Fables d’Ésope (trad. Chambry, 1927)/Les Deux Chiens (bilingue)

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LES DEUX CHIENS

Un homme avait deux chiens. Il dressa l’un à chasser et fit de l’autre un gardien du foyer. Or quand le chien de chasse sortait pour chasser et prenait quelque gibier, le maître en jetait une partie à l’autre chien aussi. Le chien de chasse mécontent fit des reproches à son camarade : c’était lui qui sortait et avait le mal en toute occasion, tandis que son camarade, sans rien faire, jouissait du fruit de ses travaux ! Le chien de garde répondit : « Eh mais ! ce n’est pas moi qu’il faut blâmer, mais notre maître qui m’a appris, non à travailler, mais à vivre du travail d’autrui. »

C’est ainsi que les enfants paresseux ne sont pas à blâmer, quand leurs parents les élèvent dans la paresse.


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Κύνες δύο.


Ἔχων τις δύο κύνας, τὸν μὲν θηρεύειν ἐδίδασκε, τὸν δὲ οἰκουρὸν ἐποίησε. Καὶ δή, εἴ ποτε ὁ θηρευτὴς ἐξιὼν ἐπ᾿ ἄγραν συνελάμβανέ τι, ἐκ τούτου μέρος καὶ τῷ ἑτέρῳ παρέβαλλεν. Ἀγανακτοῦντος δὲ τοῦ θηρευτικοῦ καὶ τὸν ἕτερον ὀνειδίζοντος, εἴ γε αὐτὸς μὲν ἐξιὼν παρ᾿ ἕκαστα μοχθεῖ, ὁ δὲ οὐδὲν ποιῶν τοῖς αὐτοῦ πόνοις ἐντρυφᾷ, ἐκεῖνος ἔφη πρὸς αὐτόν· « Ἀλλὰ μὴ ἐμὲ μέμφου, ἀλλὰ τὸν δεσπότην, ὃς οὐ πονεῖν με ἐδίδαξεν, ἀλλοτρίους δὲ πόνους κατεσθίειν. »

Οὕτω καὶ τῶν παίδων οἱ ῥᾴθυμοι οὐ μεμπτέοι εἰσίν, ὅταν αὐτοὺς οἱ γονεῖς οὕτως ἄγωσιν.