Fables d’Ésope (trad. Chambry, 1927)/Le Chien invité ou l’Homme et le Chien

Pour les autres éditions de ce texte, voir Le Chien invité ou l’Homme et le Chien.

Traduction par Émile Chambry.
FablesSociété d’édition « Les Belles Lettres » (p. 77r-78r).
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LE CHIEN INVITÉ ou L’HOMME ET LE CHIEN

Un homme préparait un dîner pour traiter un de ses amis et familiers. Son chien invita un autre chien. « Ami, lui dit-il, viens céans dîner avec moi. » L’invité arriva plein de joie, et s’arrêta à regarder le grand dîner, murmurant dans son cœur : « Oh ! quelle aubaine inattendue pour moi ! Je vais bâfrer et m’en donner tout mon soûl, de manière à n’avoir pas faim de tout demain. » Tandis qu’il parlait ainsi à part lui, tout en remuant la queue, comme un ami qui a confiance en son ami, le cuisinier le voyant tourner la queue de-ci, de-là, le prit par les pattes et le lança soudain par la fenêtre. Et le chien s’en retourna en poussant de grands cris. Il trouva sur sa route d’autres chiens ; l’un d’eux lui demanda : « Comment as-tu dîné, l’ami ? » Il lui répondit : « À force de boire je me suis enivré outre mesure, et je ne sais même pas par où je suis sorti. »

Cette fable montre qu’il ne faut pas se fier à ceux qui font les généreux avec le bien d’autrui.