Faits curieux de l’histoire de Montréal/7

LES ARPENTEURS DE MONTRÉAL AU XVIIe ET AU XVIIIe SIÈCLE

1642-1800


Faire établir par des experts les dimensions exactes des terres et terrains qui font l’objet des transactions est aussi nécessaire que de faire rédiger les contrats par des tabellions versés dans la connaissance des lois.

Sans bornage, sans arpentage, des conflits surgissent qui détruisent la bonne entente entre les voisins et qui peuvent nuire au progrès général d’une colonie. En exerçant leur art, les arpenteurs rendaient justice aux concesseurs comme aux concessionnaires ; ils assuraient à chacun ce qui lui était dû et ils contribuaient au développement normal du pays. À ces titres, les noms de ces praticiens méritent d’être connus et d’être conservés à côté de ceux des autres professionnels qui ont joué un rôle dans l’organisation sociale de la Nouvelle-France.

On peut déplorer, cependant, que les arpenteurs n’aient pas, comme les notaires, été obligés de conserver leurs minutes avec un soin jaloux. Que de problèmes archéologiques ils aideraient à élucider et que de coins de terres historiques ils nous permettraient de localiser sans hésitation ! Malheureusement, leurs procès-verbaux ont souvent été remis aux intéressés et ils sont disparus avec les papiers de famille, ou bien ils sont disséminés dans les documents judiciaires et dans les actes notariés d’où il faut les exhumer. En sorte qu’il est encore difficile de dresser le tableau complet de tous les arpenteurs qui ont exercé dans la région montréalaise entre 1642 et 1800. Toutefois, la reconstitution des greffes d’arpenteurs qui se poursuit, depuis quelques années, nous permet de préparer une liste qui déjà ne manque pas d’intérêt, ainsi qu’on pourra en juger.

1648-1663. — Il ne fut concédé des terres, à Ville-Marie, qu’à partir de 1648 et la description qui en est faite dans les contrats indique bien qu’on les avait mesurées, mais qui faisait la besogne ? Gilbert Barbier, colon arrive en 1642, en était peut-être capable, puisqu’on a la preuve qu’il a pratiqué l’art de l’arpentage en 1679 (voir ci-après) ; cependant, nous croyons que ce fut plutôt M. de Maisonneuve, car notre fondateur semble avoir eu des connaissances très variées. Il administra la seigneurie, rendit la justice, commanda la garnison, rédigea les contrats, bref, il mit la main à tout dans son gouvernement. Étant officier supérieur, il pouvait avoir des notions de géométrie et d’arpentage et, dans ce cas, il n’a pas manqué l’occasion de s’en servir.

Quoi qu’il en soit, on ne trouve mention d’aucun arpenteur avant Basset, qui dut apprendre son art à Montréal.

1663-1696. — Bénigne Basset n’avait que dix-huit ans lorsqu’il arriva à Montréal, avec les Sulpiciens, en 1657. Néanmoins, cette même année, il succéda au notaire Jean de Saint-Père, tué par les Iroquois, au mois d’octobre.

Sachant l’orthographe, ayant une belle écriture, Basset se tira d’affaire. En plus de sa charge de tabellion, il fut greffier du tribunal, secrétaire de la fabrique de Ville-Marie et arpenteur.[1]

On ignore à quelle date il commença à pratiquer son art, mais nous voyons que le 8 juin 1663, M. de Maisonneuve ordonne qu’il soit planté des bornes, en la présence du gouverneur de l’île et des propriétaires, à toutes les terres non déjà bornées. Puis, le 14 juin 1663, M. de Maisonneuve commande à Bénigne Basset de mesurer les terres de tous les particuliers et de poser des bornes à chacune.

Dix ans plus tard, dans un acte du 28 novembre 1673, Basset prend le titre de « premier arpenteur de la seigneurie de Montréal », ce qui signifie peut-être qu’il fut le premier de sa profession officiellement nommé pour ladite seigneurie.

Plus tard encore, Basset a gravi un nouvel échelon et il s’intitule « maître arpenteur juré en la Nouvelle-France, résidant à Ville-Marie » (acte du 27 juillet 1692).

