Fables d’Ésope (trad. Chambry, 1927)/Le Brigand et le Mûrier (bilingue)

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LE BRIGAND ET LE MÛRIER


Un brigand, ayant assassiné un homme sur une route, et se voyant poursuivi par ceux qui se trouvaient là, abandonna sa victime ensanglantée et s’enfuit. Mais des voyageurs qui venaient en sens inverse, lui demandèrent ce qui lui avait souillé les mains ; il répondit qu’il venait de descendre d’un mûrier. Comme il disait cela, ceux qui le poursuivaient le rejoignirent, le saisirent et le pendirent à un mûrier. Et le mûrier lui dit : « Je ne suis pas fâché de servir à ton supplice : c’est toi en effet qui as commis le meurtre, et c’est sur moi que tu en as essuyé le sang. »

Il arrive souvent ainsi que des hommes naturellement bons, quand ils se voient dénigrer par des calomniateurs, n’hésitent pas à se montrer méchants à leur égard.

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Λῃστὴς καὶ συκάμινος.

Λῃστὴς ἐν ὁδῷ τινα ἀποκτείνας, ἐπειδὴ ὑπὸ τῶν παρατυχόντων ἐδιώκετο, καταλιπὼν αὐτὸν ᾑμαγμένον, ἔφευγε. Τῶν δὲ ἀντικρὺς ὁδευόντων πυνθανομένων αὐτοῦ τίνι μεμολυσμένας ἔχει τὰς χεῖρας, ἔλεγεν ἀπὸ συκαμίνου νεωστὶ καταβεβηκέναι. Καὶ ὡς ταῦτα ἔλεγεν, οἱ διώκοντες αὐτὸν ἐπελθόντες καὶ συλλαβόντες ἀπό τινος συκαμίνου ἀνεσταύρωσαν. Ἡ δὲ ἔφη πρὸς αὐτόν· « Ἀλλ᾿ ἔγωγε οὐκ ἄχθομαι πρὸς τὸν σὸν θάνατον ὑπηρετοῦσα· καὶ γὰρ ὃν αὐτὸς φόνον ἀπειργάσω, τοῦτον εἰς ἐμὲ ἀπεμάττου. »

Οὕτω πολλάκις καὶ οἱ φύσει χρηστοί, ὅταν ὑπ᾿ ἐνίων ὡς φαῦλοι διαβάλλωνται, κατ᾿ αὐτῶν πονηρεύεσθαι οὐκ ὀκνοῦσιν.