Fables d’Ésope (trad. Chambry, 1927)/Les Ânes s’adressant à Zeus (bilingue)

Pour les autres éditions de ce texte, voir Les Ânes s’adressant à Zeus.

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LES ÂNES S’ADRESSANT À ZEUS


Un jour les ânes excédés d’avoir toujours des fardeaux à porter et des fatigues à souffrir, envoyèrent des députés à Zeus, pour demander qu’il mît un terme à leurs travaux. Zeus, voulant leur montrer que la chose était impossible, leur dit qu’ils seraient délivrés de leur misère, quand ils auraient, en pissant, formé une rivière. Les ânes prirent au sérieux cette réponse, et depuis ce temps jusqu’à nos jours, quand ils voient quelque part de l’urine d’âne, ils s’arrêtent tout autour, eux aussi, pour pisser.

Cette fable montre qu’on ne peut rien changer à sa destinée.

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Ὄνοι πρὸς τὸν Δία.

Ὄνοι ποτὲ ἀχθόμενοι ἐπὶ τῷ συνεχῶς ἀχθοφορεῖν καὶ ταλαιπωρεῖν πρέσβεις ἔπεμψαν πρὸς τὸν Δία, λύσιν τινὰ αἰτούμενοι τῶν πόνων. Ὁ δὲ αὐτοῖς ἐπιδεῖξαι βουλόμενος ὅτι τοῦτο ἀδύνατόν ἐστιν, ἔφη τότε αὐτοὺς ἀπαλλαγήσεσθαι τῆς κακοπαθείας, ὅταν οὐροῦντες ποταμὸν ποιήσωσι. Κἀκεῖνοι αὐτὸν ἀληθεύειν ὑπολαβόντες ἀπ᾿ ἐκείνου καὶ μέχρι νῦν ἔνθα ἂν ἀλλήλων οὖρον ἴδωσιν, ἐνταῦθα καὶ αὐτοὶ περιιστάμενοι οὐροῦσιν.

Ὁ λόγος δηλοῖ ὅτι τὸ ἑκάστῳ πεπρωμένον ἀθεράπευτόν ἐστι.