Bénigne Basset est mort au mois d’août 1699.

1667-1672. — Jean Guyon du Buisson. Parmi les plus anciens procès-verbaux d’arpentage conservés à Montréal, sont ceux qui sont signés par Jean Guyon du Buisson, les 21 et 22 juin 1667. Celui-ci se qualifie dès lors « arpenteur du roi en ce pays ». Il existe du même personnage une autre pièce datée du premier juin 1672.

Ce Guyon du Buisson, né en 1620, marié à Élisabeth Couillard en 1645, mourut au Château-Richer en 1694 (Tanguay). Il vécut dans la région de Québec et ce n’est qu’occasionnellement qu’il exerça ses fonctions à Montréal. M. J.-Edmond Roy n’a retrouvé, à Québec, que ses procès-verbaux de 1673 à 1679, et il en a conclu que Guyon n’avait arpenté que durant cette période. Les archives de Montréal démontrent que le praticien en question « mesurait » même du temps du fameux Jean Bourdon, de Québec, et qu’il a dû remplacer ce dernier, décédé en 1668.

1673-1674. — Jean Le Rouge, marbrier (?) et « juré arpenteur de Québec », qui mourut subitement à Charlebourg au mois de septembre 1712 (Tanguay, I, 386) a laissé deux procès-verbaux à Montréal. L’un en date du 16 octobre 1673 concerne le mesurage de la terre de François Pillet à Boucherville, l’autre du 3 novembre 1674 indique les bornes de la terre de Joseph Petit.

Enfin le notaire Maugue, dans un acte du 5 septembre 1693, signale un troisième procès-verbal dressé le 19 octobre 1673 et qui décrit les bornes de la terre de Joachim Reguindeau à Boucherville.

Le Rouge avait été commissionné le 5 novembre 1672.

1679. — Louis-Marin Boucher Boisbuisson. Les archives de Montréal ne possèdent aucune pièce signée par lui. Sa présence, cependant, est signalée à Montréal dans les actes de Maugue, du 2 décembre 1679, du 15 avril 1680 et dans un autre du 3 janvier 1682. Mgr Tanguay a également vu son nom dans les registres de Longueuil en 1681. Le sieur Boucher Boisbuisson déclare, dans ce dernier cas, qu’il est marchand. Avait-il abandonné sa profession ? Quoi qu’il en soit, il avait été nommé par Talon le 1er mai 1672 et M. J.-Edmond Roy est d’avis que cette commission est la première qui ait été accordée par un intendant.

1679. — Gilbert Barbier. Charpentier, originaire de Decize, il fut l’un des douze colons qui arrivèrent à Montréal au mois d’août 1642.

Barbier a joui d’une certaine considération puisqu’il agissait comme procureur fiscal en 1657. Il paraît également avoir exercé la profession d’arpenteur car il prend le titre de « maître charpentier et arpenteur » dans un document du 31 juillet 1681 où sont consignés les détails d’un arpentage qu’il fit en juin 1679. En plus on a un de ses procès-verbaux, rédigé en 1684. Cet excellent citoyen, mourut en 1693.

1686. — Robert de Villeneuve, ingénieur du roi, a laissé un procès-verbal d’arpentage, à Montréal, en l’an 1686. Cet ingénieur a dressé plusieurs cartes et plans en ce pays. Venu au Canada en 1685, il en repartit en 1688, sur un ordre du roi. De retour en 1691, il quitta définitivement nos rives en 1693. Selon le gouverneur de Denonville, le sieur Villeneuve travaillait vite et admirablement bien, mais « c’était un fou, un libertin et un débauché. » (Bulletin des R. h. 1898, p. 376.)

1688-1699. — Gédéon de Catalogne. Né en 1662. Lieutenant des troupes, il arriva au pays en 1685 et prit part à l’expédition de la baie d’Hudson en 1686.

Plusieurs de ses procès-verbaux sont conservés dans les archives de Montréal. On lui doit encore les travaux du premier canal entre Montréal et Lachine, en 1700 ; les fortifications des Trois-Rivières ; les plans de l’Hôtel-Dieu de Montréal qui fut construit en 1695 après l’incendie des premiers bâtiments de cet hôpital ; une carte précieuse des seigneuries de Québec, Trois-Rivières et Montréal, avec les noms de tous les colons ; un copieux mémoire sur le Canada et, enfin, les fortifications de la ville de Louisbourg, dans l’île du Cap-Breton, où il alla demeurer et où il mourut, le 5 janvier 1729.

