Fables d’Ésope (trad. Chambry, 1927)/Le Choucas et les Oiseaux

Pour les autres éditions de ce texte, voir Le Geai paré des plumes du paon.

Traduction par Émile Chambry.
FablesSociété d’édition « Les Belles Lettres » (p. 71r-72r).
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LES CHOUCAS ET LES OISEAUX


Zeus, voulant instituer un roi des oiseaux, leur fixa un jour pour comparaître tous devant lui : il choisirait le plus beau de tous pour régner sur eux. Les oiseaux se rendirent au bord d’une rivière pour s’y laver. Or le choucas, qui se rendait compte de sa laideur, s’en vint ramasser les plumes que les oiseaux laissaient tomber, puis il se les ajusta et se les attacha. Il arriva ainsi qu’il fut le plus beau de tous. Or le jour fixé arriva et tous les oiseaux se rendirent chez Zeus. Le choucas, avec sa parure bigarrée, se présenta lui aussi. Et Zeus allait lui donner son suffrage pour la royauté, à cause de sa beauté ; mais les oiseaux indignés lui arrachèrent chacun la plume qui venait d’eux. Il en résulta que le choucas dépouillé se retrouva choucas.

Il en est ainsi des hommes qui ont des dettes : tant qu’ils sont en possession du bien d’autrui, ils paraissent être des personnages ; mais quand ils ont rendu ce qu’ils doivent, on les retrouve tels qu’ils étaient auparavant.