Fables originales/Livre IV/Fable 16

Edouard Dentu (p. 107-108).

FABLE XVI.

Le Renard et les Poules.


À l’heure que le coq s’éveille
Et commence à s’égosiller,
Maître renard tendait l’oreille
À la porte d’un poulailler.
Innocent d’actes de carnage
Sur les poules du voisinage,

Le malin se croyait aimé,
Ou tout au moins très estimé
Des locataires de la loge.
Museau levé, patte à l’écrou.
Il s’attendait à son éloge.
Poules disaient : « Notre verrou
Tient en saint respect le filou… »
Lui, le filou !… langues traîtresses
Vous aurez part à mes tendresses ;
Dans les champs, grilles ni verroux
Ne vous sauveront de mes coups ;
Ma dent croquera vos phalanges.
Maître Renard n’est pas aux anges.
Il aurait dû se rappeler :
Qu’aux portes : « Qui vient écouter,
Entend rarement ses louanges. »