1701. — Pierre Raimbault. Le 23 août 1701, le sieur Raimbault produit devant le tribunal de Montréal sa commission d’arpenteur et mesureur pour la Nouvelle-France, en date du 17 août précédent et signée par l’intendant Bochart. Nous n’avons pas encore retrouvé de procès-verbaux de Pierre Raimbault qui, on le sait, fut en plus notaire, procureur du roi et juge.

1702. — Gabriel Baudreau dit Graveline reçoit de l’intendant Bochart sa commission de « juré arpenteur et mesureur royal » le 28 août 1702. Cette commission est enregistrée le 3 juillet 1703. On lit dans cette pièce ce détail à noter que Baudreau est, dans le moment, le troisième arpenteur du gouvernement de Montréal. Les archives paraissent n’avoir conservé aucun de ses procès-verbaux.

En 1716, il formait partie avec d’autres Canadiens d’une société qui, en Louisiane, faisait un gros commerce avec les Espagnols.[2]

1703-1708. — Jean-Michel Lefebvre dit La Cerisaye. Charpentier. Il se marie à Champlain en 1683 et décède aux Trois-Rivières en 1708. Le 24 septembre 1703, il fait, à Lachine, l’arpentage d’une terre appartenant à François Le Gantier de la Vallée-Rané. Le procès-verbal en est cité dans le registre des audiences de Montréal, à la date du 29 février 1704. D’autre part, le 22 juin 1707, à Montréal, l’intendant Raudot confirme un procès-verbal d’alignement fait par Lefebvre La Cerisaye sur les terres des nommés Duval et Laviolette. (E. et O. R., III, 132.) Enfin, dans le registre des audiences, au 30 juin 1713, il est question d’un bornage par Lefebvre La Cerisaye, du 30 janvier 1708.

1704-1719. — Charles Basset-Vauvilliers. Sa commission d’arpenteur lui fut accordée le 1er octobre 1704 et il la présenta au tribunal le 20 octobre suivant, tel qu’il appert au registre des audiences. Fils de Bénigne Basset, il naquit à Montréal en 1664 et mourut en 1723. Il ajoute parfois à son nom patronymique celui de sa mère, Vauvilliers, suivant une coutume assez répandue à cette époque.

1708. — Pierre Couturier, maître maçon et entrepreneur de bâtiment reçoit une commission d’arpenteur signée par l’intendant Raudot, le 6 juin 1708, et il la présente au tribunal pour la faire enregistrer, le 14 septembre suivant. Ce doit être ce Pierre Couturier dit Bourguignon, né en 1665 à Arcq en Barrois, diocèse de Langres, qui épousa Marguerite Payet, à la Pointe-aux-Trembles, le 11 janvier 1700 et fut inhumé à Montréal, le 8 janvier 1715. Nous n’avons vu aucun de ses procès-verbaux.

1708. — Étienne Volant, sieur de Radisson. Dans le registre des audiences, le 17 août 1708, on consigne que Volant de Radisson a fait un procès-verbal d’arpentage dans la seigneurie de Lachesnaye. Ce Volant naquit à Québec en 1664 et se maria à Sorel en 1693. Tanguay (vol. III, 480) a vu quelque part qu’il était « colonel des troupes de la milice bourgeoise » et au vol. VI, 498, il constate que Volant était à Chambly en 1710.

Il semble avoir résidé assez longtemps à Montréal, car il y possédait une maison en 1721, et il mourut dans cette ville en 1735.

1708-1741. — J.-B. Lefebvre dit Angers naquit à Québec en 1672 et vint demeurer avec sa famille à Montréal, entre 1704 et 1706. Par une ordonnance conservée à Montréal, et datant du 18 octobre 1708, l’intendant Raudot autorise maître Angers, charpentier, à arpenter et à mesurer. Ce praticien décède en 1742 ; il signait « J.-B. Angér ». Son fils, J.-B. Angers, fut juge prévôt de l’île Jésus, en 1744.

