Fables d’Ésope (trad. Chambry, 1927)/Le Riche et les Pleureuses
Pour les autres éditions de ce texte, voir Le Riche et les Pleureuses.
310
LE RICHE ET LES PLEUREUSES
Un homme riche avait deux filles. L’une d’elles étant
morte, il loua des pleureuses à gages. L’autre fille dit à sa
mère : « Nous sommes bien malheureuses : c’est nous que
regarde le deuil et nous ne savons pas faire les lamentations,
tandis que ces femmes, qui ne nous sont rien, se frappent
et pleurent avec tant de violence. » La mère lui répondit :
« Ne t’étonne pas, mon enfant, si ces femmes font des lamentations
si pitoyables : elles les font pour de l’argent. »
C’est ainsi que certains hommes, poussés par l’intérêt, n’hésitent pas à trafiquer des malheurs d’autrui.