)
Boehme et Anderer (p. 113-114).



NAZARETH



Nazareth ! je te regretterai.

Lorsque ma vie écoulera ses jours sur la terre lointaine d’Égypte, ou dans les forêts libanaises et que je songerai, Nazareth, à la beauté azurée de ton ciel, à la gaze tullée de ton firmament étoilé, à ces douces soirées où mon regard se perdait dans l’infini et s’efforçait de faire passer en mon âme l’azur céleste ; à ces causeries pendant lesquelles une perle d’ébène cherchait à se mirer dans mes yeux et une main fine offrait à la mienne les dons de l’hôte ; lorsque je songerai à tous ceux que j’aimais, à tous ceux que j’aimais et qui s’enivraient de ton air, à ceux qui étaient loin de moi, malgré la distance ; et qui pensaient à moi, malgré tout ; lorsque je songerai à son regard qui voulait fuir le mien et qui ne le pouvait pas, à son sourire mignon qu’elle s’efforçait de voiler, à cette promenade à deux qui me rendait muette, parce que j’étais près d’elle ; à ces petits riens qui voulaient me faire penser à elle ; lorsque je songerai à cette participation au même sacrement qui unit encore plus la vie intime de nos deux âmes à cet instant où, agenouillées côte à côte, ses doigts caressants vinrent toucher mes doigts émus, Nazareth ! Nazareth ! je ne t’oublierai point ; je revivrai ces instants délicieux qui furent vécus à l’ombre de tes maisons silencieuses ; je maintiendrai intacte dans ma jeune âme la mémoire de mes émotions ; et, lorsque ma pensée se reportera sur toi, elle t’éteindra doucement, et mon âme revivra sa vie.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Tu fus, douce ville des fleurs, l’occasion de beaux moments dans mon existence, et de toutes les villes de la Palestine, tu fus celle qui m’enserra le plus fortement le cœur.

Je pars, hélas ! loin des flocons nuageux de tes astres de nuit, et je ne verrai plus les doux appartements qui me virent sourire, ni les fleurs rouges de leurs lèvres, ni les regards profonds de leurs yeux noirs, ni ses beaux cheveux de sombre ébène, ni son sourire d’amie profondément aimante.

C’est fini ; mais j’emporte dans mon cœur le souvenir de tous ces riens qui furent pour moi des mondes.