Fables d’Ésope (trad. Chambry, 1927)/Le Chien de combat et les Chiens (bilingue)

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LE CHIEN DE COMBAT ET LES CHIENS

Un chien, nourri dans une maison, était dressé à combattre les bêtes fauves. Un jour qu’il en vit beaucoup rangées en ligne, il brisa le collier de son cou et s’enfuit par les rues. D’autres chiens l’ayant vu, puissant comme un taureau, lui dirent : « Pourquoi te sauves-tu ? — Je sais bien, répondit-il, que je vis dans l’abondance et que j’ai toutes les satisfactions de l’estomac, mais je suis toujours près de la mort, en combattant les ours et les lions. » Alors les chiens se dirent entre eux : « Nous avons une belle vie, quoique pauvre, nous qui ne combattons ni les lions, ni les ours. »

Il ne faut pas, pour la bonne chère et la vaine gloire, attirer sur soi le danger, mais l’éviter au contraire.

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Κύων <θηρευτικὸς καὶ κύνες>.


Κύων τρεφόμενος ἐν οἴκῳ, θηρσὶν εἰδὼς μάχεσθαι, ἰδὼν πολλοὺς ἐν τάξει ἱσταμένους, ῥήξας τὸν κλοιὸν τοῦ τραχήλου, ἔφευγε διὰ τῶν ἀμφόδων. Κύνες δὲ ἄλλοι τοῦτον ἰδόντες εὐτραφῆ οἷα ταῦρον εἶπον· « Τί φεύγεις; » Ὁ δὲ εἶπεν· « Ὅτι μὲν τροφῇ συζῶ περισσῇ οἶδα καὶ σῶμα τὸ ἐμὸν εὐφραίνω· ἀεὶ δὲ πλησίον εἰμὶ θανάτου, ἄρκοις καὶ λέουσι μαχόμενος. » Οἱ δὲ πρὸς ἀλλήλους εἶπον· « Καλὸν βίον ἡμεῖς, εἰ καὶ πενιχρόν, ζῶμεν, οἵτινες οὔτε λέουσι οὔτε ἄρκοις μαχόμεθα. »

Ὅτι οὐ δεῖ κινδύνους ἑαυτῷ ἐπιφέρειν διὰ τρυφὴν καὶ ματαίαν δόξαν, ἀλλὰ τούτους ἐκφεύγειν.