Fables d’Ésope (trad. Chambry, 1927)/La Puce et le Bœuf

Pour les autres éditions de ce texte, voir La Puce et le Bœuf.

Traduction par Émile Chambry.
FablesSociété d’édition « Les Belles Lettres » (p. 155r).
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LA PUCE ET LE BŒUF


Un jour la puce faisait au bœuf cette question : « Que t’a donc fait l’homme pour que tu le serves tous les jours, et cela, grand et brave comme tu l’es ? Moi, au contraire, je déchire impitoyablement sa chair et je bois son sang à pleine bouche. » Le bœuf répondit : « J’ai de la reconnaissance à la race des hommes ; car ils m’aiment et me chérissent, et me frottent souvent le front et les épaules. — Hélas ! reprit la puce, pour moi ce frottement qui te plaît est le pire des malheurs, quand il m’arrive par hasard d’être prise entre leurs mains. »

Les fanfarons de paroles se laissent confondre même par un homme simple.