Comme l’on garde un glorieux trophée,
J’ai conservé trois brins de réséda
Qu’un soir d’avril ma mignonnette fée
Pour quelques baisers me céda.
C’était peut-être un simple enfantillage ;
Peut-être aussi la folle avait caché
Un sens d’hymen mystique en ce partage
De son pauvre bouquet séché…
Que n’y pensai-je, hélas ! à l’instant même :
« Oui, fiançons-nous, aurais-je dit, je t’aime ;
De mon spleen avril est vainqueur ! »
Et dans la nuit, sur ses blanches épaules,
J’aurais alors buriné ces paroles
Avec la pointe de mon cœur !
PAUL BERLIER.