1710-1720. — Gilles Papin. D’abord commis de Jacques Le Ber, à Montréal, Papin devint marchand, puis le 5 juillet 1710, il recevait sa commission d’arpenteur sur « la recommandation de M. de Catalogne », ainsi qu’il appert dans le registre des audiences du 8 juillet 1710. Il résida à Montréal, puis à Boucherville. Né à Montréal en 1669, il mourut après 1726.

1720-1737. — Toussaint Beaudry, né en 1672, petit-fils de Gilbert Barbier, reçut sa commission d’arpenteur le 5 septembre 1720 (B. des R. h., I, 50). Cette commission fut enregistrée par le greffier du tribunal de Montréal le 27 septembre 1720. À cette date, M. Beaudry était capitaine de milice à la Pointe-aux-Trembles. Il décède au mois de mai 1744. Les archives de Montréal conservent un de ses rapports de 1732 et un de 1737.

1721. — Gaspard Chaussegros de Léry. Ingénieur en chef de la Nouvelle-France, il dirigea les travaux des fortifications à Québec et à Montréal. Mort à Québec en 1756. Les archives de Montréal n’ont de lui qu’un plan de la partie de Montréal qui fut incendiée en 1721.

1721. — René de Couagne. Le 16 octobre 1721, il recevait sa commission d’arpenteur (B. des R. h., I, 50). Jusqu’à présent on n’a retrouvé, à Montréal, portant sa signature, qu’une pièce du 2 mai 1723.

1730. — J.-B. Jenvrin Dufresne. Commissionné le 16 mars 1730. Son greffe renferme des actes datés de 1731 à 1750. Il paraît résider à Montréal. Le Bulletin des Recherches historiques, (I, 50) le nomme Sévérin, au lieu de Jenvrin.

1734-1778. — Jean Péladeau. Sa commission date du 17 juillet 1734. Il demeura à la Côte-des-Neiges et à Montréal. La liasse de ses procès-verbaux comprend des pièces rédigées durant les années 1738 à 1770. Il laisse aussi un très joli plan de la banlieue est de Montréal fait en 1778.

1736-1752. — Germain Lepage de Saint-François obtint sa commission le 10 février 1736 (B. des R. h., I, 51.) Il demeura à Montréal. Ses procès-verbaux conservés ont été faits entre 1738 et 1753.

1742-1746. — François Pouchat dit Laforce. Il signe « Laforce, arpenteur royal » et réside à Montréal. Son greffe comprend des pièces datées de 1742 à 1746. Un François Pouchat dit Laforce épouse à Boucherville, le 6 février 1764, Madeleine Petit, veuve d’Antoine Blin. Est-ce l’arpenteur ?

1747-1759. — J.-B. Chèvrefils dit Belisle fut nommé le premier mai 1747 pour la région de Montréal. Nous avons de ses procès-verbaux de 1740 à 1759. Il signe « J. B. Belisle » et aussi « J. B. Chèvrefils Belisle ». Ce doit être lui qui est né à Montréal, le 12 mai 1725 et qui fut inhumé le 23 janvier 1761 à Lachesnaye (Tanguay, III, 63).

1751-1768. — Joseph Raymond reçut sa commission le 21 août 1751. (B. des R. h., I, 52.) Ses derniers procès-verbaux sont de l’année 1768.

1753-1774. — J.-B. Berrot. Nous voyons dans les Mémoires de la Société royale, 2e série, vol. III, p. 95, que le sieur Perrot fut nommé arpenteur par l’intendant Bigot, le 12 janvier 1753, sur le certificat du R. P. Bonnecamp, jésuite, professeur de mathématiques, en date du 22 septembre 1752. Il pratiqua à Montréal, de 1762 à 1774, si l’on s’en rapporte aux pièces qui ont été classées.

1754-1764 — Alexis Guyon. Cet arpenteur demeura à Verchères, et il laisse des pièces datées depuis 1754 jusqu’à 1764.

1755. — Étienne Rocbert de la Morandière, capitaine d’infanterie et ingénieur pour le roi à Montréal, a laissé un plan qui est annexé à un acte passé par Danré de Blanzy, le 12 avril 1755.

