Fables d’Ésope (trad. Chambry, 1927)/Le Rossignol et l’Épervier (bilingue)

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LE ROSSIGNOL ET L’ÉPERVIER

Un rossignol perché sur un chêne élevé chantait à son ordinaire. Un épervier l’aperçut, et, comme il manquait de nourriture, il fondit sur lui et le lia. Se voyant près de mourir, le rossignol le pria de le laisser aller, alléguant qu’il n’était pas capable de remplir à lui seul le ventre d’un épervier, que celui-ci devait, s’il avait besoin de nourriture, s’attaquer à des oiseaux plus gros. L’épervier répliqua : « Mais je serais stupide, si je lâchais la pâture que je tiens pour courir après ce qui n’est pas encore en vue. »

Cette fable montre que chez les hommes aussi, ceux-là sont déraisonnables qui dans l’espérance de plus grands biens laissent échapper ceux qu’ils ont dans la main.

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Ἀηδὼν καὶ ἱέραξ


Ἀηδὼν ἐπί τινος ὑψηλῆς δρυὸς καθημένη κατὰ τὸ σύνηθες ᾖδεν. Ἱέραξ δὲ αὐτὴν θεασάμενος, ὡς ἠπόρει τροφῆς, ἐπιπτὰς συνέλαβεν. Ἡ δὲ μέλλουσα ἀναιρεῖσθαι ἐδέετο αὐτοῦ μεθεῖναι αὐτήν, λέγουσα ὡς οὐχ ἱκανή ἐστιν ἱέρακος αὐτὴ γαστέρα πληρῶσαι· δεῖ δὲ αὐτόν, εἰ τροφῆς ἀπορεῖ, ἐπὶ τὰ μείζονα τῶν ὀρνέων τρέπεσθαι. Καὶ ὅς ὑποτυχὼν εἶπεν· « Ἀλλ᾽ ἔγωγε ἀπόπληκτος ἂν εἴην, εἰ τὴν ἐν χερσὶν ἑτοίμην βορὰν παρεὶς τὰ μηδέπω φαινόμενα διώκοιμι. »

Οὕτως καὶ τῶν ἀνθρώπων ἀλόγιστοί εἰσιν οἷ δι᾽ ἐλπίδα μειζόνων [πραγμάτων] τὰ ἐν χερσὶν ὄντα προΐενται.