à une lettre de Rochemore, d’avril 1761). Tessier, directeur du dépôt des colonies, préconisait, le 20 mai 1827, la mise en culture des terres avoisinant l’ancien hôpital et la construction d’une cuvette pour l’écoulement des eaux, le dessèchement complet et l’assainissement de la partie basse[1].

« La sucrerie à M. Sainville » est indiquée dans un plan de l’hôpital levé en 1808 et un autre du 9 juillet 1808 de Richard, (plan de l’habitation des héritiers de Adrien de Gourselas,) reproduit celui de l’arpenteur royal Le Blanc du 4 août 1733 et indique que le chemin du Roy sert de borne entre les terres des P. P. de la Charité (l’hôpital) et celles de MM. de Gourselas jusqu’à la digue[2].

Dans une note du 2 novembre 1816, Moreau de Jonnès mentionne les rues du Petit Brésil, de ce quartier nommé le Misérable, qui servait de refuge aux vagabonds et envisage la destruction des cases des faubourgs. La rivière Madame y est appelée la rivière du Petit Brésil[3].

Le quartier des Misérables, mentionné dans un plan du Fort Bourbon et des terrains environnants du 21 novembre 1846[4] est nettement indiqué dans un plan du Fort Royal approuvé en Conseil privé, le 3 novembre 1845, comme se trouvant de chaque côté du chemin pavé, avant la montée.

Sur le même document on voit aussi de très nombreuses petites constructions entre l’hôpital et le quartier des Misérables. Le tout constituait la vaste et chaotique agglomération que nous avons connue et que l’on désigne du nom de Terres Sainville.

En 1826, l’habitation Sainville est presque abandonnée. Les bâtiments tombent en ruines et il ne reste que quelques débris du moulin.

Le triste état dans lequel s’est trouvé ce domaine a même permis de penser que le propriétaire s’en déferait volontiers et une commission administrative réunie au Fort Royal, le 8 avril 1826, propose au Gouvernement d’en faire l’acquisition[5].

Cette idée a été agitée aussi au Conseil municipal en 1854. Elle devait être réalisée 66 ans plus tard, après de nombreux et constants efforts, par la Municipalité actuelle et aujourd’hui les « Terres Sainville » doublent la superficie de la Ville de Fort-de-France ou plutôt c’est une seconde ville sortie du chaos : des rues rectilignes ont été tracées, autour d’une place publique on a construit église, presbytère, écoles de garçons et de filles. Il y a aussi marché, fontaines bureau des postes et des contributions, pharmacie, magasins de tissus et de mercerie, etc., etc…

L’église a été édifiée au lieu même où se trouvait la première chapelle dont le chanoine Havon a été le premier chapelain en titre.

  1. Arch. minis. col. n° 734.
  2. Arch. minis. col. n° 493, 495.
  3. Arch. minis. col. n° 530.
  4. Arch. minis. col. n° 1066.
  5. Mémoire de Tessier du 15 mai 1827, arch, minis. col. n° 730.