1758-1761. — Paul Jourdain dit Labrosse né en 1727, était fils de Paul-Raymond Jourdain dit Labrosse, sculpteur et facteur d’orgues. Il a pratiqué à Montréal depuis 1758 jusqu’à 1761, si l’on s’en rapporte aux actes qui sont classés. En 1761, il fit un plan colorié de la ville de Montréal, de grande dimension, et qui est très apprécié ; Il signe « P. Labrosse ».

1764. — Pierre Arseneau. Les archives ne possèdent de ce praticien qu’une pièce datée de 1764. Il demeurait alors à la « Rivière-du-loup » en haut.

1767-1799. — Maurice Desdevens de Glandons. « Arpenteur juré en ce pays », il exerce son art, d’abord à Bastican, à Saint-Pierre-les-Becquets et à Yamachiche, puis à Verchères où il paraît finir ses jours.

Mgr Tanguay, III, 351, fait erreur en le nommant Derdevens de Glandon. D’autres ne font pas mieux en orthographiant Dudevant.

1768-1771. — Jean Delisle de la Cailleterie. Originaire de Nantes, où son père était négociant, Jean Delisle paraît avoir émigré de France aux États-Unis d’abord et avoir épousé à New-York entre 1753 et 1756, une demoiselle Ann Denton qui lui donna un fils. Jean Delisle se remaria à Montréal, en 1790, avec une demoiselle Lacroix-Mézières.

En 1783, Jean Delisle fut député à Londres avec MM. Powell et Adhémar de Saint-Martin, pour demander un gouvernement responsable pour le Canada.

Ce savant praticien fut notaire de 1768 à 1787 et il exerça, en même temps, la profession d’arpenteur depuis l’an 1768 à 1771. Il signe « Jean De Lisle » et quelquefois « Jn. De Lisle », jamais autrement. Son fils également notaire signe « Jean Guill. Delisle ».

M. J.-Edmond Roy, dans son Histoire du notariat, ainsi que d’autres auteurs ont mêlé les détails biographiques du père et du fils. Nous avons tâché de rétablir les faits dans deux articles parus dans le Bulletin des Recherches historiques de 1919.

1770. — J.-Bte Grenier. « Arpenteur royal », il fait un procès-verbal dans la seigneurie de Berthier en date du 28 juillet 1770. Au bas de ce document est un autre procès-verbal par Plamondon (voir ci-après).

1764-1773. — François Fortin. Il reçut sa commission du gouverneur Burton, le 23 février 1764 et paraît s’être fixé à Terrebonne. On n’a de lui que quelques pièces datées au cours des années 1770 à 1773.

1772. — François Enouille-Lanoix. Dans la seule pièce qu’on a retrouvée de lui et qui date du 17 juillet 1772, on voit qu’il demeurait à Chambly. D’après le dictionnaire de Mgr Tanguay, III, 594, deux personnages portant le même prénom et le même nom, le père et le fils, vivaient à Chambly en 1772 ; nous n’avons pu savoir lequel fut arpenteur.

1773. — Joseph Filion. Cet arpenteur, qui demeurait à Terrebonne, n’a laissé à Montréal qu’un acte de l’année 1773.

1773-1775 — Joseph Papineau. Né en 1752, il reçoit sa commission d’arpenteur le 20 juillet 1773 et exerce son art pendant une couple d’années, au moins. Le 19 juillet 1780, M. Papineau était nommé notaire et il paraît s’être consacré à cette dernière profession jusqu’à son décès arrivé le 8 juillet 1841.

Joseph Papineau a été député de Montréal de 1792 à 1804. Ce fut un orateur remarquable autant qu’un savant homme de loi. Personne n’ignore le rôle que son fils, Louis-Joseph, a joué dans notre histoire.

1776. — Amable Gipouloux, « arpenteur juré résidant au village de la Prairie de la Magdeleine ». Il signe un procès-verbal le 26 février 1776, puis un autre, conjointement avec Étienne Guy, le 12 septembre 1798. Ce sont les deux seules pièces qui semblent nous être restées.

