Fables d’Ésope (trad. Chambry, 1927)/Les Voyageurs et l’Ours (bilingue)

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LES VOYAGEURS ET L’OURS


Deux amis cheminaient sur la même route. Un ours leur apparut soudain. L’un monta vite sur un arbre et s’y tint caché ; l’autre, sur le point d’être pris, se laissa tomber sur le sol et contrefit le mort. L’ours approcha de lui son museau et le flaira partout ; mais l’homme retenait sa respiration ; car on dit que l’ours ne touche pas à un cadavre. Quand l’ours se fut éloigné, l’homme qui était sur l’arbre descendit et demanda à l’autre ce que l’ours lui avait dit à l’oreille. « De ne plus voyager à l’avenir avec des amis qui se dérobent dans le danger », répondit l’autre.

Cette fable montre que les amis véritables se reconnaissent à l’épreuve du malheur.

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Ὁδοιπόροι καὶ ἄρκτος.

Δύο φίλοι τὴν αὐτὴν ὁδὸν ἐβάδιζον. Ἄρκτου δὲ αὐτοῖς ἐπιφανείσης, ὁ μὲν ἕτερος φθάσας ἀνέβη ἐπί τι δένδρον καὶ ἐνταῦθα ἐκρύπτετο, ὁ δὲ ἕτερος μέλλων περικατάληπτος γίνεσθαι, πεσὼν κατὰ τοῦ ἐδάφους τὸν νεκρὸν προσεποιεῖτο. Τῆς δὲ ἄρκτου προσενεγκούσης αὐτῷ τὸ ῥύγχος καὶ περιοσφραινομένης τὰς ἀναπνοὰς συνεῖχε· φασὶ γὰρ νεκροῦ μὴ ἅπτεσθαι τὸ ζῷον. Ὑποχωρησάσης δέ, ὁ ἀπὸ τοῦ δένδρου καταβὰς ἐπυνθάνετο αὐτοῦ τί ἡ ἄρκτος πρὸς τὸ οὖς εἴρηκεν. Ὁ δὲ εἶπε· « Τοῦ λοιποῦ τοιούτοις μὴ συνοδοιπορεῖν φίλοις οἳ ἐν κινδύνοις οὐ παραμένουσιν. »

Ὁ λόγος δηλοῖ ὅτι τοὺς γνησίους τῶν φίλων αἱ συμφοραὶ δοκιμάζουσιν.