Fables d’Ésope (trad. Chambry, 1927)/Les Deux Escarbots

Pour les autres éditions de ce texte, voir Les Deux Escarbots.

Traduction par Émile Chambry.
FablesSociété d’édition « Les Belles Lettres » (p. 66r-67r).

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LES DEUX ESCARBOTS


Un taureau paissait dans une petite île, et deux escarbots se nourrissaient de sa bouse. À l’arrivée de l’hiver, l’un dit à l’autre qu’il voulait passer sur le continent, afin que, étant seul, son camarade eût de la nourriture en suffisance, tandis que lui s’en irait là-bas pour y passer l’hiver. Il ajouta que, s’il y trouvait de la pâture en abondance, il lui en apporterait. Or, arrivé sur le continent, il y rencontra des bouses nombreuses et fraîches; il s’y établit et s’en nourrit. L’hiver passé, il revint dans l’île. Son camarade le voyant gras et en bon corps, lui rappela sa promesse et lui reprocha de ne lui avoir rien rapporté. « Ne t’en prends pas à moi, répondit-il, mais à la nature du lieu : il est possible d’y trouver à vivre, mais impossible d’en emporter quoi que ce soit. »

On pourrait appliquer cette fable à ceux qui poussent l’amitié jusqu’à régaler leurs amis, mais pas plus loin, et qui refusent de leur rendre aucun service.