Fleurs de rêve/Les oiseaux du Nil

)
Boehme et Anderer (p. 11-14).



LES OISEAUX DU NIL



Sur les ondes du Nil
Riantes, azurées,
Ils traînent, sans péril,
Un vol d’ailes dorées.

Chères têtes d’oiseaux,
Petits êtres fantasques
Vous qui troublez les eaux
Aux environs des barques,

Apprenez-moi vos noms,
Amants de la lumière,
Et dites-moi, mignons,
Le nom de votre père.


Toi belle aile d’argent
Palpitante de vie,
Ton nom, petit enfant ?
— « Je me nomme Lilie,

Car près d’un beau Lilas
(Moisson printanière)
Dans le jardin là-bas
Me déposa ma mère. »

— « Lilie, eh bien ! Et toi
Garçon à patte fine,
À l’œil noir et vif ? » — « Moi ?
Tu veux mon nom ? devine !

Il est joli mon nom
Mais je l’eus en cachette :
Petit Père est Pinson
Et ma maman Fauvette. »

— « Et vous, mes deux petits,
Qui vous grisez de brise ? »
« Nous sommes deux amis,
Notre histoire est comprise. » —


« Et toi mon bel ami
À l’enivrant sourire ? » —
« L’on me nomme “Mimi”
Aux heures de délire ;

Et l’on aime mon œil
Qu’un point du ciel azure,
Et ma voix . . . . . accueil
. . . . . . . . . pure,

Le printemps m’a donné
À Mai qui m’a vu naître,
Puis j’étais ordonné,
Maintenant, je suis prêtre.

Or, mon nom est. . . .
Et mes ailes légères
M’emportent du Couvent
Aux terres étrangères ;

J’aime à revoir ce Nil
Riant, chaste azuré
Et j’y baigne mon cil,
Mon cœur, mon front doré. »


. . . . . . . . . . .

Ô mon âme assoupie
D’images nourris-toi…
Douce mélancolie,
Reviens planer sur moi !