Fables d’Ésope (trad. Chambry, 1927)/La Belette et le Coq

Pour les autres éditions de ce texte, voir La Belette et le Coq.

Traduction par Émile Chambry.
FablesSociété d’édition « Les Belles Lettres » (p. 8r-9r).
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LA BELETTE ET LE COQ


Une belette, ayant attrapé un coq, voulut donner une raison plausible pour le dévorer. En conséquence elle l’accusa d’importuner les hommes en chantant la nuit et en les empêchant de dormir. Le coq se défendit en disant qu’il le faisait pour leur être utile ; car s’il les réveillait, c’était pour les rappeler à leurs travaux accoutumés. Alors la belette produisit un autre grief et l’accusa d’outrager la nature par les rapports qu’il avait avec sa mère et ses sœurs. Il répondit qu’en cela aussi il servait l’intérêt de ses maîtres, puisque grâce à cela les poules leur pondaient beaucoup d’œufs. « Eh bien ! s’écria la belette, tu as beau être en fonds de belles justifications, moi je ne resterai pas à jeun pour cela, » et elle le dévora.

Cette fable montre qu’une mauvaise nature, déterminée à mal faire, quand elle ne peut pas se couvrir d’un beau masque, fait le mal à visage découvert.