Fables d’Ésope (trad. Chambry, 1927)/Le Bûcheron et Hermès

Pour les autres éditions de ce texte, voir Le Bûcheron et Hermès.

Traduction par Émile Chambry.
FablesSociété d’édition « Les Belles Lettres » (p. 112r-113r).

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LE BÛCHERON ET HERMÈS


Un homme qui coupait du bois au bord d’une rivière avait perdu sa cognée. Aussi, ne sachant que faire, il s’était assis -sur la berge et pleurait. Hermès, ayant appris la cause de sa tristesse, le prit en pitié ; il plongea dans la rivière, en rapporta une cognée d’or et lui demanda si c’était celle qu’il avait perdue. L’homme lui ayant répondu que ce n’était pas celle-là, il plongea de nouveau et en rapporta une d’argent. L’homme ayant déclaré que celle-là non plus n’était pas la sienne, il plongea une troisième fois et lui rapporta sa propre cognée. L’homme affirma que c’était bien celle-là qu’il avait perdue. Alors Hermès, charmé de sa probité, les lui donna toutes les trois. Revenu près de ses camarades il leur conta son aventure. L’un d’eux se mit en tête d’en obtenir autant. Il se rendit au bord de la rivière et lança à dessein sa hache dans le courant, puis s’assit en pleurant. Alors Hermès lui apparut à lui aussi, et apprenant le sujet de ses pleurs, il plongea et lui rapporta aussi une cognée d’or, et lui demanda si c’était celle qu’il avait perdue. Et lui, tout joyeux, s’écria : « Oui, c’est bien elle. » Mais le dieu, ayant horreur de tant d’effronterie, non seulement garda la hache d’or, mais il ne lui rendit même pas la sienne.

Cette fable montre que, autant la divinité est favorable aux honnêtes gens, autant elle est hostile aux malhonnêtes.