Femme de lettres/3/9
IX
Deux ans plus tard, deux femmes en grand deuil habitaient encore, à Paris-Plage, la « Sapinière ». C’était Valérie et Gillette. La première portait le deuil de son mari. Dieu avait fait grâce au malheureux. Après l’avoir ramené à lui dans les sentiments les plus chrétiens de repentir et d’espérance, il l’avait rappelé.
Gillette portait le deuil de sa mère, qui avait fermé les yeux sur la consolante vision de Jeannine épouse et mère, et de l’avenir de Gillette, assuré, sinon fixé encore.
Valérie, dès celle mort, avait appelé près d’elle l’orpheline pour l’y conserver jusqu’à son mariage. Un peu de douceur lui est venue de l’attachement de cette enfant, de la reconnaissance affectueuse que lui ont vouée les deux heureux qu’elle a faits.
Mais, malgré tout, Valérie n’a point oublié. Elle multiplie ses bonnes œuvres, ses charités, et les fait toutes dans un but d’expiation, en songeant à ce mari qu’elle aime à travers la tombe, à qui elle reste fidèle, soutenue par l’espérance de le retrouver un jour, en ce monde divin où toute faute dont on s’est repenti est pardonnée, et où toutes les affections chrétiennes et légitimes sont renouées et bénies.