Fables d’Ésope (trad. Chambry, 1927)/Le Père et ses Filles (bilingue)

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LE PÈRE ET SES FILLES


Un homme qui avait deux filles avait donné en mariage l’une à un jardinier, l’autre à un potier. Au bout de quelque temps, il alla voir la femme du jardinier, et lui demanda comment elle allait et où en étaient leurs affaires. Elle répondit que tout marchait à souhait et qu’elle n’avait qu’une chose à demander aux dieux, de l’orage et de la pluie pour arroser les légumes. Peu de temps après il se rendit chez la femme du potier et lui demanda comment elle se trouvait. Elle répondit que rien ne leur manquait et qu’elle n’avait qu’un vœu à former, c’est que le temps restât clair et le soleil brillant, pour sécher la poterie. — « Si toi, reprit le père, tu demandes le beau temps, et ta sœur, le mauvais, avec laquelle de vous formerai-je des vœux ? »

De même si l’on fait en mème temps deux entreprises contraires, on les manque naturellement toutes les deux.

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Πάτηρ καὶ θυγατέρες.

Ἔχων τις δύο θυγατέρας, τὴν μὲν κηπουρῷ ἐξέδωκε πρὸς γάμον, τὴν δὲ ἑτέραν κεραμεῖ. Χρόνου δὲ προελθόντος, ἧκεν ὡς τὴν τοῦ κηπουροῦ καὶ ταύτην ἠρώτα πῶς ἔχοι καὶ ἐν τίνι αὐτοῖς εἴη τὰ πράγματα. Τῆς δὲ εἰπούσης πάντα μὲν αὐτοῖς παρεῖναι, ἓν δὲ τοῦτο εὔχεσθαι τοῖς θεοῖς, ὅπως χειμὼν γένηται καὶ ὄμϐρος, ἵνα τὰ λάχανα ἀρδευθῇ, μετ’ οὐ πολὺ παρεγένετο πρὸς τὴν τοῦ κεραμέως καὶ αὐτῆς ἐπυνθάνετο πῶς ἔχοι. Τῆς δὲ τὰ μὲν ἄλλα μὴ ἐνδεῖσθαι εἰπούσης, τοῦτο δὲ μόνον εὔχεσθαι, ὅπως αἰθρία τε λαμπρὰ ἐπιμείνῃ καὶ λαμρπὸς ἥλιος, ἵνα ξηρανθῇ ὁ κέραμος, εἶπε πρὸς αὐτήν· « Ἐὰν σὺ μὲν εὐδίαν ἐπιζητῇς, ἡ δὲ ἀδελφή σου χειμῶνα, ποτέρᾳ ὑμῶν συνεύξομαι ; »

Οὕτως οἱ ἐν ταὐτῷ τοῖς ἀνομίοις πράγμασιν ἐπειχειροῦντες εἰκότως περὶ τὰ ἑκάτερα πταίουσιν.