Fables de Florian (1838)/1/Le Bœuf, le Cheval et l’Âne
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FABLE II.
LE BŒUF, LE CHEVAL ET L’ÂNE
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n bœuf, un baudet, un cheval,
Se disputaient la préséance.
Un baudet ! direz-vous, tant d’orgueil lui sied mal.
À qui l’orgueil sied-il ? et qui de nous ne pense
Valoir ceux que le rang, les talents, la naissance,
Élèvent au-dessus de nous ?
Le bœuf, d’un ton modeste et doux,
Alléguait ses nombreux services,
Sa force, sa docilité ;
Le coursier sa valeur, ses nobles exercices ;
Et l’âne son utilité.
Prenons, dit le cheval, les hommes pour arbitres.
En voici venir trois, exposons-leur nos titres.
Si deux sont d’un avis, le procès est jugé.
Les trois hommes venus, notre bœuf est chargé
D’être le rapporteur ; il explique l’affaire,
Et demande le jugement.
Un des juges choisis, maquignon bas-normand,
Crie aussitôt : La chose est claire,
Le cheval a gagné. Non pas, mon cher confrère,
Dit le second jugeur : c’était un gros meunier ;
L’âne doit marcher le premier :
Tout autre avis serait d’une injustice extrême.
Oh ! que nenni, dit le troisième,
Fermier de sa paroisse et riche laboureur,
Au bœuf appartient cet honneur.
Quoi ! reprend le coursier, écumant de colère,
Votre avis n’est dicté que par votre intérêt ?
Eh ! mais, dit le Normand, par quoi donc, s’il vous plaît !
N’est-ce pas le code ordinaire ?
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