Le sieur Gipouloux mourut à Laprairie le 30 septembre 1809 et son acte de décès lui donne environ 72 ans.

1782. — P.-P. Gagnier, « juré arpenteur résidant à Montréal ». On conserve, de ce praticien, une pièce datée du 22 février 1782. 1787. — Louis Guy, obtint une commission d’arpenteur en 1787, mais on ne trouve aucun de ses procès-verbaux. Le 31 août 1801, il devenait notaire.

1787-1788. — Jn Gaudet, « arpenteur juré résidant au bourg de l’Assomption », a laissé un procès-verbal de l’an 1787 et un autre de l’année suivante.

1790-1796. — Jean Pennoyer. Sur cet arpenteur, dont les archives conservent quelques pièces, nous n’avons aucune note.

1790. — Jean Plamondon. De ce professionnel, il existe à Montréal, deux pièces, l’une du 26 juin et l’autre du 10 août 1790. Dans celle-ci, il déclare « résider à Saint-François, au sud-est du lac Saint-Pierre ».

1791-1816. — François Papineau. « arpenteur résidant à Montréal. » Frère de Joseph Papineau, mentionné plus haut. François-Xavier naquit le 14 février 1757 et décéda le 9 avril 1821.

1791-1820. — Pierre Beaupré, « arpenteur député pour la province », a laissé une volumineuse et intéressante collection de cahiers de notes, outre ses procès-verbaux.

1792-1800. — Pierre Dezéry. Il exerça son art à Montréal et l’on a recueilli quelques-uns de ses procès-verbaux.

1796-1825. — William Saxe. Les archives de Montréal conservent une série de ses pièces faites entre 1796 et 1825. À Québec, on en a une autre série datant de 1814 à 1833.

M. Saxe qui était américain épousa à la Christ Church, de Montréal, le 6 février 1812, Osité Tremblay. Les deux époux demeuraient alors à Longueuil.

M. Saxe fut un des arpenteurs les plus en renom de son temps.

Un de ses fils, l’abbé Pierre-Télesphore Saxe, né à Québec en 1822 et ordonné en 1846, est considéré comme le fondateur de la paroisse de Saint-Romuald de Lévis. Cet abbé dont on a loué la vive intelligence mourut en 1881, âgé de 59 ans.

1796-1813. — Louis Charland. Dans son plus ancien procès-verbal d’arpentage déposé à Montréal, c’est-à-dire dans celui du 12 octobre 1796, Charland se dit « arpenteur juré de la province du Bas-Canada résidant à Québec. » Le 27 mai 1800, il déclare demeurer à Montréal. Praticien fort habile, il a laissé plusieurs plans dont la valeur historique est considérable. M. Charland paraît avoir été nommé inspecteur des chemins de Montréal vers 1799 et être resté en fonctions jusqu’au 3 septembre 1813, date de son décès. À sa mort, il n’avait que 42 ans, nous dit l’acte de sépulture.

En 1800, il faisait partie avec plusieurs Montréalais distingués de ce fameux Club des douze apôtres qui attira l’attention des autorités anglaises et qui, d’après le juge Foucher, n’était qu’une réunion de bons vivants.[3]

1796-1802. — François Desdevens de Glandons. Cet arpenteur demeurait à Verchères en 1798, il était fils de Maurice Desdevens, plus haut mentionné.

1798-1803. — Charles Turgeon, « député-arpenteur provincial résidant au bourg de Terre-bonne », a signé quelques pièces dressées au cours des années ci-dessus indiquées.

1798-1819. — Étienne Guy. Fils de Pierre Guy et de Marie-Joseph Hervieux, Étienne est né le 16 février 1774. Il pratique comme arpenteur de 1798 à 1819. Député de Montréal de 1796 à 1800. Lors de son décès, le 31 décembre 1820, il était lieutenant-colonel.



  1. Basset, en avril 1659, a bien signé deux procès-verbaux « d’apposition de bornes, » à Montréal, cependant, il ne prend pas encore la qualité d’arpenteur.
  2. Tanguay, À travers les registres, p. 110.
  3. Philéas Gaguon, Bulletin des Recherches historiques, vol. IV, p. 90.