Fables d’Ésope (trad. Chambry, 1927)/Les Voyageurs et le Platane

Pour les autres éditions de ce texte, voir Les Voyageurs et le Platane.

Traduction par Émile Chambry.
FablesSociété d’édition « Les Belles Lettres » (p. 114r).

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LES VOYAGEURS ET LE PLATANE


En été, vers l’heure de midi, deux voyageurs, fatigués par l’ardeur du soleil, ayant aperçu un platane, se réfugièrent sous ses branches et, s’étendant à son ombre, se reposèrent. Or, ayant levé les yeux vers le platane, ils se dirent l’un à l’autre : « Voilà un arbre qui est stérile et inutile à l’homme. » Le platane prenant la parole : « Ingrats, dit-il, au moment même où vous jouissez de ma bienfaisance, vous me traitez d’inutile et de stérile. »

Il en est ainsi chez les hommes : certains sont si malchanceux que, même en obligeant leurs voisins, ils ne peuvent faire croire à leur bienfaisance.