Fables d’Ésope (trad. Chambry, 1927)/Le Laboureur et le Loup

Pour les autres éditions de ce texte, voir Le Laboureur et le Loup.

Traduction par Émile Chambry.
FablesSociété d’édition « Les Belles Lettres » (p. 31r).
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LE LABOUREUR ET LE LOUP


Un laboureur ayant dételé son attelage, le menait à l’abreuvoir. Or un loup affamé, qui cherchait pâture, ayant rencontré la charrue, se mit tout d’abord à lécher les côtés intérieurs du joug, puis peu à peu, sans s’en apercevoir, il descendit son cou dedans, et, ne pouvant l’en dégager, il traîna la charrue dans le sillon. Le laboureur revenant l’aperçut et dit : « Ah ! tête scélérate ! si seulement tu renonçais aux rapines et au brigandage pour te mettre au travail de la terre ! »

Ainsi les méchants ont beau faire profession de vertu : leur caractère empêche de les croire.