L'Artistetome 1 (p. 238).

FIN D’AUTOMNE.


C’est le soir, au jardin du Luxembourg ; les portes
Vont se fermer ; le jour qui meurt à l’horizon
Semble un dernier adieu de la douce saison ;
Le pied foule un tapis mouvant de feuilles mortes,

La nuit lente descend ; on entend s’apaiser
Des passants attardés les pas et les murmures ;
Les groupes, sur leur socle, au milieu des ramures,
Pour conjurer le froid échangent un baiser.

Car voici que l’Hiver s’avance, triste et sombre !
Vous allez être seuls, ô pauvres marbres nus !
Les amoureux discrets, à vous tous bien connus,
Ne viendront de longtemps s’abriter à votre ombre.

Un brouillard gris et bas s’estompe dans les airs ;
Le mystère se fait dans les mornes allées
Que hanteront bientôt les bises désolées ;
Les moineaux sont partis et les bancs sont déserts.

Oh ! le triste retour des saisons enrhumées !
Déjà sur votre épaule un frisson vient courir ;
Déjà le cœur se serre, et, comme pour s’ouvrir,
Aspire au chaud parfum des chambres bien fermées.

P. NÉOUVIELLE.